Emouvant hommage à N. Omary et adoubement du nouveau président Le GPBM se félicite de sa cohésion et s'inscrit dans la continuité A travers une belle et conviviale cérémonie organisée mercredi au 11ème étage du siège du groupe BMCE Bank, la cohésion bancaire nationale s'est de nouveau illustrée sous le signe de relève. Celle-ci concernait cette fois une « passation » de témoin symbolique de la Banque centrale populaire (BCP), que Othman Benjelloun, président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et président de BMCE Bank, a présidée. Pour être à première vue protocolaire, cette cérémonie en double hommage à Noureddine Omary, ancien président de la Banque populaire, et Mohamed Benchâaboun, son nouveau président, n'a sacrifié à aucune rigueur ni dans le ton ni dans le style. C'est avec beaucoup d'émotion que les témoignages réciproques ont fusé, emplissant comme de joyeux effluves une salle ensoleillée et lumineuse où - décors et détails soignés au plus près - l'échange intense et profond n'a rien laissé au hasard. A sa manière, ce fut une réelle « investiture » par ses pairs accordée dans la sérénité à Mohamed Benchâaboun, qui accédait ainsi au temple bancaire. Il était adoubé par Othman Benjelloun qui donna parallèlement le ton à l'émouvante « cérémonie des adieux » pour Noureddine Omary. Voici deux figures dont l'allocution du président du GPBM a davantage mis l'accent sur le parcours que sacrifié aux rituels bancaires stricts. A Noureddine Omary, il a lancé : «Vous avez au cours de ces sept dernières années présidé aux destinées du groupe des Banques Populaires. La communauté bancaire a tenu à rendre hommage au bilan que vous y laissez, ainsi qu'à l'homme qui en a été l'initiateur à la tête de 6600 collaborateurs au Maroc et à l'étranger». (…) «Votre réseau d'agences a crû de 200 nouveaux points de vente en 7 ans, dépassant le chiffre de 600 agences». Et le président du GPBM d'enchaîner, chiffres à l'appui, dans un hommage croisé à l'homme et au groupe bancaire qu'il a présidé, soulignant qu'en 2005, le «résultat net consolidé du groupe multiplié par trois, dépassant la barre de 2 milliards de dirhams et ce dans un contexte d'amélioration du coefficient d'exploitation, de progression de plus des deux tiers du total bilan et de plus de trois quarts des fonds propres». Les résultats globaux sont un point essentiel, les réformes de la Banque le sont autant. Et Othman Benjelloun souligne ensuite que «Noureddine Omary a entrepris la dernière réforme institutionnelle du Crédit populaire du Maroc qui a vu introduire en bourse une partie de son capital. Vous avez été l'artisan du concept original de coopératives bancaires que les filiales de votre groupe ont développé et grâce auquel a été rendue possible une hausse remarquable des flux drainés vers les comptes du groupe». Le président du GPBM a ensuite retracé le parcours de celui qui a incarné « l'engagement au service de l'itérêt public», classé major au concours de l'Inspection générale des finances (IGF), directeur des Douanes, secrétaire général au ministère de l'Economie et des Finances et président de la Banque populaire enfin. « Cette riche expérience, a dit Otman Benjelloun, et vos qualités humaines seront mises à profit par ailleurs car notre pays mérite que l'ensemble de ses capacités intellectuelles et managériales soient mobilisées pour saisir les nombreuses opportunités qui jalonnent le cheminement de la modernisation de son économie ». A l'adresse de Mohamed Benchaâboun, frais émoulu mais d'autant plus à l'aise dans cette sphère qui'il lui est familier, le président du GPBM a lancé avec conviction : « Vous rejoignez la présidence du groupe des Banques populaires après avoir officié, pendant plus de quatre années, à la tête de l'Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT) où vous avez accompagné, en tant que régulateur, l'exceptionnel développement de ce secteur ». Il en a également brossé un portrait où se conjuguent les qualités d'un manager aux qualités intellectuelles avérées et l'exigence impatiente d'un homme inscrit dans son époque. « C'est désormais, conclut Othman Benjelloun, un grand groupe à l'échelle nationale dont vous assumez la responsabilité. Vous pouvez être assuré, président Benchâaboune, de trouver parmi vos pairs tout l'appui qui permettrait à votre grande institution de continuer de jouer son rôle d'institution financière publique de premier plan ». Lorsqu'ils sont « montés » tour à tour à la tribune, le cœur empli d'émotion, Noureddine Omary et Mohamed Benchâaboun n'avaient pas de mots assez forts pour remercier Othman Benjelloun qui, culture oblige, a été l'artisan de ce moment de partage. Et pour mieux s'en imprégner et rester fidèle au cérémonial, l'ancien président de la Banque populaire a prononcé un discours, écrit de sa propre main, qui reste une manière d'ontologie. « Je voudrais d'emblée m'adresser au président Othman Benjelloun et à vous tous pour renouveler mes félicitations à Mohamed Benchâaboun, pour la confiance royale hautement méritée et pour lui souhaiter pleine réussite dans sa mission ». Noureddine Omary a souligné que le groupe des Banques populaires et la communauté bancaire s'enrichissent aujourd'hui d'un atout majeur en la personne du nouveau président de la Banque populaire, connu pour ses « qualités multiples (…), intègre, intelligent et travailleur infatigable ». Il a décliné un hommage à son successeur tout en sonorité et en symboles. Il a rappelé combien il lui était proche, notamment à la Douane et combien il appréciait sa vivacité et son « haut niveau de compétences ». Dressant personnellement, avec la conviction chevillée au corps, une manière de bilan de ses sept années passées à la tête de la Banque populaire, Noureddine Omary a déclaré : « J'ai pu développer d'excellentes relations humaines avec les uns et les autres, en dépit des tensions limites qu'impose souvent le jeu de la concurrence ». « Je quitte aujourd'hui cet espace et cette ambiance, fier et heureux de mon vécu avec vous, serein et rassuré quant à l'avenir de notre secteur où cohabitent harmonieusement visionnaires, stratèges, managers, experts et petites mains ». Et d'annoncer à l'endroit du président du GPBM : « J'aurai un mot particulier à l'endroit de notre président, Si Othman, pour le remercier d'avoir usé durant toute cette période, et certainement bien avant, de toute sa sincérité, de sa clairvoyance, de son civisme et de son sens du compromis pour éviter que le GPBM ne soit un espace de conflits ni une zone de corporatisme. Grâce à lui nous avons pu exprimer notre unité et nos différences ». La silhouette du nouveau président de la Banque populaire s'est ensuite imposée à l'estrade, sans complexe ni frissons, parce qu'investie par la communauté bancaire réunie comme un seul homme. Mohamed Benchâaboun a pu ainsi démarrer « Cette prise de parole que vous avez bien voulu m'accorder n'est pas seulement pour moi l'occasion de sacrifier à une tradition. Mais je voudrais saisir l'opportunité pour saluer l'action de notre président que j'ai eu la chance de connaître durant les 10 dernières années et dont je garde la vive impression de qualités de l'homme et du dirigeant visionnaire, porteur d'une grande ambition pour son pays ». De son prédécesseur, Mohamed Benchaâboun a affirmé être « sensible à l'hommage qui lui est rendu et qui est largement mérité ». « Les périodes de travail en commun avec Noureddine Omary m'ont permis d'apprécier la rigueur professionnelle, la haute idée qu'il a de ses responsabilités, son engagement dévoué à sa mission de dirigeant et sa capacité à faire partager le goût de la réussite et du challenge ». Et, comme pour mieux conforter son hommage, il a ajouté : « Depuis que j'ai pris mes nouvelles fonctions, j'ai pu vérifier de nouveau l'impact de ces qualités intrinsèques et entrevoir l'ampleur du travail accompli par les équipes du CPM sous la présidence de M. Omary ». Dans le sillage de son prédécesseur, après avoir rappelé les réformes et les spécificités de son groupe, Mohamed Benchâaboun a décliné les divers et multiples projets de son groupe, ajoutant qu'il avait à cœur de « mettre le Crédit populaire du Maroc en mesure d'apporter toute sa contribution à la mise en œuvre réussie de l'ensemble des projets, au service des finalités supérieures du système bancaire et financier national ». L'hommage croisé que le GPBM a rendu pour commencer à Noureddine Omary et, par ricochet ensuite, à Mohamed Benchâaboun, inaugure d'une nouvelle culture : celle de la concertation hors les conseils, celle de la convivialité et des échanges chaleureux. Par Hassan Alaoui | LE MATIN