"Le tennis c'est ma vie, mais je veux renvoyer l'ascenseur", a déclaré Younès El Aynaoui au lendemain de l'annonce de sa retraite du tennis professionnel, estimant "naturel" l'arrêt de sa carrière à l'âge de 38 ans. "L'après carrière ce n'est pas facile, mais je resterai tout à fait disponible avant tout pour mon pays, le Maroc", a-t-il dit, avant d'ajouter que "le tennis m'a apporté tellement de choses que maintenant j'aimerai renvoyer l'ascenseur et faire profiter les jeunes de cette expérience". "A ce jour je n'ai pas encore de projet d'avenir en tête. Je vais m'installer avec ma famille à Nancy (France) pour me consacrer d'abord à mes trois enfants", a confié le chevronné tennisman marocain à la MAP, vendredi à Doha où il venait de prendre part à l'Open du Qatar. Pour lui, il n'était que normal d'arrêter "alors que la plupart des collègues sont devenus entraîneurs ou directeurs de tournois". Comptant, avec Karim Alami et Hicham Arazi, parmi les trois meilleurs joueurs de tennis que le Maroc ait connu, Younès El Aynaoui a rendu hommage au public marocain, assurant que c'était grâce à son soutien qu'il a pu se surpasser, jusqu'à atteindre le 14è rang mondial en 2003, la meilleure place jamais encore atteinte par un Marocain. "C'est pour cela, assure-t-il, que j'aimerai bien faire bénéficier les jeunes de mon pays de ce dont malheureusement je n'ai pu bénéficier moi-même". "Les jeunes d'aujourd'hui peuvent côtoyer des joueurs nationaux qui évoluent au niveau mondial, alors qu'en notre temps nos idoles étaient des étrangers", a-t-il expliqué. Quant au dernier match de sa carrière professionnelle, perdu mercredi au tournoi de Qatar devant le Belge Steve Darcis (6-3, 6-1), il a affirmé s'y être bien préparé dès qu'il a avait reçu la "Wild Card" de l'ATP, mais que "le naturel voudrait que je n'évolue plus à ce niveau là". La même ville de Doha où le public et la presse qataris lui ont rendu un vibrant hommage de "héros du tennis arabe", mercredi dernier à l'annonce de sa retraite, laisse à Younès El Aynaoui des souvenirs qui ont marqué sa carrière. "Pour le côté affectif, il y a certes Casablanca, mais Doha aussi est arabe et musulmane et les Qataris sont généreux et attachants", confie le tennisman qui se souvient en particulier de sa victoire finale à l'Open du Qatar en 2002. C'est à Doha qu'il avait atteint ses toutes premières qualifications en 1993, pour se retrouver au grand tableau avec des joueurs comme Boris Becker ou Michael Stitch. Mais en plus de Doha et son ultramoderne Sport Club Khalifa où il a vécu ces moments émouvants, sa riche carrière d'au moins cinq tournois remportés évoque aussi de nombreux repères, notamment les Coupe Davis et la "fierté d'y avoir plusieurs fois porté les couleurs du Maroc et tenu la dragée haute à des pays comme l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre". S'il se souvient surtout de sa toute première grande victoire, -"un vrai déclic"-, alors qu'il n'était que 400ème mondial contre l'Autrichien Thomas Muster, qui était parmi les Top 20 et allait devenir plus tard N.1 mondial, il n'oublie pas non plus "la tornade médiatique" que son match historique en quart de final de l'Open d'Australie de 2003 avait provoquée, au bout d'un 5ème et époustouflant set de 21-19 en faveur de l'Américain Andy Roddick, devenu ensuite N.1 mondial. Evoquant le surf, son autre sport préféré, El Aynaoui trouve vite l'à-propos des "belles vagues du Maroc" pour reparler de son pays et de son "premier souhait de pouvoir continuer à le servir". Il note ainsi les changements survenus tant au niveau de la Fédération que du ministère, estimant qu'il y a un "malaise" que ce soit pour le foot ou pour les autres disciplines, et qu'il est temps de "redorer le blason du sport national". Pour lui, le peuple marocain est très sportif, mais le problème "reste le manque d'infrastructures, de moyens, d'accessibilité aux terrains de sport". "Chez nous, le tennis reste malheureusement réservé aux élites. ll faudra le démocratiser et donner des chances aux jeunes", a-t-il espéré. Younès El Aynaoui compte à son palmarès 5 titres internationaux (ATP), dont trois pour la seule année 2002. Le premier en janvier à l'Open de Doha face à l'Espagnol Félix Mantilla , le second en avril au Grand-Prix Hassan II à Casablanca face à l'Argentin Guillermo Canas et le dernier à l'Open BMW de Munich contre l'Allemand Rainer Schuettler.