La Commission consultative sur la révision de la constitution (CCRC) a poursuivi, jeudi à Rabat, ses réunions avec les partis politiques pour écouter leurs propositions et visions sur les réformes constitutionnelles, en rencontrant les représentants du Parti du Renouveau et de l'Equité (PRE) et du Parti Marocain Libéral (PML). Dans une déclaration à la presse, le secrétaire général du PRE, Chakir Achahbar, a indiqué que le mémorandum présenté par son parti insiste sur le fait que la nouvelle Constitution marocaine se doit d'être une constitution du XXIème siècle, "avant-gardiste, moderniste, démocratique et équitable envers tous les Marocains", incluant "une séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et une séparation des pouvoirs entre l'Etat et les régions, étant donné que chaque région a le droit de voir ses affaires gérées par ses fils". Ce droit à la gestion "se doit d'être le même droit à la régionalisation pour tous les Marocains qu'ils soient au Sahara, au Rif ou en Atlas", a-t-il ajouté, soulignant que son parti a plaidé pour l'inclusion de termes clairs relatifs aux droits et libertés à garantir à tous les Marocains sans exception, afin que la politique de l'Etat prenne en considération ces droits dans leurs volets politique, civil, social, culturel et économique". Et d'ajouter que ces droits inclus le droit à un logement digne, à la santé, à l'éducation, qui doivent figurer clairement dans la nouvelle constitution pour que "chaque gouvernement prenne en considération les orientations de la constitution et les instaure en tant que bases de ses politiques sociale, économique et culturelle". D'autre part, M. Achahbar a mis l'accent sur la nécessité de "faire de la langue amazighe et du dialecte marocain deux langues officielles". Le mémorandum, présenté par le parti lors de cette réunion, met aussi l'accent sur la préservation de l'unité nationale et territoriale et la consécration effective de la sécurité judiciaire et des droits individuels et collectifs ainsi que l'indépendance effective de la justice, a-t-il poursuivi. Pour sa part, le coordinateur national du PML, Mohamed Ziane, a indiqué, dans une déclaration similaire, que son parti a proposé "l'élargissement des prérogatives du parlement et que les jugements soient prononcés au nom du Royaume du Maroc". Le PML a également proposé de renouveler l'article 19 de la Constitution, que le gouvernement soit responsable uniquement devant le parlement et que ce dernier soit composé d'une seule chambre", a-t-il dit. S'agissant des libertés, M. Ziane considère qu'"en plus des droits humains, tels que reconnus universellement, la nouvelle Constitution devra évoquer les droits économiques, culturels, écologiques et politiques" , affirmant que "ces droits sont un comportement civilisé basé sur la réalisation de la dignité humaine". "Il est temps de mettre en place une police judiciaire indépendante de la direction de la sûreté nationale", a-t-il estimé. Selon un document préliminaire présenté par le PML à la commission, "le parti juge préférable de ne pas citer de langue (officielle) dans la Constitution du fait que le Royaume dispose de plus d'une soixantaine de dialectes régionaux". Pour ce parti, "il est impossible d'appliquer le principe de désignation du Premier ministre parmi le parti arrivé en tête des législatives, car ceci est en contradiction avec les principes de la démocratie du fait que ce parti pourrait ne pas avoir la majorité parlementaire". La Commission consultative de révision de la Constitution a entamé lundi dernier l'écoute des partis politiques et des syndicats pour présenter leurs visions et conceptions concernant la révision de la Constitution. Ces réunions interviennent en application des Hautes orientations contenues dans le discours royal du 9 mars, invitant la CCRC à adopter une méthodologie d'écoute et de concertation avec toutes les instances et potentialités qualifiées, dont les partis politiques et les organisations syndicales. Ces séances, qui se poursuivront jusqu'au 7 avril, seront suivies d'autres réunions similaires avec les organisations de jeunes et les acteurs associatifs, culturels et scientifiques qualifiés.