L'écrivain et poète Tahar Benjelloune s'est vu remettre, lundi soir à Rabat, le Prix international de poésie "Argana" 2010, décerné par la Maison de la poésie au Maroc et la Fondation CDG, avec le soutien du ministère de la Culture. Lors d'une cérémonie au théâtre Mohammed V, animée par le groupe Nass El Ghiwane et à laquelle ont assisté des intellectuels, des créateurs, des personnalités politiques et des férus de la poésie, Tahar Benjelloune a donné lecture à ses poèmes "Janine", "Le discours du chameau" et "Pour un passeport". Dans une allocution, Benjelloune a estimé que le poète vit la dimension du temps comme s'il est dans une forêt ombrageuse où rien ne lui échappe, ajoutant qu'il s'agit de quelqu'un d'"opiniatre" qui aspire à transformer le monde avec des mots et le vécu des individus en un monde meilleur. S'il est persuadé que la poésie n'et pas en mesure de changer les individus et encore moins le monde, il n'en demeure pas moins que le poète demeure convaincu qu'elle pourrait jeter la lumière sur certaines lacunes et faiblesses des êtres humains. "Le résultat parait surprenant: de ses cendres renaît et rejaillit, tout d'un coup, +la rose+ qui trahit nos peurs et dévoile nos refoulements", a estimé Benjelloune, ajoutant que la poésie est là pour refléter la beauté de l'azur et le regard innocent d'un enfant qui ne demande rien au monde, dont il ignore tout d'ailleurs. Tahar Benjelloune, qui se remémore la décès de sa mère à laquelle il avait dédiée un roman intitulé "Sur ma mère", a tenu à déclamer des vers du regretté poète palestinien Mahmoud darwich. Il a, en outre, estimé que "seule la poésie s'éternise au moment où l'humanité aura tout oublié". Le poète Najib Khaddari a, de son côté, rappelé que les débuts de Tahar Benjelloune dans la création remontent à environ un demi-siècle et qu'il demeure une des sommités de la poésie marocaine écrite en langue française. Il a également souligné que Benjelloune représente, à l'instar d'une constellation de poètes comme Mohamed kheireddine, Abdellatif Laâbi, Mostapha Nissabouri, Mohamed Loakira et d'autres, une génération de créateurs qui ont conféré à l'imaginaire arabe et marocain l'opportunité d'emprunter le chemin d'autres langues pour découvrir la diversité des cultures et s'ouvrir sur d'autres horizons.