L'ambassadeur du Maroc au Canada, Mme Nouzha Chekrouni a souligné, mardi soir à Montréal, que le Maroc est engagé dans le processus de consolidation de son expérience démocratique qui vise l'ancrage d'une gouvernance politique et socio-économique. "Le Maroc est engagé dans le processus de consolidation de son expérience démocratique et d'une régionalisation élargie qui vise l'ancrage d'une gouvernance politique, économique et sociale", a indiqué Mme Chekrouni lors d'une rencontre sur l'intégration économique au Maghreb.
"L'intégration économique maghrébine s'avère de plus en plus indispensable pour relever les enjeux politiques, économiques et sociaux auxquels fait face cette région stratégique du monde, un espace géoéconomique qui partage autant de caractéristiques communes: langue, religion, histoire etc", a dit Mme Chekrouni.
Une intégration économique régionale plus poussée présenterait des avantages importants et "créerait un marché régional de plus de 75 millions de consommateurs (...) elle entraînerait aussi des gains d'efficience et rendrait la région plus attrayante pour les investisseurs étrangers", a-t-elle expliqué.
Elle a souligné, dans ce sens, que "les structures économiques complémentaires des pays du Maghreb créeraient des possibilités d'échanges qui bénéficieraient à tous les pays de la région".
Organisée par l'Ambassade du Maroc au Canada en collaboration avec le Magazine "Maghreb Canada Express", cette rencontre a connu la participation de MM. Camille Sari, spécialiste des monnaies et de la finance internationale, et Avraham Elarar, homme d'affaires canadien.
La tenue de cette conférence intervient à un moment où le Maroc et le Canada sont entrain de négocier un accord de libre échange "qui va, sans aucun doute, profiter non seulement aux deux pays amis mais également à toute la région maghrébine", a ajouté Mme Chekrouni lors de cette manifestation à laquelle ont notamment pris part Mme Souriya Otmani, consule générale du Royaume du Maroc à Montréal, M. Bernard Patry, député à la Chambre des communes à Ottawa, des représentants du milieu associatif, universitaire et de la presse ainsi que plusieurs personnalités canadiennes.
De son côté, M. Camille Sari, auteur de l'ouvrage "Algérie et Maroc: quelles convergences économiques?", a réitéré son appel à une intégration économique maghrébine, préconisant une monnaie commune pour renforcer les échanges entre les pays de la région, estimant que le développement économique et l'emploi détermineront le devenir des pays du Maghreb. M. Sari a, toutefois, souligné que dans ces pays à forte croissance démographique et jouissant d'une population jeune, des taux de croissance des PIB autour de 3 à 4 pc sont insuffisants pour résorber le chômage. Selon lui, trois voies permettront des évolutions favorables des économies des pays de l'Union du Maghreb arabe, à savoir la lutte contre la corruption, l'intégration économique maghrébine et la réduction drastique des dépenses dans le domaine militaire. En tenant compte des spécificités du Maghreb, il a appelé à une monnaie commune dans un premier temps qui cohabiterait avec les monnaies nationales, avant la création d'une monnaie unique, qui dépendra du rythme d'accélération du processus de convergences économiques et structurelles, de l'accroissement des échanges intra-maghrébins et de la volonté politique des autorités nationales en place. Pour le conférencier, le rôle d'une monnaie commune est de faciliter les échanges de biens, de services et de capitaux sans altérer le droit de battre la monnaie de chaque Etat. L'objectif est de passer d'un taux des échanges intra maghrébins de 2 pc actuellement à 40 pc, la moyenne des autres constructions régionales. Pour sa part, M. Elarar, qui a axé son intervention sur l'accord de libre-échange maroco-canadien, a indiqué que le Maroc offre des opportunités énormes et à tous les niveaux d'autant plus que le Royaume, de par sa position géographique stratégique, constitue une passerelle vers l'ensemble de la région du Moyen Orient et d'Afrique du Nord ainsi que vers l'Europe. Il a, par ailleurs, mis l'accent sur les opportunités d'investissement et de collaboration avec les firmes canadiennes, insistant sur le renforcement de l'éducation, des compétences et des ressources humaines.
"Un accord de libre-échange avec le Maroc serait une première porte pour les relations du Canada avec les pays africains", a estimé M. Elarar, soulignant que le Maroc présente des opportunités "énormes" d'investissement dans plusieurs secteurs pour les entreprises canadiennes. Une importante délégation conduite par le Premier ministre canadien Stephen Harper s'est rendue dernièrement dans le Royaume pour le lancement officiel des négociations maroco-canadiennes sur un accord de libre-échange. La visite officielle au Maroc du chef de l'exécutif canadien a été aussi couronnée par la signature de deux protocoles d'entente en matière d'éducation et de formation professionnelle, rappelle-t-on.