Le gouvernement espagnol, par la voix de sa ministre de la Défense, Carme Chacon, a souligné l'importance de la coopération entre les deux rives de la Méditerranée pour contrer la menace du terrorisme dans la région du Sahel, une zone où s'active Al Qaeda au Maghreb islamique. "Un dialogue fluide et une coopération étroite" avec les pays de la rive sud de la Méditerranée sont nécessaires pour faire face à la menace terroriste, qui ne cesse de croître dans la région du Sahel, a affirmé, lundi à Barcelone, la ministre espagnole de la Défense, qui a appelé à une stratégie européenne urgente pour le Sahel. Intervenant à l'ouverture d'un séminaire international sur la sécurité et la défense en Méditerranée, qui réunit experts civils et militaires et représentants gouvernementaux et non gouvernementaux des pays des deux rives, la responsable espagnole a estimé que cette stratégie conjointe de toute l'Europe doit être prête dès début 2011, avant que "la situation ne s'aggrave dans cette zone". Elle a également invité l'Union européenne et l'OTAN à suivre de près les développements dans cette zone désertique, qui concerne le Maroc, la Mauritanie et l'Algérie. De cette stratégie dépendra la sécurité de tout le continent africain, de l'Europe et des Etats Unis, a-t-elle assuré, appelant à une meilleure coordination entre les services d'intelligence et les forces de sécurité des pays du pourtour méditerranéen. Elle a, d'autre part, affirmé que des initiatives comme le groupe 5+5, qui réunit les ministères de défense de l'Espagne, de la France, du Portugal, de l'Italie et de Malte, et du Maroc, de la Tunisie, de la Mauritanie, de la Libye et de l'Algérie, sont de nature à favoriser l'établissement de mécanismes de coopération pour faire face aux défis communs de la sécurité. Relevant que toute initiative consacrée à la sécurité et à la défense en Méditerranée doit nécessairement être intégrale et centrée sur la coopération, l'entente et le dialogue entre toutes les parties, elle a tenu souligné que la coopération entre les deux rives de la Méditerranée en matière de lutte contre le terrorisme est devenue un impératif, surtout que la politique réactive de certains pays européens a démontré ses limites. A cet égard, la ministre espagnole a souligné l'engagement de son pays envers la rive sud de la Méditerranée pour qu'elle puisse jouir d'une véritable présence aux côtés de l'Europe, assurant que "la Méditerranée doit toujours être parmi les priorités" de l'Espagne. Placé sous le thème "Une vision partagée pour la Méditerranée et son voisinage", le séminaire international "sécurité et défense en Méditerranée" prévoit de faire un bilan des progrès en matière de sécurité et de défense en Méditerranée et d'analyser les grands défis du futur. Les participants, parmi lesquels se trouvent des chercheurs marocains, doivent examiner notamment la politique commune de sécurité et défense en Méditerranée et l'approbation du Traité de Lisbonne, la mise en marche de l'Union pour la Méditerranée (UPM) et identifier les défis et menaces, mais aussi les opportunités d'action commune en Méditerranée et son voisinage en matière de sécurité et de défense, avec un accent particulier sur les zones désertiques. Le Maroc est représenté à ce rendez-vous de référence pour les spécialistes en questions méditerranéennes et de sécurité par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, M. Youssef Amrani. Organisée tous les ans depuis 2002 par la Fondation CIDOB, un centre de recherche, d'enseignement, de documentation et de diffusion sur les relations internationales et le développement, et le ministère espagnol de la Défense, cette rencontre est un important forum de débats entre experts et académiciens civils et militaires, sur les principaux défis de la sécurité dans la région. Initié en collaboration avec l'Institut des études sur la sécurité de l'Union européenne, ce séminaire vise également à renforcer la coopération, la transparence et la confiance entre représentants gouvernementaux et experts des deux rives de la Méditerranée. Consacrée aux "nouveaux contextes de coopération en matière de sécurité et de défense", la précédente édition avait analysé les liens de la sécurité conventionnelle et sécurité humaine et les défis posés au monde arabe et le rôle de la Méditerranée et du Moyen-Orient dans le dialogue transatlantique.