Des avocats ont tenu mercredi à Rabat une conférence de presse pour jeter la lumière sur les procès intentés pour injures et diffamation contre le journal "Al Massae" et son directeur de publication Rachid Nini. Lors de cette conférence placée sous le thème "pour un Etat de droit garantissant l'exercice de la liberté responsable et préservant la dignité du citoyen", les participants ont affirmé qu'ils sont pour la liberté d'expression et de presse, dans un cadre responsable et dans le respect de la déontologie et de la dignité humaine. Me Mohamed Ziane, du barreau de Rabat, a indiqué qu'il a été victime d'accusations non fondées publiées par Al Massae, rappelant que le journal a refusé d'exécuter une décision de justice portant sur l'indemnisation de quatre substituts du procureur Roi dans la ville de Ksar El Kebir. Ces quatre personnes, victimes d'injures et de diffamation par Al Massae ont subi en 2008, ainsi que leurs familles, de graves préjudices qui n'ont pas encore été réparés puisque le jugement n'a pas été exécuté de même que les victimes n'ont même pas récupéré les frais de justice, a rappelé Me Ziane. Al Massae a également refusé de publier le jugement et de présenter ses excuses aux victimes, a-t-il déploré. M. Ziane a rappelé, qu'en date du 3 novembre 2008, une décision de justice portant sur la saisie d'une somme de 153.790 DH d'un compte bancaire d'Al Massae a été rendue, suivie de la saisie d'une somme de 3.379.000 DH d'un autre compte du journal, ajoutant que ces décisions n'ont eu aucun effet puisque la saisie a été levée par la suite sur les deux comptes. Il a également fait savoir qu'il a décidé dorénavant de défendre toute personne victime d'injures et de diffamation, de mensonges et de faits non avérés publiés par la presse. Me Ziane a estimé, dans ce sens, que "la dignité des citoyens l'emporte sur la liberté, étant donné que les individus peuvent faire des concessions sur leur liberté et jamais sur leur dignité". Pour sa part, Me Abdelfattah Zahrach, du barreau de Rabat, a rappelé qu'il avait déposé le 28 mars dernier une plainte à Casablanca contre Rachid Nini pour injures et diffamation, dans un article où le journaliste l'accuse d'avoir joué le rôle du parquet dans la défense de personnes poursuivies dans des affaires de terrorisme. Après avoir affirmé qu'il croit en la liberté de la presse et d'expression, du droit d'accéder à l'information et de la commenter, Me Zahrach a indiqué que juste après la publication de l'article incriminé qui l'a qualifié d'injurieux et attentant à sa personne et à sa famille ainsi qu'à la réputation de son cabinet, il a réclamé à Nini de lui présenter ses excuses. Comme ce dernier a refusé de lui présenter ses excuses, Me Zahrach a fait savoir qu'il était contraint de recourir à la justice. De son côté, Me Saad Sahli, avocat au barreau de Rabat, a estimé que Al Massae et Rachid Nini sont responsables de la prolifération des affaires de diffamation au Maroc, faisant savoir qu'il plaide dans 32 affaires d'injures et de diffamation dans lesquelles est poursuivi Nini. Il a en outre indiqué que Nini a déposé 15 plaintes contre le journal "Annahar Al Maghribia" et 5 autres contre "Assabah" dans lesquelles il réclame des sommes faramineuses contre ses collègues qui critiquent ses pratiques au moment où il fait de la surenchère, se dit victime de l'acharnement de la justice. Et d'ajouter que Nini ne rate aucune occasion pour injurier et diffamer des individus, des responsables et des institutions. Plusieurs avocats appartenant au comité de soutien de Nini ont demandé à Al Massae et à son directeur de publication de présenter des excuses pour les injures et la diffamation dont ils ont été victimes, mais Nini a refusé sous prétexte que ceci altèrerait la notoriété du journal. Lors de cette rencontre, un avocat de l'une des familles des victimes de l'agression terroriste contre le café Argana à Marrakech et qui a déposé une plainte contre Nini pour diffamation, a affirmé que cette famille a perdu un proche et a subi un autre préjudice à travers les écrits d'Al Massae.