L'initiative est celle d'un Belge d'origine marocaine : créer un centre pour la paix et le dialogue des cultures à Bruxelles, la capitale de l'Europe, avec l'objectif de dissiper les sempiternels préjugés envers les citoyens européens d'origine arabo-musulmane. L'idée de Mohammed Tijjini, conseiller du président du Mouvement réformateur (MR), premier parti politique en Belgique francophone part du "regrettable constat de la recrudescence du racisme et autres amalgames simplistes diabolisant la civilisation arabo-musulmane et stigmatisant les citoyens d'origine musulmane". Il relève deux exemples qui l'ont particulièrement interpellé ces derniers jours : les résultats d'une récente étude de l'Université catholique de Louvain qui démontre que presque 50 pc des Belges néerlandophones (Flamands) pensent que l'Islam est une menace pour l'Europe et les déclarations portant atteinte à l'Islam de certains hommes politiques en Hollande et en Belgique. "Combien même il y a un arsenal législatif très bien développé pour lutter contre le racisme et les discriminations, il est malheureux de constater le peu d'initiatives en Europe qui existent aujourd'hui pour combattre les préjugés et la perception négative ancrés dans les mentalités et qui entretiennent le racisme et le rejet d'une large part de la population belge et européenne d'origine arabo-musulmane", a estimé M. Tijjini dans un entretien à la MAP. Cette initiative se propose donc de créer un espace de dialogue entre les différentes communautés, cultures et religions en Europe et dans le Sud de la Méditerranée, avec pour ambition de favoriser des rencontres et des échanges "pour redécouvrir la richesse de nos civilisations respectives, européenne et arabo-musulmane", a expliqué le fondateur du centre. Afin que ces actions ne restent pas un simple vœu pieux, le promoteur de ce projet veut développer des activités concrètes, notamment culturelles, pour participer à la cohésion sociale, notamment en Belgique. "Il faudra travailler avec les acteurs de terrain, les écoles, les lieux de cultes, les maisons de quartiers, mais également les médias et les institutions publiques pour promouvoir ensemble la culture de la paix, de la tolérance et de l'acceptation de l'Autre quelles que soient son origine, sa couleur ou ses convictions religieuses ou philosophiques", a-t-il précisé. Le centre, a-t-il ajouté, développera aussi des partenariats avec les pays ayant une longue tradition en la matière, particulièrement le Maroc qui a accueilli et initié de très grandes manifestations pour promouvoir le dialogue entre les différentes cultures et religions. Le premier chantier du centre sera, selon M. Tijjini, celui de la sensibilisation des médias européens à promouvoir une image différente de celle véhiculée actuellement et qui a ancré "une certaine culture de méfiance et de suspicion à l'égard de nos concitoyens d'origine arabo-musulmane, particulièrement après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis ". "Même si je regrette le fait qu'on passe notre temps à se justifier, il me semble important d'aller vers celles et ceux qui nous enferment dans des clichés pour les interpeller et démonter leurs stéréotypes", a-t-il indiqué. Et d'ajouter que cet effort de rapprochement et de connaissance devrait se faire de part et d'autre, "en se débarrassant de nos certitudes respectives", soulignant que la vocation première du centre euro-arabe pour la paix et le dialogue des cultures est non seulement de revendiquer le changement des mentalités mais essayer surtout de promouvoir une pleine citoyenneté belge et européenne dans la diversité et le respect.