La ville de Tanger a abrité vendredi un symposium national sur le thème "La régionalisation élargie : fondements, déterminants et perspectives", avec la participation d'une pléiade de chercheurs universitaires, de responsables et d'acteurs de la société civile. Cette journée d'étude, organisée par l'Association de développement local méditerranéen (ADELMA), en collaboration avec l'Equipe de recherche et d'études sur la région de Tanger-Tétouan à l'Université Abdelmalek Essaâdi, vise à enrichir et approfondir le débat sur le chantier de la régionalisation avancée au Maroc. Intervenant à l'ouverture de cette rencontre, le maire de la ville de Tanger, Fouad El Omari, a souligné l'importance de la réflexion et de l'échange autour de la question de la régionalisation élargie, un chantier primordial pour le développement économique et social, notamment lorsqu'il s'agit d'initiatives impliquant les acteurs de la société civile qui sont les plus proches des réalités locales. Il a aussi noté la nécessité pour les conseils élus d'accompagner ce processus de réflexion et d'adhérer pleinement à ce grand chantier qui vise la consolidation des acquis en matière de démocratie et de gouvernance locale au Maroc, conformément aux Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI. De son côté, Habib El Malki, ancien ministre de l'éducation nationale et professeur chercheur à l'Université Mohammed V de Rabat, a estimé que le projet de régionalisation avancée intervient au moment opportun pour passer à un autre niveau de gouvernance territoriale, après l'expérience accumulée depuis des décennies en matière de décentralisation. La conjoncture actuelle rend de plus en plus évidente la nécessité d'établir une régionalisation avancée, notamment après les mutations introduites par le processus de mondialisation, qui, de manière paradoxale, a permis de recentrer l'intérêt sur la dimension locale comme moyen de préserver les particularités culturelles, a-t-il estimé. La régionalisation permettra aussi de répondre aux exigences du développement durable et de la coopération décentralisée, en particulier dans le cadre du statut avancé accordé au Maroc dans ses relations avec l'Union européenne, un accord d'envergure dans la mise en Âœuvre implique également les intervenants régionaux, a fait remarquer M. El Malki. Pour sa part, le politologue Mohamed Tozy, a indiqué que la réflexion autour de la régionalisation avancée constitue un sujet d'actualité même pour les pays ayant déjà opté pour ce système de gouvernance territoriale, en particulier lorsqu'il s'agit de la question de solidarité entre les régions, d'où l'importance pour le Maroc d'élaborer un modèle de régionalisation élargie englobant les différentes dimensions de ce système de gestion décentralisé. A cet égard, M. Tozy a mis l'accent sur la question des élites devant mener à bien le projet de régionalisation, appelant à la formation de vraies élites de leadership au niveau régional et leur prise en charge politique à travers une "régionalisation des partis politiques". Plusieurs thèmes sont examinés au cours de cette journée d'étude, avec, entre autres, des panels sur les fondements stratégiques et procédurales de la régionalisation, l'expérience régionale espagnole, le rôle de la société civile et des médias et les visions des partis politiques marocains concernant le chantier de régionalisation avancée au Maroc.