Le journal français "Le Monde" rapporte jeudi la succession d'émeutes qui ont embrasé plusieurs villes d'Algérie, traduisant la colère de la population contre la "flambée inexpliquée" des prix des produits de consommation de base dans un pays où l'Etat jouit pourtant d'une "grande aisance financière". Dans une correspondance d'Alger, le quotidien souligne que cette nouvelle protestation sociale contre la hausse des prix prend le relais d'émeutes organisées ces derniers jours dans plusieurs villes du pays pour les problèmes de logements et des emplois. "Si le recours à ce type de protestations s'est banalisé en Algérie, la simultanéité des mouvements de ces deux derniers jours a rappelé les émeutes d'octobre 1988 qui avait sonné le glas du parti unique", estime "Le Monde". A la différence "majeure qu'en 1988, les caisses de l'Etat avaient fondu". Aujourd'hui, relève-t-il, "la contestation sociale se déroule sur fond d'une grande aisance financière". En effet, l'Algérie disposait, à la fin de décembre 2010, de 155 milliards de dollars de réserves de devises, ainsi que de 48 milliards d'euros dans le Fonds de régulation des recettes. Des chiffres "connus de la populations et qui suscitent une grande frustration", souligne le journal. Selon "Le Monde", les émeutes ont éclaté dans le quartier déshérité de Bab El-Oued à Alger avant de s'étendre à d'autres quartiers de la capitale et de toucher d'autres villes du pays. A Oran, la deuxième ville du pays, le blocage des routes par des jeunes, qui ont allumé des pneus, a crée un "climat de tension conduisant les commerçants à fermer boutique". A Tipaza, des groupes de jeunes ont poursuivi leur action commencée la veille en coupant, là aussi, les routes. La hausse "spectaculaire" des prix, ceux de l'huile et du sucre ont doublé, est devenue "un motif de colère de la population", poursuit "le Monde".