Chema Gil, un écrivain-journaliste espagnol spécialiste des questions liées au terrorisme, a mis en évidence, jeudi à Washington, le soutien matériel et humain qu'apportent des éléments du polisario à l'organisation terroriste d'Al Qaida dans le Maghreb Islamique (AQMI). "AQMI, qui finance ses activités criminelles tout au long du Sahel en recourant au trafic d'armes et de drogues et aux enlèvements, compte sur l'appui des éléments qui ont appartenu, ou appartiennent toujours aux milices du front polisario", a dénoncé Chema Gil, lors d'une conférence sur le terrorisme en Afrique du Nord, tenue au siège de l'institut de réflexion américain "Council on Foreign Relations". "Il ne s'agit pas là de simples spéculations, mais bien de preuves accablantes", a souligné le conférencier, rappelant dans ce contexte l'arrestation, il y a six mois par les forces de sécurité maliennes de six membres d'un réseau de trafic de drogue qui appartiennent au polisario. Et de préciser que ces individus "formaient un des trois groupes les plus importants en charge du trafic de drogue entre la région du Sahel et l'Europe". Une opération similaire menée en Mauritanie avait abouti à l'arrestation d'un autre groupe de trafic de stupéfiants. Les personnes appréhendées au Mali et en Mauritanie avaient en partage leur relation avec le polisario et AQMI, a-t-il fait observer. Chema Gil a souligné en outre que "le polisario, qui est une création artificielle de l'Algérie, est dominée par une dictature dont le seul souci est la défense de ses propres intérêts au détriment des aspirations des populations des camps à une vie meilleure". Le journaliste espagnol a aussi rappelé "l'appui historique" apporté au polisario par le dirigeant libyen Mouammar Khaddafi, qui en "ces temps de guerre civile" dans son pays, "réclame l'aide du polisario", ajoutant que celui-ci lui "envoie des mercenaires, à travers le territoire algérien" en guise de reconnaissance des faveurs passées. A ce propos, Chema Gil note que "l'Algérie tente de dire au monde qu'elle ignore les activités du polisario, mais toute personne raisonnablement informée sait qu'aucune activité du polisario n'échappe à la vigilance du régime algérien". L'option hautement périlleuse d'indépendance dans le Sahara, a-t-il d'autre part mis en garde, "accoucherait d'un état en faillite dont le sort serait entre les mains des terroristes, à l'image de ce qui s'est passé en Afghanistan avec toutes les conséquences que nous connaissons aujourd'hui". Rappelant l'objectif assigné à AQMI par le fondateur d'Al Qaida, Oussama Ben Laden, le spécialiste espagnol a indiqué que "le diagnostic est très clair à ce propos : Les jihadistes d'AQMI feront tout pour déséquilibrer l'ensemble du Maghreb". Et de mettre en garde que "cet objectif est géographiquement à leur portée: Attaquer le Maroc, l'Espagne et ensuite l'Union Européenne, en plus des intérêts américains et de leurs alliés en Méditerranée". "Il est clair, a estimé enfin Chema Gil, que le différend sur le Sahara ne peut et ne doit pas aboutir à la création d'un Etat de non droit, à plus forte raison quand on connait les liens avérés entre le polisario et AQMI et l'émergence d'un front du jihad qui appelle à reprendre les armes".