La ville d'Essaouira vit à l'instar des autres villes marocaines, le mois sacré de Ramadan dans une ambiance empreinte de recueillement et de convivialité. - Par Bouchra Azour - A l'approche de la rupture du jeûne, un calme s'installe dans la ville. Un peu plus loin, sur la corniche, quelques personnes bravent la fatigue du jeûne et font leur jogging. Les touristes étrangers font leur promenade qu'ils vont prolonger après l'heure du jeûne, pour apprécier cette douceur qui imprègne l'atmosphère d'Essaouira. Chose extraordinaire, la famille Makouldi, comme d'ailleurs toutes celles d'Essaouira ne prennent pas la peine, en ce mois de Ramadan, de fermer la porte de leur maison, préférant la garder ouverte où cas où un voisin changerait d'avis et viendrait se joindre à eux pour partager la rupture du jeûne. C'est autour d'une table garnie de mets délicieux, que les membres de la famille Makdouli se sont réunis pour rompre cette journée du jeûne. Une table des plus raffinées sur laquelle sont disposées avec soin des assiettes en poterie bien polie et des cuillères en bois arar (de thuya), célèbres d'Essaouira. Un véritable chef d'œuvre qu'offre, en ce mois béni pour sa famille, la maîtresse de maison Saïda. Des plats délicieux du terroir que les mamans souiries concoctent seulement durant le mois de ramadan, concourent avec les plats exquis de poissons frits connus de cette ville et dont garde en souvenir toute personne qui s'y était rendue un jour. Mais pour défier cette attente et ces quelques minutes qui se transforment en heures avant que le muzzin n'appelle à la prière pour rompre le jeûne, les membres de la famille Makdouli semblent deviser de choses sérieuses de la vie et écoutent, un instant de méditation, les panégyriques que les chaînes de télévision ont programmé en ce mois sacré de ramadan. DES PLATS DU TERROIR EN ORNEMENT DE LA TABLE SOUIRIE Mes enfants adorent manger durant ce mois, les briouats que je prépare avec différentes variétés de poisson notamment du calamar, des crevettes et du merlan, a dit Saida l'air occupé. Elle ajoute, le sourire à peine ébauché, "faire plaisir à tout le monde à la maison n'est pas chose aisée et cela requiert beaucoup d'efforts". Ceci étant, se raissaisit-elle, pour ménager la susceptibilité de sa famille, "j'éprouve tout un plaisir à préparer ces plats qu'on ne peut savourer généralement que durant ce mois sacré du ramadan". Un autre délice que mes enfants affectionnent énormément est le "Batbout", sorte de pain local préparé à base de farine et tartiné d'huile d'olive et du miel, poursuit la maman. S'il y a un autre plat, que Saida avait hâte de citer, qui remporte par ailleurs un franc succès durant le ramadan à Essaouira, c'est bel et bien le tagine d'espadon - appelé en berbère à Essaouira "Assighar"-, accompagné d'oignons et de raisins secs, généralement servi au dîner, précise-t-elle. Après, je ne peux m'empêcher d'accomplir les tarawih, qui débutent la veille du premier jour du mois et se déroulent après la prière d'Al Ichaa, a expliqué la maîtresse de maison. Le Shor, ce moment qui précède le levé du soleil, est consacré à de moelleuses galettes de céréales que les enfants de Saida se disputent, ainsi qu'un autre met, la "Balboula", appelé "dchicha" dans d'autres régions du Maroc, une sorte de soupe à base de petit lait et de semoule d'orge, souligne avec tendresse la maman. LE RAMADAN : UN MOMENT POUR SAVOURER ET ECHANGER D'EXCELLENTS PLATS FAITS MAISON Outre le fait que le ramadan soit une occasion de rendre visite à des proches et de se retrouver entre amis, il présente une autre vertu: celle du partage et d'échange de plats savoureux que les familles ont plaisir à faire goûter aux autres. Dans ce contexte, Saïda a rappelé qu'à l'approche du 15ème jour du mois, les mamans souiries excellent dans la préparation d'un plat de poulet doré, en sauce, (beurre ou huile) décoré d'olives et de lamelles de citron confit. Pour la nuit du destin (celle du 26 au 27 ème jour du ramadan), ajoute-t-elle, les familles souiries préparent un grand plat de couscous à la viande, assaisonné à l'huile d'argan qu'elles offrent aux nécessiteux. L'ENFANT SE JOINT AUX ADULTES POUR JEUNER LE PREMIER DU JOUR DU RAMADAN La benjamine de Saida, appelée Sakina,âgée de 13 ans, a insisté auprès de ses parents pour jeûner le premier jour du ramadan. "Je suis vraiment fière d'avoir pu continuer ma journée de jeûne et en même temps contente parce que mes copines ont partagé avec moi ce moment durant lequel nous avons mangé des dattes et bu du lait, avant de goûter aux autres plats que ma maman a préparés", a dit Sakina, ravie d'arborer sa jolie tenue marocaine composée d'une dfina en dentelle, qu'elle froissait avec ses petits doigts.