Quatre ans après l'acquisition du "statut avancé" auprès de l'Union européenne, le Maroc consolide son ancrage démocratique au Vieux Continent en devenant le premier pays hors de l'espace européen à obtenir le statut de "partenaire pour la démocratie" du Conseil de l'Europe. -(Par Nour Eddine HASSANI)-.
Cette nouvelle distinction a été obtenue après l'adoption à l'unanimité par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, (APCE), lors d'une séance plénière mardi à Strasbourg (France), d'une résolution octroyant ce partenariat exceptionnel au Parlement marocain. En votant ce texte à 122 voix pour sur les 124 exprimées, l'Assemblée des 47 pays reconnaît que "le Parlement, les forces politiques, les agents de l'Etat et publics et la société civile marocaines partagent largement les objectifs du partenariat pour la démocratie qui vise à renforcer la démocratie, l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans le pays". Au moment où les peuples d'un certain nombre de pays arabes et méditerranéens expriment clairement le souhait d'acquérir des droits politiques et sociaux fondamentaux, l'APCE "estime important que le Maroc, qui a des institutions politiques et des traditions de pluralisme politique bien établies, reste sur la voie d'une évolution démocratique", selon les termes de la résolution. Quatre jours après l'annonce par SM le Roi Mohammed VI de la tenue d'un référendum constitutionnel, le 1er juillet, l'APCE s'est félicitée du nouveau projet de constitution qui permettra de consolider la démocratie, le respect des droits de l'homme et l'Etat de droit. La nouvelle constitution marocaine "constitue une importante étape vers la consolidation des principes de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du droit", a souligné l'Assemblée dans sa résolution, amendée pour la circonstance, pour tenir compte de la nouvelle annoncée dans le discours royal du 17 juin. Le vote de la résolution a été donc perçu par les présidents des deux chambres du Parlement marocain comme un "signal fort" et une "véritable marque de confiance" crédibilisant les réformes en cours au Maroc. C'est un "signal fort pour soutenir et accompagner les profondes réformes qu'entreprend le Maroc depuis plus d'une décennie, et que couronne la nouvelle constitution", dira, pour sa part, Mohamed Cheikh Biadillah, président de la Chambre des Conseillers, à l'issue du vote. Le signal est d'autant plus fort qu'il intervient à un "moment historique de l'évolution des institutions marocaines vers une réelle transition démocratique", à travers une nouvelle constitution intégrant des "avancées démocratiques audacieuses", a relevé M. Abdelwahad Radi, président de la Chambre des Représentants, à l'adresse des parlementaires européens. Pour Mlvut Cavusoglu, président de l'APCE, ce vote est un "moment historique" pour l'assemblée paneuropéenne qui pourrait être comparé à la chute du mur de Berlin. "Maintenant que le Maroc est devenu notre premier partenaire pour la démocratie, le Conseil de l'Europe acquiert une dimension nouvelle. Une dimension qui peut être comparée à ce que nous avons vécu après la chute du mur de Berlin", a-t-il affirmé. L'octroi de ce nouveau statut au Maroc inaugure don une nouvelle ère entre le nord et le sud de la Méditerranée. Une ère où seront brisés les "murs" symboliques "d'incompréhension et de préjugés" de part et d'autre. Ce statut est une preuve de la clairvoyance de l'APCE qui a anticipé l'importance de rehausser le niveau de coopération avec les voisins les plus proches, comme il constitue une reconnaissance des "réformes ambitieuses entreprises par le Maroc durant les dernières années", a ajouté M. Cavusoglu. En vertu de cette résolution, applicable dès son adoption, le Parlement marocain est invité à désigner une "délégation de partenaire pour la démocratie" constituée de six membres titulaires et de six membres suppléants afin de participer aux sessions et différents travaux de l'Assemblée, mais sans pour autant pouvoir voter. Le Maroc, qui siège déjà dans deux organes du Conseil de l'Europe -la Commission européenne pour la démocratie par le droit (plus connue sous le nom de la Commission de Venise) depuis 2007, et au Centre européen pour l'interdépendance et la solidarité mondiale (Centre Nord-Sud) depuis 2009- renforce davantage sa coopération avec l'instance paneuropéenne en devenant son "partenaire pour la démocratie".