Le gouvernement britannique dévoilera mercredi son plan très attendu d'austérité, qualifié de "nécessité impérieuse" par l'équipe dirigeante et de "grande menace" à la prospérité future du Royaume-Uni par l'opposition. Abdelghani AOUIFIA Le plan, qui vise à réduire un déficit budgétaire record de 155 milliards de livres Sterling, sera annoncé officiellement par le ministre de l'Economie et des finances, George Osborne, sur fond d'inquiétudes de plus en plus intenses de l'opposition, menée par le Parti travailliste, et par certains milieux économiques. Le gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre conservateur, David Cameron, se veut rassurant, relevant que le plan permettra au Royaume-Uni d'assainir le climat économique et d'aborder l'avenir sous de bons auspices. Le gouvernement continue d'argumenter que la mise en œuvre de ce plan, qui s'étalera sur une période de quatre ans, sera moins douloureuse, en particulier pour les secteurs à forte charge sociale, comme ceux des retraites, des allocations familiales et de l'enseignement. Le dossier le plus stratégique demeure celui de la défense. Les réductions drastiques du budget du ministère de la Défense avaient suscité les inquiétudes de l'institution militaire. De hauts gradés de l'armée britannique sont sortis de leur réserve pour mettre en garde que toute réduction à outrance de ce budget estimé à 37 milliards de livres Sterling, risquerait de porter atteinte à la sécurité nationale du Royaume-Uni et au-delà à son rôle en tant que puissance militaire mondiale aux cotés des Etats-Unis. Cette question précise a été sur le point de provoquer une crise au sein du gouvernement suite à la publication par la presse d'une lettre confidentielle du ministre de la Défense, Liam Fox, au Premier ministre David Cameron, exprimant ces craintes. La sortie de la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton, qui a mis en garde la semaine dernière que ces réductions pourraient porter atteinte à la contribution de la Grande-Bretagne au sein de l'Organisation du traité de l'atlantique nord (OTAN), a poussé Cameron à intervenir auprès de la trésorerie pour fixer le seuil des compressions du budget défense à seulement 8 pc. Par ailleurs, le gouvernement britannique a été encouragé d'aller de l'avant dans la mise en œuvre de son plan d'austérité par plusieurs institutions financières nationales et internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI). L'institution de Bretton Woods a récemment qualifié le programme du Chancelier de l'Echiquier, George Osborne, de plan "fort et raisonnablement ambitieux". Dans une évaluation présentée par la presse comme "une bouée de sauvetage" pour le gouvernement, le FMI a relevé que l'économie britannique était sur le chemin de la reprise et que les compressions budgétaires "pénibles" étaient nécessaires pour la restructuration économique du pays. Pour cette institution basée à Washington, l'économie britannique devrait croître de 1,7 pc cette année contre des prévisions initiales de l'ordre de 1,2 pc, avant de se renforcer à 2,1 pc en 2011. Or, l'opposition travailliste ne voit pas les choses sous le même angle. Allan Johnson, l'ancien ministre de l'Intérieur désigné Porte-parole du Parti travailliste pour les questions économiques et financières à l'issu du récent congrès annuel du labour, a accusé le gouvernement de mettre en danger les perspectives de croissance et les postes d'emploi dans un pays qui peine toujours à retrouver sa prospérité d'antan. Johnson reproche également au gouvernement de fonder son programme "irréaliste" sur des calculs purement électoraux. Le labour souligne que les économies dont la Grande-Bretagne a besoin doivent provenir des taxes, à hauteur de 40 pc, et des dépenses publiques (60 pc), contre 27 et 77 pc respectivement, selon le gouvernement.