Le Maroc a mis en garde, mardi soir à New York, contre tout "amalgame" entre terrorisme et religion, lors de l'adoption par la 3ème commission de l'ONU d'une résolution sur la "Lutte contre la diffamation des Religions". Le "terrorisme ne peut et ne doit pas être associé à une religion, nationalité, civilisation ou ethnie", a dit le représentant permanent du Royaume auprès de l'ONU, l'ambassadeur Mohamed Loulichki, qui s'exprimait au nom de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Dans cette résolution, l'Assemblée Générale de l'ONU se déclare profondément préoccupée par les "représentations stéréotypées négatives des religions" et par les "manifestations d'intolérance et de discrimination" en matière de religion ou de convictions que l'on observe encore dans le monde. L'ambassadeur, en sa capacité de président du groupe de travail de l'OCI sur les Droits de l'Homme et les Affaires humanitaires, a estimé qu'une "liberté d'expression sans limites ne fait qu'inciter à la haine et va à l'encontre du multiculturalisme". Quant au lien entre "liberté d'opinion et liberté de religion", il a fait observer que "tous les droits de l'Homme sont indivisibles, universels et interdépendants". Cette résolution, a-t-il dit, "reflète la grave préoccupation liée à la montée de la violence raciste et la propagation d'idées xénophobes dans de nombreuses parties du monde, dans les milieux politiques, l'opinion publique et la société en général".  "La démocratie et le racisme sont deux choses incompatibles", a poursuivi le diplomate, rappelant que les actes d'incitation à la haine religieuse violent en particulier la Charte des Nations Unies et le protocole de 1966 sur les droits de l'Homme. Pour l'OCI, il faut "apporter une réponse globale à la tendance croissante à la diffamation des religions" car "diffamer une religion quelle qu'elle soit est un affront à la dignité humaine". C'est pourquoi, une telle résolution répond, selon l'ambassadeur, à un "besoin réel" sous-tendu par une progression alarmante des actes dirigés contre les religions. "Nous ne pouvons pas faire disparaître nos divergences en une session", a-t-il reconnu à l'adresse des Etats membres, car il s'agit "d'un effort de longue haleine qui doit être mené collectivement". Toutefois, un "consensus international sur une question aussi cruciale est, selon lui, possible et réalisable parce qu'indispensable", car, a-t-il insisté, "la tolérance est notre vecteur commun et le respect des droits de l'homme, notre vecteur partagé". +Le Royaume, voix de la modération+ Avant l'adoption de cette résolution, les Etats-Unis et l'Union européenne ont mis en exergue, les efforts déployés par le Maroc, au nom de l'OCI sur ce projet de résolution et salué en le Royaume "la voix de la modération". "Nous apprécions les grands efforts" déployés par le Royaume et espérons "un dialogue continu" sur la question et "savons que nous pouvons compter sur le Maroc pour être la voix de la modération" au moment où "nous poursuivons nos efforts pour aboutir à un consensus dans le futur", a souligné l'ambassadeur Richard Erdman, Conseiller pour les Affaires du Moyen Orient, à la mission des Etats-Unis auprès de l'ONU. Dans cet esprit, a poursuivi l'ambassadeur américain, "nous apprécions que le Maroc et d'autres (pays) au sein de l'OCI aient permis une certaine ouverture pour discuter nos points de vue avec les parties concernées, ce qui est un développement bienvenu et très positif, compte tenu de nos préoccupations" sur ce sujet. Quant à l'Union européenne, elle a exprimé, par la voix de son président, l'ambassadeur de Belgique auprès de l'ONU, son "appréciation sincère des efforts déployés par la délégation marocaine" au nom de l'OCI, et reste "ouverte et prête à s'engager" avec les co-auteurs et tous les autres partenaires intéressés qui cherchent à répondre à la "préoccupation sous-jacente à l'intolérance envers les individus sur la base de leur religion ou de leur conviction".