Le Parc National de Tazzekka, créé depuis 1950 dans la région de Taza, sur une superficie couvrant aujourd'hui 13.737 hectares, bénéficie actuellement de trois grands chantiers visant sa protection et son développement. .-(Par Kaddour Fattoumi)-. Ces chantiers résident dans un partenariat avec la Coopération technique allemande (GTZ) pour la gestion concertée des parcours forestiers, un projet d'adaptation à base communautaire au niveau du Douar Sidi Majber et un programme ambitieux d'éducation à l'environnement, selon M. Brahim Ismaili, ingénieur responsable du Parc. La problématique de la gestion des parcours dans la zone du parc, est au cœur des préoccupations pour la protection des ressources naturelles. Le parc est en effet exploité par une population estimée à 10.000 habitants. Cette exploitation pour des besoins fourragers et domestiques exerce une pression importante sur les ressources naturelles de la zone du parc. C'est pour cette raison que l'idée d'un montage de projet d'organisation de l'utilisation des parcours est survenue, selon le responsable du parc. Grâce à l'assistance technique et logistique de la GTZ dans le cadre du projet global à l'échelle nationale PRONA-LCD (Protection de la Nature et Lutte Contre la Désertification), des ateliers auxquels ont participé les éleveurs des différents douars de la zone ont été organisés en vue d'élaborer une vision intégrée et des solutions appropriées à la problématique de l'utilisation des parcours et des ressources naturelles. Ce processus participatif a permis d'élaborer quatre projets complémentaires adaptés aux problèmes spécifiques des secteurs sensibles du Parc : un projet à Bâb Azhar et deux projets à Chikker. Le secteur de Bâb Azhar est caractérisé par une pression sociale continue par le biais des pâturages et du ramassage du bois. Dans le secteur de Chikker, l'alimentation du cheptel est assurée par les ressources fourragères provenant, essentiellement, des parcours forestiers et l'ébranchage du chêne vert. Le quatrième projet concerne l'ensemble des douars de la zone du Parc national de Tazzekka. Il vise l'organisation des éleveurs dans un groupement détaché à l'ANOC (Association nationale ovine et caprine) en vue d'améliorer les pratiques traditionnelles d'élevage tout en diminuant sa dépendance vis-à-vis des ressources sylvo-pastorales. Ce projet comporte trois composantes en l'occurrence les activités génératrices de revenu, l'élaboration d'une étude sur un schéma d'organisation des parcours forestiers et la création d'un groupement détaché à l'ANOC. Le projet d'adaptation à base communautaire au niveau du Douar "Sidi Mejbar" compte parmi neuf projets pilotes similaires à travers le Maroc, selon le responsable du parc. Sidi Mejbar est un petit village de 350 habitants, situé au pied des montagnes du Moyen Atlas, à une altitude de 1200m. C'est un village limitrophe du parc et dont les principaux moyens de subsistance du Sidi Mejbar sont l'élevage et l'agriculture vivrière. Ce projet vise à renforcer la résilience de l'écosystème local et à renforcer les capacités d'adaptation de la communauté de Sidi Mejbar face aux changements climatiques. Les principales actions de ce projet consistent en la plantation expérimentale du vétiver, la plantation des arbres fruitiers, l'installation d'un système d'irrigation goutte à goutte, la formation sur la gestion conservatoire des eaux et sols, sur les pratiques agricoles résilientes et sur la valorisation des produits terroirs et l'équipement et la formation des femmes en apiculture. Les partenaires financiers de ce projet sont les eaux et forêts, la GTZ, le Corps de la paix, le département de l'agriculture, et le Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD). L'autre programme ambitieux concerne l'éducation à l'environnement. Le parc national de Tazekka constitue un support pédagogique pour développer la prise de conscience de l'homme envers la nature. L'état actuel du programme d'éducation à l'environnement se résume dans la création d'un comité multi partenarial fonctionnel pour cet objectif au parc national, la création d'environ 40 clubs d'environnement, la dynamisation de l'association Tazekka pour l'éducation à l'environnement et d'un groupe d'animateurs formé et sensibilisé en matière d'éducation à l'environnement et des circuits thématiques avec l'habitat architectural traditionnel de Sidi Mejbar et les mouflons qui peuplent la zone protégée de Tazzekka. D'autres projets relèvent de la compétence des eaux et forêts. Il s'agit d'un projet signalétique et des projets d'entretien des sentiers pédestres, de régénération de chêne liège, d'exploitation du liège et d'entretien des pistes forestiers. Le parc national de Tazzekka, destiné au début de sa création à la sauvegarde de la cédraie du Djbel Tazzekka, se caractérise par sa foret luxuriante, sa biodiversité florale et faunique (cerfs et mouflons) et peut, de ce fait, offrir un espace paradisiaque pour le développement du tourisme écologique. Ce joyau de la nature, englobe, en plus de formations forestières d'intérêts biologiques, écologiques et économiques, le célèbre gouffre du " Friouato ", le plus profond de l'Afrique du Nord, qui peut constituer une destination prisée pour les amateurs de la spéléologie et des aventures des profondeurs.