Le Parti de la Réforme et de l'Equité (PRE) a tenu son premier Congrès national le 13 janvier dernier. Chakir Achahbar a été réélu à la présidence. Il se prononce dans cette interview sur les choix de son parti à quelques mois des élections législatives. La Gazette du Maroc : Quelles ont été les grandes décisions prises lors du dernier Congrès du PRE ? Chakir Achahbar : Tout d'abord, nous avons harmonisé nos statuts avec la loi sur les partis. Ensuite, après l'examen du rapport moral et financier, nous avons une nouvelle ligne politique qui s'inscrit dans la continuité. Enfin, nous avons procédé au renouvellement de nos instances dirigeantes. Vous avez été réélu président du PRE à l'unanimité et vous étiez le candidat unique. Pourquoi ? C'est justement un de mes regrets. J'aurais aimé que d'autres candidats se présentent pour la présidence. Mais le président du congrès a estimé, devant le silence de la salle, que le vote aura lieu par acclamation et non, comme cela est prévu dans les statuts, par vote secret. Qu'en est-il des alliances en préparation des élections législatives ? Depuis quelques mois, le PRE et le Parti de l'Environnement ont entamé un rapprochement stratégique avec le Mouvement populaire. Cette initiative est toujours d'actualité. Si tout se passe bien, nous nous acheminons vers une union, telle qu'elle est définie dans la loi sur les partis. Il ne s'agit pas d'une fusion, mais d'un rassemblement dont le noyau dur sera le MP. Ce type d'union est-il finalement la seule issue pour les petits partis bloqués par la loi sur les partis? Vous savez que la loi nous oblige à nous unir avec un parti ayant obtenu plus de 3 % aux élections de 2002 ? Au moment de l'examen de cette loi au Parlement, nous étions six nouveaux partis à contacter, par écrit, le Premier ministre pour lui demander d'apporter un amendement permettant, justement, à ces partis de créer une union entre eux. Ces six formations ayant obtenu en 2002, 9 % des voix. Mais le gouvernement n'a rien voulu entendre, préférant nous marginaliser et créer par la suite une pagaille lors des élections. Nous espérons maintenant que le Conseil Constitutionnel nous rende justice. Vous parlez de pagaille. Pourquoi ? Car conformément à la loi, il faut que nous allions à la pêche aux signatures. Il suffit qu'un individu signe dans deux listes, pour que ces dernières soient annulées. C'est la porte ouverte aux sabotages. Sans parler de la corruption qui risque de sévir lors de la sollicitation des signatures. Nous avons eu un avant-goût lors des consultations du 8 septembre 2006. Justement, avez-vous participé à ces consultations ? Le PRE a présenté trois candidats. L'un d'eux a été élu dans le collège des collectivités locales dans la région de Taza-Hoceima-Taounate. Mais figurez-vous que, dès son élection, il a démissionné du PRE pour rejoindre le RNI. C'est totalement illégal. Pourtant, le RNI l'a débauché et a privé le PRE d'un parlementaire. J'ai personnellement contacté le président de la deuxième Chambre, Mustapha Oukacha et le président du RNI, Ahmed Osman, pour qu'ils reviennent sur leur décision. Ils n'ont rien voulu entendre. Qu'allez-vous faire, maintenant ? Nous allons poursuivre en justice non seulement le candidat mais également le RNI. Car la loi sur les partis est claire. Tous les deux sont fautifs. Cette affaire est un test pour l'Etat et ces personnes sont censées veiller au respect de la loi et non pas à sa violation. Revenons au MP. Pensez-vous avoir fait le bon choix en vous alliant avec lui ? Le MP est à la fin d'un cycle. Malgré tous les problèmes qu'il a connus, il s'agit de la première force politique au Maroc, qui est sous-représentée au gouvernement. Je pense sincèrement que le MP, accompagné des autres partis qui se sont alliés à lui, a la capacité de mener la prochaine majorité. L'union est ouverte. D'ailleurs, le MDS également a fait le même pas. Que pensez-vous du bilan gouvernemental ? Le bilan n'est pas du tout reluisant. A ce titre, je pense que le bilan du gouvernement doit être assumé par la Koutla car elle se considère comme la majorité de la majorité. C'est pour cette raison qu'on assistera lors de prochaines élections à des votes-sanctions. Si après les élections, le MP décide de constituer un gouvernement avec la Koutla, seriez-vous déçus ? Je ne serais pas déçu, si le MP et les partis qui composent notre union, dirigent le prochain gouvernement. Quels sont les points forts du programme politique du PRE ? Je citerais trois points essentiels. D'abord, la lutte contre l'abstentionnisme électoral. Ensuite, l'instauration d'une gestion de la chose publique basée sur l'impact qu'elle a sur les plus défavorisées. Et enfin, la promotion de la régionalisation au Maroc, en ce sens que le PRE est un parti régionaliste. Quelques mots sur ce denier point ? La régionalisation telle que nous la concevons doit tendre vers une autonomie pour les régions naturelles du royaume. J'entends par cela que la région doit se déterminer elle-même. Par un vote référendaire et non par une décision administrative. Les populations choisiront la délimitation géographique de leur région et les niveaux d'autonomie qu'elles sont capables d'assumer. C'est pour cette raison que nous exhortons le Souverain d'aller en avant dans le projet d'autonomie du Sahara et dans le reste du pays. Vous pensez que les populations sont prêtes à recevoir ce genre de projets ? Absolument. Mais rien ne doit se faire dans la précipitation. Il faut commencer par créer des élites régionales, en encourageant les gens à s'installer hors de Rabat. Ensuite, mettre en place un planning pour la déconcentration et la décentralisation des pouvoirs centraux vers les instances régionales. Vous pensez aux conseils régionaux ? Pas seulement. Le wali peut jouer le rôle d'exécutif régional à condition qu'il rende compte de son action auprès des élus et des populations. Parcours :