L'Association des tribus sahraouies marocaines en Europe (ATSME) a alerté la communauté internationale sur la situation "très préoccupante" dans les camps de Tindouf (sud-ouest de l'Algérie), à la suite des "nouvelles alarmantes" qui proviennent de ces camps. Dans un cri d'alarme adressé au secrétaire général de l'ONU, à l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, à l'Union européenne, à l'Union africaine, à la Ligue arabe, à l'Organisation des pays non-alignés, à toutes les Organisations de la défense des droits de l'Homme et à toutes les forces vives, l'ATSME appelle à "une prise de position ferme à l'encontre de l'Algérie et du +polisario+, protégé par Alger, pour faire cesser les multiples atteintes aux droits de l'Homme commises à l'encontre des sahraouis dans ces camps". Dans cet appel, dont une copie est parvenue à la MAP, l'Association, basée en France, souligne qu'en l'espace d'une semaine, les nouvelles qui proviennent des camps "enclavés, militarisés et particulièrement hostiles", sont "alarmantes". L'Association cite ainsi le cas de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, inspecteur général de la "police du polisario", "condamné sans avoir été jugé pour avoir seulement osé exprimer son opinion sur le plan d'autonomie proposé par le Maroc". "Actuellement menacé de mort, il ne peut plus rejoindre sa mère, sa femme et ses cinq enfants retenus à Tindouf. Des pressions sont exercées sur ses proches et son jeune frère est soumis à un interrogatoire en règle par les milices du polisario", ajoute la même source. De même, ajoute l'ATSME, un groupe de vingt sahraouis ayant fait le voyage de Smara vers les camps de Tindouf, dans le cadre des visites familiales organisées depuis 2004 par le HCR, a été refoulé de Tindouf par les autorités algériennes. Empêchés d'atteindre ces camps, ils n'ont pu rendre visite aux leurs, dont ils sont séparés depuis trente cinq ans. "Sur le plan humain, quelle cruelle déception pour ces personnes et leurs familles et sur le plan politique quelle décision brutale et arbitraire allant à l'encontre des démarches menées par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)", s'étonne l'Association. L'ATSME cite aussi le cas de la tribu Sallam qui a été la cible d'agressions, de tortures et d'emprisonnement pour avoir osé manifester ces derniers jours dans les camps de Tindouf. "Son crime: avoir osé dénoncer l'enrichissement de la +direction du polisario+ grâce au détournement de l'aide humanitaire internationale au détriment des populations auxquelles cette aide est naturellement destinée", déplore l'Association. A cette situation, note l'Association, s'ajoute le cas des deux journalistes marocains d'Assahra alousbouaaia qui ont souhaité rejoindre les camps de Tindouf, il y a deux jours, pour la couverture du retour de Salma Ould Sidi Mouloud, relevant qu'ils n'ont pas pu poursuivre leur voyage au-delà de l'aéroport de Tindouf où ils subissent depuis des interrogatoires par la police et les services secrets algériens". "Combien d'exactions faut-il encore citer pour qu'un mouvement solidaire de protestation et de pression des instances internationales se mette enfin en marche?", s'interroge l'ATSME, soulignant qu'"il est temps que la communauté internationale cesse de se voiler la face, alors que nombre de rapports ont déjà décrié la situation dramatique vécue par les populations des camps de Tindouf et que le temps amène à chaque fois son nouveau lot d'exactions". L'Association suggère à l'Algérie, qui "considère les populations sahraouies maintenues dans les camps comme étant des réfugiés et les fait passer pour tels", de leur accorder "la liberté de mouvement, d'expression, de travail ainsi que la liberté de construire un toit". "Il est temps de prendre ouvertement conscience de ce qui se passe réellement dans ces prisons à ciel ouvert", a martelé l'ATSME qui appelle à la responsabilité de chacun pour agir afin que "ce calvaire se termine enfin et que puissent être jugés ceux qui en sont responsables".