Lorsqu'il se présente au lycée Al Irfane à Rabat pour passer l'épreuve de français de l'examen régional du baccalauréat libre, le candidat Noureddine Qchibel, député PJD et élu communal à Kariat Ba Mohamed (Province de Taounate), est loin de se douter qu'il allait devenir la risée des réseaux sociaux ce weekend. Ses équipements pouvaient faire croire qu'il s'agit d'un député à l'écoute de ses électeurs, mais son but ce jour là n'était nullement de porter leur voix au parlement. Pour réussir à décrocher son bac, ce député dépourvu de diplômes comme beaucoup de ses pairs, a succombé à la tentation de la triche. Il a ainsi introduit dans la salle d'examen non pas un seul téléphone, mais trois smart-phones dernier cri. Cible de toutes les moqueries des internautes, le parlementaire est passé aux aveux sans nier sa bourde, tout en essayant de tempérer les faits qui lui sont reprochés. Dans des déclarations publiées par le site officiel de son parti, il a reconnu avoir simplement "oublié les trois appareils dans ses poches", avant que le directeur ne les découvre sur lui suite à sa fouille 20 minutes après le début de l'examen. Oubli ou pas, la possession de téléphone dans la salle d'examen est considérée comme de la tricherie et est pénalisée par la loi que le gouvernement Benkirane a fait voter en 2015. Suivant l'article 6 de ce texte, le candidat en possession d'outils électroniques est "interdit de passer l'examen pour deux années consécutives", outre l'octroi de la note 0 sur toutes les autres épreuves qu'il a passées. Ce représentant de la nation n'aura donc pas son bac cette année et verra certainement son kit de triche saisi pour toujours. Polémique oblige, le PJD affirme dans un communiqué avoir entendu la version de son député et assure avoir soumis son cas à la commission "Éthique et Transparence", un organe interne au parti de la lampe. Des mesures seront prises à son encontre en cas d'établissement du délit de fraude, ajoute la même source. Morale de l'histoire: entre un candidat au bac qui triche et un candidat aux élections, il n'y a qu'un brin de différence, comme le prévoit le célèbre adage: "Qui vole un œuf vole un bœuf!". A. D.