Une journée d'étude sur le thème "la politique linguistique au Maroc : réalités et perspectives" a été organisée, samedi à Rabat, à l'initiative du Parti du Renouveau et de l'Equité (PRE). Cette journée constitue une occasion pour réfléchir sur les questions des langues et la situation linguistique au Maroc, ainsi que pour contribuer au débat national qui consiste à identifier les grands axes de la politique linguistique au Maroc, a affirmé le président du PRE, M. Chakir Achahbar lors de cette rencontre. Dans une déclaration à la MAP, M. Achahbar a estimé "nécessaire que la politique linguistique de l'Etat puisse permettre à tous les Marocains de s'approprier une langue d'ouverture et de s'intégrer dans la société du savoir". Pour sa part, M. Ahmed Assid, chercheur et philosophe, a indiqué à la MAP que cette rencontre est d'une grande importance car elle est organisée à un moment où le conseil supérieur de l'Enseignement se penche ces derniers mois sur le statut des langues dans le système éducatif marocain. Une meilleure politique linguistique requiert de donner à chaque langue un statut selon sa fonction, a-t-il dit, considérant qu'il faut "une véritable réforme du système éducatif à même de promouvoir l'enseignement des langues". Pour sa part, M. Abdelghani Aboulaazm, professeur universitaire, a indiqué qu'"il aura fallu attendre 40 ans pour mettre en oeuvre une Charte Nationale d'Education et de Formation, en vue de mettre la lumière sur la politique linguistique au Maroc", soulignant que toute vision sur le système éducatif doit être basée sur une planification linguistique, surtout dans une société caractérisée par une diversité linguistique. "La planification linguistique permet de mieux connaître la réalité linguistique, de promouvoir les relations sociales et économiques et de gérer d'une manière rationnelle la politique linguistique", a affirmé M. Aboulaazm, ajoutant que la diversité linguistique est l'une des composantes de l'identité marocaine. "Il est impossible de parler du progrès d'une langue sans parler de sa relation avec l'économie et le développement", a-t-il dit. Il s'agit en fait d'adopter une politique linguistique qui répond efficacement aux besoins socioculturels de la population, ainsi qu'à ses légitimes aspirations à un développement durable et équitable, ont souligné les participants à cette journée d'étude. Cette politique doit être déployée dans le système éducatif ainsi que dans les espaces de la communication publique prenant en considération, notamment, la nouvelle dynamique que connaît l'arabe dialectale dans la société marocaine et l'engagement politique de réhabiliter la langue tamazight dans son rôle de langue nationale et de composante essentielle de la culture et de l'identité marocaine, ont-ils ajouté. Le bilan de la politique d'arabisation de l'enseignement, de l'administration et de la justice, les réformes nécessaires qu'implique une évaluation honnête de ce bilan, la nécessité pour le Maroc de se doter de tous les moyens linguistiques permettant son intégration réussie à l'économie mondialisée et à la société du savoir et le projet de régionalisation avancée qui implique une plus grande marge de manoeuvre pour les pouvoirs politiques régionaux quant à la définition et à la conduite de la politique linguistique régionale, figurent également parmi ces considérations. Les axes de cette journée ont porté notamment sur "La situation linguistique au Maroc à travers les politiques publiques", "L'intégration de la langue amazighe dans la diversité linguistique au Maroc : réalisations et perspectives", "Réalités et perspectives pour la langue au Maroc", "De la darija à l'arabe médian : une révolution tranquille" et "Réalités et perspectives pour les langues d'ouverture au Maroc".