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LA CONTROVERSE DES DOSSIERS TUNISIE
Publié dans Maghreb Observateur le 15 - 02 - 1999

Quand nous jetons un coup d'œil à ses tissages de désinformation sous forme de dossiers élogieux, que ce soit ceux de Jeune Afrique (J.A.) ou de Nouvel Afrique Asie (N.A.A.). Il est clair que tout étincelant qu'ils soient nous pouvons y soupçonner des contradictions qui prêteraient à réflexion. Ainsi le dossier de Nouvel Afrique Asie No 103 d'avril 1998, préparé par des Tunisiens (?) sonnerait l'allégorie au dictateur rédempteur, bref, du "réchauffé" monté de toutes pièces à des fins propagandistes.
Quand on ose avancer l'aberration que Ben Ali est " Un homme qui a su incarner en sa personne et dans sa politique l'identité nationale tunisienne, CONSENSUELLE, TOLERANTE, OUVERTE...". On risque de se mettre à dos toutes les ONG traitant des droits de l'homme qui ont maintes fois prouvées le contraire et la documentation ne cesse d'abonder dans ce sens. Quand à l'IDENTITE tunisienne, il semble douteux, qu'elle puisse être INCARNEE par le culte de la personnalité, la répression et la torture, apanage de tout bon dictateur qui se respecte.
Quand on prétend que le " développement se doit d'être RESPECTUEUX DES EQUILIBRES, SOCIAUX, CULTURELS, ECONOMIQUE ET POLITIQUE ", on situe sans doute la Tunisie dans l'engrenage de la mondialisation qui comme le souligne Mme L. Khaiate " Laissera au bord de la route ceux qui refuseront de s'adapter ". (N.A.A. AV.98)
Dans ce cas-là, les routes hélas n'y suffiront sans doute plus, mais il faut inclure les mers, car la société reflète gravement les stigmates d'une paupérisation latente mais croissante et le mouvement des Boats-People tunisiens de cet été, demandant l'exil à l'Italie reflète bien la situation alarmante qui règne au pays.
La classe dite "moyenne" a depuis sombré graduellement dans le chaos socio-économique de la privatisation qui vient gruger les salaires et les avantages sociaux, alors que la fonction publique n'offre aucune sécurité salariale décente, mais à peine de quoi faire miroiter une retraite médiocre.
UNE TERRE HYPOTHEQUEE
L'agriculture et les gens de la terre non seulement sont voués aux aléas climatiques mais ne peuvent espérer un avenir lucratif, tant que les programmes asphyxiants de la Banque Mondiale et du F.M.I leurs imposeront, selon les besoins de la C.E.E., les mesures drastiques qui prévalent aujourd'hui.
Elle pille et essouffle le peu des terres tunisiennes exploitées, annihilant ainsi tout espoir d'autosuffisance alimentaire pour le pays qui exporte le meilleur de ses produits (fruits, légumes, agrumes, produits de la mer) en retour des rebuts de l'Occident, échangés à prix d'or.
Il est clair qu'en Tunisie, la terre non seulement ne nourrit plus son homme mais accaparée par le monopole oligarchique terrien qui seul tire profit des programmes d'ajustement du F.M.I., elle n'a jamais valorisée le paysan qui s'échine à la cultiver, mais qui au contraire le crucifie aux contraintes avides du marché européen ou international.
Des Terres monopolisées par l'export, mais surtout par un matériel agricole dont les prix exorbitants suscitent soit une classe de spéculateurs qui tire profit de sa vente et location, soit un endettement chronique pour celui qui se frottera au rêve d'un minimum d'autonomie matérielle.
Au niveau des baux de 40 ans (N.A.A) ou de 25 ans (J.A), accordés aux étrangers selon M. Ridha Kefi, sur les meilleures terres cultivables, seront-ils renouvelables? Sans aucun doute. Et qu'en suivra-t-il pour que ces terres soient de nouveau exploitables par le Tunisien "légitimé" ? Cinquante ans de jachère?
Cependant, en Tunisie et c'est là le pire, autant les terres abondent, autant elles restent désertes. Du démantèlement des terres coloniales qui représentaient 600.000 hectares, 200.000 sont actuellement exploitées par le clan Ben Ali, au gré de la C.E.E ou des capitaux étrangers privés et les 400.000 restent "Domaines de l'Etat" au lieu d'une distribution équitable qui permettrait aux ruraux de posséder un bien exploitable à revenus garantis.
Aux antipodes de cette thèse, le salaire minimum de l'ouvrier agricole (SMAG) est de 80 dinars (100 $ Can.) par mois à raison de douze heures de travail par jour en été sous des chaleurs infernales, de 10 heures en automne et de 8 heures en hiver; une pernicieuse forme non de servage mais plutôt d'esclavagisme -(car les serfs avaient au moins la protection de leur seigneur !)- qui représente sans doute le pourquoi de l'exode massif et le désintéressement total du jeune rural d'origine, à vouloir travailler une terre qu'il n'aura jamais l'occasion de posséder et exploiter à son compte et qui n'est pour lui que synonyme de misère.
ECONOMIE: DU NATIONAL AU PALATIAL
A tous les nombreux lecteurs (Tunisiennes ou autres) qui bradent une poignée de statistiques économiques reluisantes, qu'ils reconnaissent simplement le fait inquiétant voire alarmant suivant. Demain leur terre ne leur appartiendra plus, leur économie encore moins car tout est prétexte au non de cette apocalyptique mondialisation, pour livrer la Tunisie, ses ressources humaines et naturelles, poings et pieds liés au capital étranger; l'exploitation britannique du gaz (British Gaz) la mainmise franco-américaine sur l'électricité (Community Energy Alternative) et bientôt sur les cimenteries, les raffineries de sucre, la production touristique, les hydrocarbures détenus à 80% par l'extérieur et des visées ardentes sur les transports, les banques, les communications... Ajouté aux quelques 2000 entreprises à "caractère étranger" déjà actives et dont le nombre va en croissant, à la bourse qui par une perte de contrôle pourrait devenir l'outil par excellence de la pénétration externe, c'est d'assez mauvais augure pour la légitimité nationale, économique donc politique de la Tunisie des générations futures.
Nous n'aurons pas beaucoup de mal à réaliser qu'au train où elle va, la crise de la mondialisation qui frappe les pays d'Asie, d'Amérique latine ou d'Afrique gangrenés par les bons auspices de la B.M et du F.M.I, se déplacera fatalement vers le Maghreb. Car force est de constater que par exemple, les stratèges du F.M.I. se sont lourdement fourvoyés dans leurs calculs asiatiques pour conduire tout droit les tigres dans les rets de la crise.
Sur les cinq continents, ces "Men In Black" du F.M.I., de la B.M., de l'O.M.C ne cessent de récolter les fruits véreux de leurs opérations catastrophiques, sans pour cela désarmer leurs fameux plans d'ajustement structuraux. Et face aux soulèvements populaires qui s'en suivent tel des centaines de foyers révolutionnaires essaimant le Tiers ou le Quart-Monde, cela ne laissent présager rien de meilleur pour l'avenir...
Ces Super-Men de l'économie mondiale volant aujourd'hui bien bas, brûlent un à un les rares recours avec l'utopique espoir de trouver la solution miracle qui redressera une situation mondiale piquant méchamment du nez jour après jour...
Comme le soulignait le Washington Post du mardi 05 octobre 1998 "Il y a trop d'architectes des finances pour cette mondialisation et en général les secteurs qui devraient être prioritaires (Santé, éducation, emploi, couvertures sociales, jeunesse, environnement..) sont totalement négligés"...
Le dernier sur la corde raide et sur la liste d'une imminente dégringolade serait le Brésil et cette fois-ci Clinton tient sa culotte à deux mains pour tenter de faire valoir auprès de la B.M le déblocage de 18 milliards de dollars en faveur de ce pays dont la chute économique entraînerait des dommages irréversibles pour l'Oncle Sam.
Pourtant, sous la bénédiction du "Corcovado" les bras grands ouverts sur le Capital, les escadrons de la mort perpétuent des dizaines d'assassinats par jour pour éliminer les enfants de la rue et donner une image "clean" de Rio ou Brasilia où la corruption et la malversation d'une minorité ont favorisé, comme en Tunisie, l'accroissement des couches socialement défavorisées qui représentent la majorité dans ces deux pays.
L'URBANISME DU GHETTO
A l'aube de l'an 2000, Tunis ceinturée par la misère accuse le résultat du développement socio-urbain là, tel une tare. Agglutinées autour de la Capitale et des grandes villes, les masses de l'exode journalier s'entassent dans les ghettos coupe-gorge, ces 600 quartiers populaires de M. Mlika (N.A.A., avril 98) où 1,4 millions de la population du pays vient gonfler les rangs de la délinquance, un grand nombre de ces âmes étant illettrées ou analphabètes.
Par rapport à cet aménagement urbain d'opérette, une petite contradiction encore quand au niveau de l'ingénierie: on s'enorgueuille de disposer de 3 ingénieurs pour 1 technicien supérieur (J.A) alors que d'un autre côté (N.A.A) on affirme que faute d'ingénieurs en génie civil on doit recruter des "bleus" encore aux études pour les travaux d'aménagement urbain !
On se targue d'y avoir installé l'eau et l'électricité sans doute par mesures urgentes d'hygiène et de salubrité publique ou pour ne pas réveiller les odeurs nauséabondes du Lac qui ont toujours enveloppé la ville, mais ces installations représentent autant de factures auxquelles ces citoyens de misère ne pourront sans doute pas faire face régulièrement.
Sur la route de Gabes alors que Ben Ali rencontrait le Colonel Khadafi, il a suffit d'une heure de pluie pour que la région se transforme en marécage et que la circulation soit bloquée durant 7 heures...
Face à la déferlante du chômage, pour la majorité outrageusement exploitée dans une optique de "RECYCLAGE POUR UNE SECONDE CHANCE (N.A.A)", par des salaires de tôliers de fortune, de ferrailleurs ou mécanos improvisés, de vendeurs à la sauvette ou de Tabouna (pain de campagne), de cireurs de chaussures, de domestiques ou de voleurs à la tire, les fins de mois sont très dures à boucler pour la minorité active de la masse, alors que le gros du bataillon vient gonfler les rangs, des délinquants, des prostituées, des saoulophones, des mendiants qui reviennent en force ou des prisonniers de droits communs.
Depuis 1987, la criminalité a augmenté de 30 % en Tunisie où délinquance et cambriolages sont devenus monnaie courante. Tout oubli est propice au vol, du linge qui sèche sur la corde à l'auto que l'on a omis de verrouiller ou simplement pour l'avoir laissée dehors... Quant au vandalisme, la plupart du temps il est gratuit et reflète la frustration émanant d'une majorité pauvre où un îlot de favorisés, pas forcement tous corrompus, font face aux régulières vagues vandales, simplement parce qu'ils font tâche d'huile par leur train de vie normal !
Le mouvement criminel à Tunis va jusqu'à braquer les transports en commun et le dernier en liste a eu lieu récemment dans un wagon du métro léger, organisé par quatre individus armés de couteaux qui ont eu le temps de rafler argent et bijoux avant de s'enfuir.
Bref, pour rester dans les cordes de M. Mlika quand à la maintenance et au suivi de ce genre d'opération d'aménagement urbain, surtout en ce qui a attrait au système de canalisation domestique, il fait plutôt partie du dérisoire et les premières pluies entraînent en général l'inondation nauséabonde de ses sous-zones urbaines.
La précarité des matériaux, le bâclage systématique des travaux, les magouilles notoires des entrepreneurs, tout est propice à la dégradation latente du niveau de vie dans ces quartiers.

Après la pluie, les inondations...
UN MARCHE DICHOTOMIQUE
L'économie interne se reflète dans les états d'âme d'un marché alimentaire local qui en général est au-dessus des moyens financiers du consommateur moyen.
Et quand M. Ridha Kefi affirme que le pouvoir d'achat du citoyen est en nette progression ceci semble à l'opposé de ce qui suit !
Les prix des produits locaux ou d'exportation flambent, les salaires stagnent ou diminuent dans le secteur privé.
Seuls les B.C.B.G. qui forment le gros de cette classe d'arrivistes du Sud, Sfaxiens en tête, issus des milieux Benalistes ou de cette économie du pire, rongés par le complexe séculier des "noirauds en B.M.W", en défigurant les banlieues à l'origine sélectes et huppées peuvent se permettre tels les coopérants étrangers ou les diplomates de "magasiner" chez "Touta" où le marché de quelques jours équivaut à un salaire mensuel de "smicard", soit 120 dinars par mois (150$ Can.), pour soulignons-le 48 heures de travail par semaine.
Les aliments de base comme les viandes, les fruits, légumes de saison et le poisson (qui partent à l'exportation) les produits laitiers (tels les yogourts, fromages) sont limités et ont tendance à figurer parmi les produits de luxe. Ainsi le kilo de bœuf douteux est à 9 dinars le kilo, 20 D. pour le poisson. Les prix varient entre 700 millimes et 1,5 d. pour les légumes, entre 1,5 D. et 5D. pour les fruits ! (Photos 4, 5) Et comble du sort, que ce soit dans le plus petit Douar rural de Jendouba ou dans les marchés des grandes villes, les prix sont identiques. En gros au niveau alimentaire dit de base au Canada, les coûts sont 4 fois plus élevés qu'à Montréal alors que le "smicard" tunisien dispose d'un pouvoir d'achat 10 fois plus faible, ceci bien sûr sans parler des zones rurales ou les rares travailleurs touchent le SMAG (Salaire Minimum Agricole) équivalant à 80 dinars, soit 40% de moins que le SMIG qui se situe à 120 D. Et gare à la bonne âme, à la tête de son entreprise, qui, consciente qu'il faudrait dix fois le SMIG pour qu'une famille puisse vivre décemment sans surplus ni frasques, songerait d'avantager les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail, elle se ferait vite taper sur les doigts par les hommes de l'intérieur dans leur perpétuelle appréhension de l'effet " boule de neige" qui nuirait à la politique... et les exemples sont nombreux.

Si bien que du côté alimentaire, le gros de la population tunisienne n'a d'autre alternative que de faire des dérivés du blé et d'autres céréales (semoules, pâtes, pain, couscous) et des légumes secs, son éternel quotidien.
Pour se vêtir en ville, le choix n'est pas bien grand à moins de drastiques sacrifices. Mais en général, face aux prix affichés en vitrines; une chemise de fabrication locale "convenable" vaut 40 D. une paire de chaussures dont la semelle va se décoller un mois après 50 D., un pantalon avec défauts garantis à partir de 35 D., les friperies font des affaires d'or.
Nous ne voyons donc toujours pas dans ce contexte pourtant assez superficiel, comment nous pourrions prétendre parler d'équilibre socio-économique... quand une minorité s'empiffre alors que la majorité se contente de saliver...
DES TEMOIGNAGES ALARMANTS ...
Un enseignant du Lycée (collégial) interrogé lançait désespéré: "Je touche 420 Dinars (400$ U.S) par mois après quinze ans de services; 200 partent pour le loyer, 120 pour mes déplacements (essence), et je dois faire avec 100 dinars pour nourrir, vêtir et scolariser les cinq bouches de la famille ?!?! Foutaises! Je suis comme tout le monde voué aux dettes, tout l'électro-ménager, les meubles, la télé, le système de son... et bientôt une auto à crédit car la mienne avec ses dix ans de rafistolage engendre plus de dépenses. La seule différence entre nous et les classes populaires est en fait notre degré d'endettement chronique qui nous donne l'illusion matérielle d'être différents. Alors que l'on sait que la corruption, l'abus de pouvoir et la magouille à tous les niveaux sont monnaies courantes dans l'entourage direct du Président et gangrènent une grande partie de l'activité économique du pays... Tout cela pour entretenir mafieusement et par le vice ce luxe outrageux qui défile devant nous à coup de luxueuses voitures allemandes et les parades de ces quelques familles qui nous gouvernent avec la corde au cou... et nous la grande masse vouée au silence imposé, nous faisons des pieds et des mains pour pouvoir joindre les deux bouts à la fin du mois... si c'est ça la mondialisation, non merci; c'est bien beau d'avoir "Pizza-Hut" et "Levi's" à Tunis , mais quand la pizza, soit-disant pour trois, coûte dans les dix dinars et que le sacro-saint Levi's se négocie à partir de 150 D., c'est pratiquement faire miroiter des fèves sèches à un édenté, ou faire reluire le rêve de l'éternel inaccessible, tellement l'écart est grand entre pouvoir d'achat et prix du marché..."
Un journaliste: "Notre profession devient de plus en plus hasardeuse et aléatoire; pour être publié, il faut absolument mettre le Président à toutes les sauces de l'éloge possibles et imaginables. La page vide devient synonyme d'opposition donc de répression et ceux qui, pour alimenter leurs colonnes, sont en mal de tartinages présidentiels, le métier ne nourrit plus son homme et il faut irrémédiablement se tourner vers le système "D" (Démerde) pour pouvoir entretenir la famille.
Nous avons en général une deuxième "Jobine" qui nous permet à peine de survivre, avec toujours la peur du lendemain et l'obsession surtout de voir débarquer les hommes de "l'Intérieur" ne venant pas en général pour conter fleurette mais pour resserrer l'étau de la répression sous n'importe quel prétexte: recherche dans la désinformation, recueil de renseignements, chasse aux sorcières, délation...
Ce garçon de café qui me glissait "avec 160 D. que veux-tu que je fasse? Une fois le loyer payé, les factures réglées, il ne reste à ma femme que le choix de renouveler son "crédit" chez l'épicier jusqu'au mois prochain et ainsi de suite et c'est général... Ne parlons pas de mes trois enfants dont deux sont scolarisés... ils voient la richesse autour d'eux alors que je n'ai même pas les moyens de leur payer une glace à 800 m. à chacun(1.25$)...
Passons sur les frais que l'on doit endurer durant la scolarisation de chaque enfant en livres cahiers, fournitures... et les vêtements, surtout que maintenant avec Levi's, Nike et Tommy Hilfiger la frustration augmente chez les jeunes défavorisés qui grouillent. Pour ces marques, il faudrait quatre fois mon salaire (à partir de 150 D. le Levi's et autant pour les Nike) alors les jeunes volent, rackettent, vont jusqu'à braquer... bref, c'est l'enfer. Mais ça ne va pas tarder à craquer cela finira par une "Intifadha"... Et c'est fatalement cette expression qui est revenue à maintes reprises aux cours de diverses discussions... "cette fois-ci rien n'y fera, ni police ni armée, même si nous avons que les cailloux pour nous battre, mais ça ne peut plus durer..." avançait ce gars de Soliman, petite ville qui connu des soulèvements alors qu'un de ses habitants fut assassiné par les hommes de l'Intérieur en 1991.
Un étudiant (Doctorat + expérience): "Sous Bourguiba, il y avait la milice en civil qui circulait dans les locaux universitaires, vers la fin de son règne, sur le conseil de Ben Ali qui était alors son ministre de l'Intérieur, on intégrait un commissariat dans chaque université. Aujourd'hui en 1998, CHAQUE DEPARTEMENT qu'une université puisse compter (histoire, philo, socio, etc. ) est TRUFFE par son propre COMMISSARIAT officiel ce qui fait CINQ à SIX COMMISSARIATS PAR UNIVERSITE en moyenne !
Ceci sans doute comme le souligne M. Mlika, pour " Armer les étudiants contre les dérives et imposture d'une pensée unique véhiculée par les courants obscurantistes qui avant 1987 utilisaient les campus comme champs de manoeuvre"... En clair: bâillonner et appliquer une répression active sur un mouvement étudiant d'où pourrait émaner cette volonté d'une pensée uniquement démocratique, comme cela se fait dans tous les milieux estudiantins des pays dotés d'une réelle démocratie.
Et puis il ne faut pas se leurrer, même si le rêve de chaque étudiant ici est de terminer ses études ou de les approfondir à l'étranger, nous savons très bien dans le milieu étudiant, que sur les listes des quotas d'échanges internationaux dont le Canada fait partie ne figureront non pas les meilleurs mais les plus pistonnés..."
"De plus, j'ai été déçu par le Canada, je pensais trouver une Ambassade réceptive au malheur d'autrui; je m'y suis présenté à deux reprises à Tunis en vue de faire une demande d'immigration, on ne m'a pas laissé entrer la première fois sous le prétexte qu'il n'y avait plus de formulaires et le lendemain on m'a carrément remballé avec le conseil de laisser tomber en des termes pas très courtois... tout pour décourager les gens..."
L'AMBASSADE DU CANADA A TUNIS; " CHECK POINT CHARLIE " ?
Après vérification téléphonique, les formulaires étaient bel et bien là et suite à un détour devant l'Ambassade il est clair que la porte externe fermée, par les deux agents civils la gardant de l'extérieur, leurs deux acolytes à l'intérieur encadrant l'éternel et arrogant "Chaouch" de service, confirmèrent ces faits... Rien à voir avec l'Ambassade de France, par exemple, qui est ouverte à tous, à condition de faire la ligne de bonne heure. Donc la logique voudrait que, soit la Tunisie ne représente pour le Canada qu'une simple tangente tracée sur la surface économique de la Mondialisation, - là encore, en plus de Pétro-Canada, d'autres exploitants canadiens sont actifs en Tunisie -, soit que le gouvernement tunisien fasse pressions sur certaines ambassades pour qu'elles "ferment" leur porte au public car il est clair que des milliers de Tunisiens à l'heure actuelle cherchent à fuir la dictature de Ben Ali comme l'ont fait des milliers d'Italiens sous Mussolini, les Espagnols sous Franco, les Chiliens sous Pinochet, les Zaïrois sous Mobutu, les Haïtiens sous Baby-Doc, les "Sud-Af." de l'Apartheid, et les autres que trop nombreux... Mais si l'Ambassade d'un pays comme le Canada prend des allures de "Check-Point-Charlie" en refusant son accès au public tunisien, elle fait fi des droits fondamentaux dus aux individus à la recherche de toutes les libertés que l'on s'efforce de réprimer en Tunisie, et vient bafouer l'article 14 de la charte de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme dont il est signataire et qui stipule et je cite que: "Devant la persécution toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autre pays".
Bref le Tunisien sensé, cherche simplement à sauver les meubles face à la crise qui gronde car le malaise est général, des démunis, des boats-people à ceux qui ont réussi à percer par leur force de travail, on cherche à éviter la raison du pire qui s'approche au grand galop.
(A suivre le mois prochain)


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