Avec son forum pour la paix, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde, dont la 17-ème édition se tiendra du 3 au 12 juin, s'impose comme un "Davos culturel", plus que jamais utile, à l'heure du "printemps arabe" et la grogne sociale qui a gagné même l'Espagne, écrit samedi le journal français +Le Figaro+. Ce rendez-vous d'intellectuels, d'artistes mais aussi de financiers et d'hommes politiques venus du monde entier "n'a cessé de se développer" au fil des éditions de ce festival où "on chantera la foi sous toutes ses formes, des discussions informelles entre musulmans, juifs, chrétiens et laïques auront l'ambition de servir de +think-tank+ préalables à d'éventuels accords". Par le biais de la culture et de cette interrogation: "Quelle âme pour la mondialisation?", membres de l'Unesco, de la Banque mondiale, de l'Union pour la Méditerranée, émissaires diplomatiques, hommes d'églises et philosophes seront, en effet, invités à formuler "un message de paix commun et actuel", soulève la publication, sous le titre "Un +Davos culturel+ à Fès". Pour Le Figaro, l'urgence à réussir un tel "Davos culturel" s'est imposée de la manière la plus manifeste le 28 avril, "quand, lors de la conférence de presse organisée au Palais du Luxembourg, siège du Sénat français à Paris, pour lancer le festival, on apprenait que Marrakech venait d'être frappée par un attentat". "La seule réponse à toute forme d'extrémisme se trouve dans le dialogue et la curiosité pour l'autre", souligne, à cet égard, le directeur de ce festival, Faouzi Skali. "Fès est l'héritière de la civilisation arabo-andalouse dans laquelle différentes cultures et religions savaient vivre ensemble. Est-ce que cela a été une exception historique ou saurons-nous retrouver cette symbiose? Le festival milite dans ce sens, ce n'est pas qu'un événement patrimonial", soutient-il. Des personnalités aussi différentes que Wim Wenders, Yann Arthus-Bertrand, Jacques Attali, Jean-Claude Carrière, Edgar Morin, Katherine Marshall ou encore Leila Shahid ou Rajmohan Gandhi "l'ont bien compris", selon Le Figaro. On les croisera, estime-t-il, cette année parmi les simples touristes venus écouter les chanteurs Youssou N'Dour, Abd Al Malik, Ben Harper et bien d'autres venus de l'Italie baroque ou des steppes du Rajasthan. Françoise Atlan chantera avec la Palestinienne Moneim Adwan. Se produiront également Julia Boutros (Liban), Homayoun Sakhi (Afghanistan), l'ensemble Paraguay Barroco d'Asuncion, Farid Ayyaz, les grandes voix des confréries soufies et l'ensemble Syubbanul Akhyar (Indonésie). Commentant cette affiche, Christian Cambon, président du groupe d'amitié France-Maroc au Sénat, s'est dit convaincu que "le Festival de Fès, manifestation pacifique, empreinte de culture et de spiritualité", est la meilleure réponse que l'on puisse apporter "à la violence aveugle". "Il offre la possibilité de montrer combien le Maroc se trouve au carrefour de l'Orient et de l'Occident, des religions et des courants de pensée", dit-il.