Lutte antiterroriste Adil Charkaoui, un Marocain soupçonné d'appartenir à une cellule dormante d'Al Qaïda implantée au Canada, s'oppose par les moyens à son extradition vers son pays d'origine. Incarcéré à Montréal depuis mai 2003, sa déportation est imminente suite à une décision du ministère de la Sécurité publique canadienne. Depuis l'attentat spectaculaire de Madrid, l'attention se focalise de plus en plus sur les Marocains soupçonnés appartenir aux cellules d'Al Qaïda. Pourchassés là où ils ont trouvé refuge, les Marocains d'Al Qaïda font et défont l'essentiel de l'actualité en ces jours-ci. Dernier en date, le Marocain du Canada, Adil Charkaoui, alias Zubeir Al-Maghrebi, qui risque finalement d'être déporté au Maroc, son pays d'origine. Son expulsion imminente se pose avec acuité suite aux multiples demandes formulées par le gouvernement marocain qui ont trouvé bon écho auprès de leurs homologues canadiens. Arrêté en mai 2003, Adil Charkaoui est soupçonné d'avoir des liens directs avec plusieurs membres du réseau dormant d'Al Qaïda installé à Montréal. La trentaine, il a été incarcéré suite à un mandat d'arrêt délivré par le ministère de l'Immigration ainsi que les services secrets du même pays. Selon les éléments fournis par l'enquête, Adil Charkaoui aurait planifié de faire sauter l'aéroport de Los Angeles durant les fêtes de l'an 2000, lorsqu'il avait été arrêté à la frontière américaine au volant d'un véhicule contenant une soixantaine de kilos d'explosifs. Son contact aux Etats-Unis est un certain Ahmed Ressam, d'origine algérienne, arrêté et détenu, à son tour, aux Etats-Unis. Adil Charkaoui, cet homme soupçonné d'être un agent dormant du groupe terroriste Al-Qaïda, aurait participé à un camp d'entraînement en Afghanistan avec Ahmed Ressam. Et c'est ce dernier qui le confirme. Dans un document judiciaire divulgué, les services secrets canadiens affirment que Ressam a reconnu Charkaoui sur une photo au cours d'un entretien effectué en janvier 2002. Ressam a indiqué qu'ils s'étaient entraînés ensemble en Afghanistan en 1998 et préparaient de commettre des attentats à Los Angeles. C'est du moins ce que croient les Services canadiens du renseignement et de la sécurité (SCRS) qui ne s'opposent pas aujourd'hui à son extradition, affirmant qu'ils ont obtenu toutes les garanties du gouvernement marocain pour un procès équitable et juste. Insuffisance de preuves De même, ajoute le SRCS, Adil Charkaoui ne risquerait pas d'être maltraité s'il est livré aux autorités marocaines. À noter que la Cour suprême avait statué qu'en de rares circonstances, le gouvernement peut expulser des terroristes dans des pays où ils sont exposés à des risques de torture. À présent, la procédure d'extradition est entamée et il appartient donc aux juges de la Cour fédérale de décider si M. Charkaoui devrait être déporté. À ce jour, celui-ci nie toujours tout lien avec Al Qaïda et réclame que justice soit faite. Vague de soutiens Ses avocats s'opposent farouchement à son extradition et réclament sa libération immédiate pour insuffisance de preuves. Une campagne “Justice pour Adil Charkaoui” a été formée à Montréal dans les jours qui ont suivi son arrestation dite “brutale et inattendue”. Celle-ci est une coalition de groupes musulmans progressistes, d'organisations de défense des droits des réfugiés et des immigrants, de groupes de lutte contre toute forme d'oppression et de la famille Charkaoui. “Nous exigeons la libération immédiate de tous les détenus du certificat de sécurité, aucune déportation, un procès juste, l'abolition du certificat de sécurité, que le Canada cesse d'utiliser des boucs émissaires pour répondre aux pressions de l'administration Bush, et l'arrêt du harcèlement contre les Musulmans et les Arabes”, lit-on dans un communiqué récent de cette coalition. Une vague de soutiens au Marocain Adil Charkaoui qui toutefois se brave à la décision de la ministre de la Sécurité publique canadienne, Anne Mc Lellan, de déporter ce dernier. “Vous avez l'obligation d'assurer que soit accordé à M. Charkaoui des procédures justes et transparentes, et qu'il ne soit pas déporté vers la torture ou même la mort. La sécurité nationale ne doit jamais être aux dépens des droits humains”, a écrit Alexa Mc Donough, député d'Halifax et porte-parole du NDP en matière d'affaires étrangères. Au cœur de cette polémique, Adil Charkaoui poursuit sa lutte contre sa déportation, en contestant la constitutionnalité des certificats de sécurité et en essayant de prouver son innocence dans ce qu'il appelle “un procès biaisé”. Les Pays-Bas livrent un présumé terroriste marocain aux Belges La justice néerlandaise a autorisé vendredi 13 août l'extradition vers la Belgique d'un Belge d'origine marocaine soupçonné d'être impliqué, au moins indirectement, dans les attentats de Casablanca en mai 2003 et de Madrid en mars dernier. La Cour a estimé qu'il y avait assez de preuves pour justifier les soupçons de participation à des activités terroristes et de membre d'une organisation criminelle émis par la justice belge. L'homme, identifié seulement comme K. Bouloudo, âgé de 29 ans, a été arrêté le 27 janvier dernier aux Pays-Bas lors d'un contrôle routier de routine. Le Maroc avait lancé contre lui un mandat d'arrêt international, pour son implication présumée dans les attentats du 16 mai 2003 qui avaient fait 45 morts à Casablanca. Toutefois, la justice néerlandaise n'avait pas jugé le dossier marocain assez solide. À la différence du Maroc, la Belgique, qui a introduit sa demande d'extradition peu après le refus néerlandais, ne soupçonne pas Bouloudo d'implication directe dans les attentats de Casablanca et de Madrid, mais d'appartenir au Groupe islamique des combattants marocains (GICM) et de trafic de faux papiers. Said Berraj et Mohamed Belhadj arrêtés? Dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid, les autorités néerlandaises ont arrêté mercredi 11 août dernier Mohamed Afalah, d'origine marocaine, âgé de 28 ans, qui aurait fui l'Espagne, en destination de la Hollande. Selon des sources dignes de foi, Mohamed Afalah était en compagnie d'un autre suspect, Mohamed Belhadj (24 an) recherché également par les autorités espagnoles. Ce dernier avait loué l'appartement de Leganès où sept des présumés responsables des attentats s'étaient donnés la mort à l'explosif le 3 avril 2004. Selon le quotidien espagnol El Pais, les policiers seraient particulièrement intéressés par deux hommes, qui seraient liés ou pourraient même être Said Berraj, Mohamed Belhadj ou Mohamed Afalah, tous trois en fuite et recherchés dans le cadre de l'enquête. Des sources du ministère de l'Intérieur ont laissé entendre que ces deux derniers étaient plus particulièrement concernés par les vérifications en cours. Peu avant, les forces de l'ordre néerlandaises, agissant sur informations, avaient arrêté neuf personnes à Roosendaal, dans le sud du pays, près de la frontière belge. Elles avaient annoncé que plusieurs recherchés dans les attentats de Madrid se trouvaient parmi elles.