Décidément la demande d'extradition vers les Etats-Unis de Mokhtar Houari ressortissant algérien âgé de 31 ans, incarcéré depuis le 10 janvier à la prison de Rivière-des-Prairies, accusé d'appartenir au réseau terroriste d'Ahmed Ressam, ne cessera d'alimenter la chronique. Après avoir catégoriquement refuser son extradition vers les Etats-Unis, pays où il devra répondre aux cinq chefs d'accusations (et pas les moindres) : usage d'explosifs, usage de faux passeport, et de faux documents, falsification de cartes de crédit et de complot pour aider une organisation terroriste...le GIA (Groupe islamique armé), l'inculpé décide d'affronter la justice américaine. " Nous sommes maintenant persuadés qu'il n'y aura pas de preuves suffisantes pour le déclarer coupable, nous préférons ne pas faire traîner l'affaire plus longtemps " déclare son avocat Joseph El-Fassy, en ajoutant " il (son client) maintient son innocence à 100% et je suis convaincu que lors de son procès aux Etats-Unis, il sera acquitté des accusations". La providence? La main pesante de la rédemption lui aurait-elle tapoté l'épaule? On le saura bientôt... C'est après avoir mis le grappin à Seattle, le 14 décembre, sur Ahmed Ressam 32 ans, en possession d'un des plus puissants explosifs au monde le RDX connu sous l'appellation scientifique de cyclotriméthylène trinitramine que les enquêteurs américains en collaboration avec les services policiers canadiens ont reconstitué la toile d'araignée du réseau terroriste islamiste, en Amérique du Nord. C'est de cette façon, qu'ils sont remontés à Mokhtar Haouari, arrêté à Ville d'Anjou à la périphérie de Montréal par la GRC (Gendarmerie Royale Canadienne), suite aux révélations de Abdel Ghani Meskini arrêté à New-York le 25 décembre. Quelle est la trajectoire du suspect ? Le 24 août 1993, soit deux semaines après son arrivée au Canada, Mokhtar Haouari originaire d'Arzew (Oran), se présente à un bureau d'Immigration pour revendiquer le statut de réfugié politique, il a franchi le sol canadien via la France et la Suisse, en possession d'un passeport français sous l'identité de Abderrahmane Boumazrek. Il affirme appartenir au FIS, jusqu' en 1992 et avoir participé à des actions non violentes. Aussi, il dit s'en être détaché par " principe ". " J'étais contre toute forme de violence" affirme t-il, lors de son arrivée au Canada. Prétendument menacé aussi bien par le FIS que par les autorités algériennes pour avoir transporté des armes, c'est sur cette base qu'il établi sa demande de statut de réfugié. Méconnu par les services d'Interpol, aucune affiliation politique n'a pu être établi par les services canadien, à son sujet. Le 19 juillet 1994 sa demande de refuge est rejetée pour manque de crédibilité. Persona non grata au Canada, son renvoi vers son pays d'origine n'a pas eu lieu. Allant d'appel en révision de dossiers et profitant du moratoire (voir encadré) décrété par le ministre de l'Immigration sur le renvoi des ressortissants algériens revendicateurs du statut de réfugié, Mokhtar Haouari bénéficie de la largesse de ce décret et demeure au Canada. Par ailleurs, il profite des prestations sociales de septembre 1994 à avril 1999 allouées par le gouvernement Québécois aux couches de la population les plus vulnérables. Toutefois, il est aussi propriétaire d'une boutique d'artisanat qui porte le nom de " Artisanat Nord-Sud ", situé au 4009 de la rue marchande St-Laurent. L'enquête policière a permis de découvrir que dans une demande de carte de crédit faite à Mastercard, Ahmed Ressam avait indiqué être gérant de ce magasin et en avait donné les coordonnées. Il n'en demeure pas moins que les affaires de Mokhtar Haouari continue de fleurir sur la rue St-Laurent, même si la boutique porte le nom de ...palmier, plus exotique ? Pour le reste, il faudra attendre le procès pour savoir si Mokhtar Haouari serait à la tête de la filière terroriste, au Canada.