Une soirée gnaoua a réuni, samedi à New York dans le cadre du festival "World Nomads Morocco", les célèbres Maalems Mustapha Bakbou, Mahmoud Guinea et Hassan Zgarhi accompagnés de Hassan Hakmoun dans un concert inédit mêlant les incantations ancestrales et instruments traditionnels aux claquettes synchronisées. Par Bouchra Benyoussef Ce concert organisé dans le cadre de la 4ème édition du festival placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, s'est déroulé en présence de l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, M. Mohamed Loulichki, de nombreux représentants permanents auprès de l'Organisation mondiale, de personnalités du monde des arts et des médias ainsi que de la communauté marocaine établie aux Etats-Unis. Hassan Hakmoun, artiste maroco-américain et symbole de la culture Gnaoua aux Etats-Unis a tenté une expérience inédite en proposant aux musiciens de porter des claquettes sur la scène du "Florence Gould Hall" du French Institute Alliance Française (FIAF), initiateur de la 4ème édition du festival en partenariat avec l' "Association Essaouira-Mogador" et la "Fondation Esprit de Fès". Les musiciens gnaoua ont troqué leurs babouches pour des chaussures à claquettes, amplifiant les rythmes envoutants de cette musique mystique et sacrée, souvent entourée de rituels thérapeutiques lors de "lila" spéciales strictement réservées aux fidèles. Un moment fort, original et inattendu, le son des crotales métalliques mêlé a celui des claquettes comme un rappel des "bruits des chaînes des esclaves et les origines africaines de musiques qui ont voyagé par delà les océans et les continents". Habitués et amateurs ont été séduits par cette procession des plus originales sous la direction artistique de Hassan Hakmoun, visiblement ému par une audience très réceptive. "Cela fait 20 ans qu'un concert Gnaoua ne s'est pas produit à New York", a déclaré cet artiste établi à Brooklyn. "C'est la New York +touch+. Hassan Hakmoun a innové et introduit une nouvelle note de modernité au répertoire traditionnel classique", a souligné Neila Tazi directrice de l'Agence A3 Communication, productrice du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d'Essaouira, partenaire de cette soirée new yorkaise. Neila Tazi venue présenter le festival et la culture gnaouie au public américain dans le cadre d'un face à face avec l'anthropologue américaine Deborah Kapchan, auteur d'un ouvrage sur les Gnaouas intitulé "Travelling spirit masters, moroccan gnawa transe". +DECOUVRIR MOGADOR C'est un univers musical nouveau pour le public New Yorkais, a souligné Zeyba Rahman, Commissaire du festival. Les artistes gnaoua "ont su aller vers lui et communiquer, dès le lever de rideau, la magie de cette musique éternelle". Arrivés en procession haut en couleur, aux sons des Qraqeb, Guembri et Tabals, les artistes qui jouaient à guichet fermé, ont entraîné le public dans des incantations nostalgiques, festives et dansantes, ponctuées parfois de notes d'humour, cassant avec cette rigueur classique. Chacun essaiera de se retrouver dans ce style musical très particulier, qui croyant reconnaître du "Funky", en référence à la musique noire soul, du Blues, ou encore une touche de reggae. Très applaudis, les Maalems Mustapha Bakbou de Marrakech et Mahmoud Guinea d'Essaouira, ont interprété différents répertoires musicaux dont "Mimoun Saad Yamou" , un chant à la gloire de leurs ancêtres africains et en hommage à Sidna Bilal ou encore "Foulani Baba Sidi", qui explore l'univers mystérieux et secret de cette confrérie dont la musique se perpétue de génération en génération. Hassan Hakmoun a enchaîné avec "Shalaba", apportant des notes contemporaines à la tradition musicale classique, en fusionnant avec le compositeur et percussionniste américain Adam Rudolph qui jouait du cajon, un instrument afro-péruvien. "J'ai été vraiment impressionné par le Concert", a dit à la MAP, Jon Pareles du "New York Times". "J'aurais souhaité simplement qu'il dure toute la nuit", a ajouté le célèbre critique de musique populaire au sein du journal new yorkais. "C'est un avant-goût du festival gnaoua d'Essaouira", prévu du 23 au 26 juin prochain, dira Neila Tazi, invitant le public à aller à la découverte de Mogador et de s'initier à cette "expérience unique".