Les Français font de plus en plus confiance aux informations rapportées par leurs médias, mais estiment, paradoxalement, que les journalistes sont de moins en moins indépendants par rapport à l'influence des politiques et de l'argent, selon le Baromètre 2010 de confiance dans les médias, publié jeudi par le quotidien français +La Croix+. Selon cette étude réalisée par TNS Sofres/Logica, la radio continue de trôner en tête du paysage médiatique quant à la crédibilité de l'information qu'elle délivre sur ses ondes. Ainsi, 60 pc des Français, en particulier parmi les jeunes, lui accordent leur confiance, un chiffre en hausse de 2 points par rapport à l'année dernière. La presse écrite arrive en deuxième place avec 55 pc (+ 3 points) des opinions favorables, tandis que les avis sont partagés quant à la crédibilité de la télévision (48 pc des sondés se déclarent confiants, 49 pc méfiants). Même tendance pour l'information relatée sur les sites internet: 35 pc des Français se disent "confiants", 30 pc "méfiants" et 35 pc "sans opinion". S'agissant de l'indépendance des journalistes, les Français se montrent de plus en plus méfiants. Ils sont 66 pc (+5 par rapport à l'an dernier) à estimer que les journalistes "ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir", et 60 pc (+1) à celles de l'argent. Cette impression de "connivence" entre les journalistes et les pouvoirs, solidement ancrée dans l'opinion, constitue "un défi lancé à une profession qui s'interroge elle aussi sur son éthique", commente le journal. L'intérêt pour l'information, tous médias confondus a, quant à lui, légèrement baissé. Ainsi, 71 pc des Français (- 3 points par rapport à l'an dernier), se déclarent très ou assez intéressés par les nouvelles dispensées dans les différents médias. Seul un quart d'entre eux avoue un intérêt assez faible et 3 pc un intérêt très faible. C'est parmi les lecteurs réguliers de la presse écrite et les personnes les plus diplômées que ce goût dépasse largement la moyenne : 81 pc des premiers sont intéressés par l'information donnée dans les médias et 78 pc des seconds. Par orientation politique, les Français dont la sensibilité politique les porte vers la droite manifestent un plus grand intérêt (de 78 à 86 pc selon les partis) que les personnes votant à gauche : ces dernières sont exactement dans la moyenne du sondage. Interrogées sur les médias qu'ils privilégient pour s'informer, 80 pc des personnes sondées répondent se tourner principalement vers la télévision, contre 48 pc pour la radio, 37 pc pour la presse écrite et 23 pc pour Internet. La préférence pour la télévision s'accentue selon les catégories sociales : 89 pc chez les plus modestes, contre 61 pc chez les cadres. Concernant les perspectives d'audience des médias, les Français pronostiquent un avenir plus sombre pour la presse écrite. Ils sont 60 pc à penser qu'on l'utilisera moins dans dix ans qu'aujourd'hui. En revanche, 77 pc des sondés prévoient qu'on utilisera davantage le Web dans le futur. Même prévision pour la télévision. 79 pc des Français estiment qu'on l'utilisera davantage ou autant que maintenant dans une décennie. Quant à la radio, elle occupera une position similaire à celle d'aujourd'hui. Par ailleurs, les Français déplorent la manque de sérieux dans le traitement des principaux événements de l'année 2009. Ainsi, plus de 80 pc d'entre eux estiment que les médias ont "trop parlé" du décès de Mickael Jackson, des problèmes de santé du chateur français Johnny Hallyday ou de la grippe A, tandis que des sujets plus sérieux, comme le sommet de la FAO sur la faim dans le monde ou la possible légalisation des mères porteuses n'ont pas été assez communiqués. Le Sondage TNS-Sofres/Logica/la Croix a été réalisé les 4 et 5 janvier auprès d'un échantillon national de 1.000 personnes, représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées en face-à-face à leur domicile.