Des personnalités politiques, des intellectuels et des responsables d'institutions internationales se sont réunis, mardi à Dakar, dans le cadre d'un colloque international en hommage au Professeur Amadou Mahtar Mbow, ancien directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture (UNESCO, 1974-87). A l'ouverture de cette manifestation, initiée à l'occasion de la célébration des 90 ans de Mahtar Mbow, d'éminentes personnalités du Sénégal et d'autres pays ont tenu à témoigner de la vie et de l'œuvre du Pr. Mbow, particulièrement lors de son remarquable passage à la tête de l'UNESCO où il avait défendu la cause des pays du sud et lutté pour la consécration de la culture arabo-islamique. Prononçant la leçon inaugurale de ce colloque intitulé "Amadou Mahtar Mbow : un combat pour l'Afrique, un destin pour l'humanité", l'espagnol Federico Mayor Zaragoza a indiqué que son prédécesseur à la tête de l'Unesco est un "grand Monsieur de ce monde" qui s'est distingué par sa pensée pionnière et son militantisme de conviction pour un monde plus équitable et juste. Federico Mayor a longuement évoqué le passage du premier africain à la tête de l'Unesco marqué par des acquis sur plusieurs plans. Il a cité, entre autres, l'éducation et les sciences comme levier de développement pour les pays du sud, les conditions de la femme, la protection de l'environnement et le nouvel ordre mondial de l'information. "Nous devons revenir sur son message de solidarité internationale, notamment son appel à mettre en œuvre effectivement la Charte des Nations Unies", a-t-il dit. Lors de cette manifestation, d'éminentes personnalités africaines et du monde vont se succéder à la tribune pour évoquer "Le combat de Mahtar Mbow pour l'Afrique et son histoire", sa cause "pour un nouvel ordre mondial de l'information et de la communication" et sa lutte pour "l'avènement d'un nouvel ordre mondial plus humain". Et pour inscrire dans la continuité les idéaux de l'homme et commémorer son œuvre, les organisateurs de la manifestation prévoient de lancer un "prix spécial international Amadou Mahtar Mbow". Diverses manifestations culturelles et artistiques vont également ponctuer cette rencontre. Makhtar Mbow, qui est actuellement président du Cercle Sénégal-Maroc d'amitié et de fraternité (CESEMAF), avait occupé plusieurs postes ministériels au premier gouvernement de Senghor, avant la consécration à l'international, en devenant le premier africain à la tête de l'UNESCO (1974 à 1987). Makhtar Mbow entretenait depuis longtemps une grande amitié avec le Maroc qu'il considère comme sa seconde patrie. Dès sa tendre jeunesse, le Pr Mbow s'est installé au Maroc dans les années 40 avant de partir en France pour continuer ses études. Lors de son passage à l'UNESCO, le Pr. Mbow avait contribué de façon déterminante pour l'aboutissement d'un grand projet de la sauvegarde de la ville de Fès. Au terme de sa laborieuse mission à l'UNESCO, Feu SM Hassan II avait nommé le Pr. Mbow membre de l'Académie Royale du Maroc dès sa création, au même titre que Senghor, Edgard Faure et plusieurs éminentes personnalités. Après quelques années au Maroc où il avait renoué avec sa première passion de transmettre le savoir en enseignant à l'Institut Supérieur de Journalisme de Rabat, rentre au Sénégal au début de la décennie. A Dakar, il continue à s'activer dans les milieux intellectuels et dans divers domaines. Courant avril, la communauté marocaine établie au Sénégal avait organisé une cérémonie d'hommage à Mahtar Mbow à l'occasion de la rencontre annuelle "La nuit des Nations" initiée par les épouses des ambassadeurs accrédités à Dakar.