La concrétisation de l'indépendance de la justice, en tant qu'un des fondements de la réforme de ce secteur au Maroc, passe d'abord par son ancrage en tant que culture, a souligné, vendredi à Rabat, le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) , M. Ahmed Herzenni. Intervenant à l'ouverture du séminaire international sur la réforme du pouvoir judiciaire au Maroc, M. Herzenni a affirmé que, dans le cadre de ce processus de réforme, le CCDH estime que la question de l'indépendance de la justice devra s'ancrer, d'abord, en tant que culture, estimant à cet égard que l'indépendance de la justice est étroitement liée à la moralisation de la justice. La dynamique de la réforme de la justice a été lancée au Maroc, mais la véritable difficulté réside dans l'application de ses dispositions, laquelle requiert la mise en place des conditions appropriées dans le cadre d'un large système de réforme englobant l'ensemble des secteurs, a-t-il affirmé lors de cette rencontre organisée par le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme et la Commission internationale des juristes . M. Herzenni a également évoqué la participation remarquable de la société civile au débat ouvert depuis des mois sur cette réforme, qui a abouti à un large consensus et à des réformes qui sont venues s'ajouter au mémorandum sur la mise à niveau de la justice et le renforcement de son indépendance, présenté par le CCDH sur la base des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) dans ce domaine. Pour sa part, le représentant des parties organisatrices, M. Michel Tubiana, a affirmé que le Maroc s'est engagé dans la voie de la réforme de la justice, soutenant qu'il ne peut y avoir de société humaine sans une institution judiciaire fonctionnant de manière indépendante et équitable. La réforme de la justice est un point fondamental pour tous les peuples de la région au nord et au sud de la méditerranée, a-t-il dit, notant que cette réforme n'a pas trait uniquement à la réforme d'une institution comme les autres, mais d'une réforme qui touche au plus profond des rapports sociaux et politiques d'une société. "Lorsqu'un citoyen aura confiance dans sa justice, il n'aura pas tendance à aller voir ailleurs, à organiser sa propre justice ou à solliciter de tel ou tel intervenant de la justice un jugement à son avantage par des moyens que l'éthique et la morale réprouve", a-t-il fait observer. Ont pris notamment part à cette rencontre, le secrétaire général du ministère de la Justice, M. Ahmed Lididi, le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), M. Ahmed Herzenni, l'ancien ministre de la Justice, M. Idrissi Alami Machichi, le président du Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME), M. Driss El Yazami, la vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l'Homme, Mme Amina Bouayach et Michel Tubiana, représentant les parties organisatrices de la rencontre.