La lutte d'Adil Charkaoui pour rétablir sa réputation l'a amené deux fois devant la Cour Suprême avant que le certificat qui pesait contre lui ne soit finalement révoqué en 2009 par la Cour fédérale sans possibilité d'appel. Aujourd'hui, presque sept ans après son arrestation en vertu d' « un certificat de sécurité », M. Charkaoui intente une poursuite pour réclamer des excuses. En décembre dernier, les avocates de M. Charkaoui ont mis en demeure le gouvernement en demandant des excuses, la citoyenneté et une réparation raisonnable pour M. Charkaoui. Etant donné la réponse négative du gouvernement, l'équipe de défense menée par Me Johanne Doyon a déposé formellement une poursuite au civil devant la Cour supérieure du Québec. « C'est une question de principe. Je veux rétablir ma réputation et je veux que les autorités canadiennes reconnaissent leurs erreurs », a dit le professeur de français âgé de 36 ans. « Si les responsables de cette injustice n'ont pas à rendre de comptes, qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire d'autre et s'en tirer? » « Ils ont détruit sa réputation et pas seulement au Canada. Comme l'a reconnu le juge Simon Noël de la Cour Fédérale, le SCRS a envoyé de faux renseignements sur lui tout autour du monde », a dit Mary Foster de la Coalition Justice pour Adil Charkaoui. « Il a besoin des excuses du gouvernement pour commencer à réparer ces dommages. » « L'impact que cela a eu sur moi et mes enfants est incalculable. Dévastant: deux années de prison; quatre années à vivre sous des conditions des plus draconiennes; six années de stress et d'instabilité, de menaces de renvoi vers la torture. C'est pourquoi trois de mes enfants (âgés de 8, 6 et 4 ans) qui ont vécu ce cauchemar avec moi, sont aussi nommés comme demandeurs dans la poursuite », a ajouté M. Charkaoui. « Il ne faudrait pas attendre qu'il soit mort pour s'excuser, comme ce fut le cas pour les immigrants chinois pour la taxe d'entrée ou pour les japonais internés durant la seconde guerre mondiale », a dit Foster. Le Procureur Général du Canada, le SCRS, la GRC, l'Agence des Services Frontaliers du Canada, le ministère de la Sécurité Publique, le ministère de l'Immigration, le ministère de la Justice ainsi que Denis Coderre, Wayne Easter, Diane Finley et Stockwell Day sont tous visés par la poursuite.