C'est par un pur hasard que j'ai appris le jour même, en passant devant le théâtre national Mohammed V, l'organisation d'une manifestation musicale en hommage à l'un des plus brillants maîtres de la musique marocaine, feu Hadj Houssein Belmekki Hajjam. Je me suis dépêché pour en informer mes amis les plus proches et fit un saut à la rive droite pour aller chercher ma conjointe, elle-même admiratrice de cet art séculaire. L'événement valait bien le déplacement, et pour cause ! Ce virtuose qui égaillait les nombreuses soirées des mélomanes durant de longues décennies, que ce soit à Rabat, sa ville natale (né en 1910 décédé en 2002, qu'Allah aie son âme en sa sainte miséricorde) ou dans d'autres villes du royaume, était fort apprécié par les fins connaisseurs de ce noble et riche patrimoine. L'hommage était organisé à la hâte par l'association « Balabil Al Andalouss » en collaboration étroite avec le Conseil de la préfecture de Rabat et son président Si Ben Mbarek, et grâce à la disponibilité des responsables de notre théâtre national, dont le programme trimestriel s'établit bien à l'avance. Je félicite les organisateurs et en particulier le président M. Yaâkoubi Soussane et le maestro Abdelkrim Laâmarti, d'avoir pu imprimer une si belle brochure contenant les textes des morceaux choisis et interprétés à la perfection par cette gracieuse chorale constituée d'une pléiade de jeunes femmes de noble souche des deux villes jumelles du Bouregreg. Seulement, j'aurais aimé qu'on projette quelques enregistrements –même en noir et blanc- disponibles dans les archives de la télévision marocaine, où on aurait pu apprécier le talent, plutôt les différents talents de cet éminent artiste unique en son genre. N'a-t-il pas pu enregistrer sur les bandes de son magnétophone, à l'époque, des morceaux de la musique marocaine andalouse, qu'il vénérait, et sa sœur héritée de Grenade « Tarab Al Gharnaté » en jouant de plusieurs instruments, l'un après l'autre, avec une précision remarquable digne d'un grand technicien en la matière ? Je n'oublierai jamais cette charmante personne, tirée à quatre épingles, avec sa djellaba « sousdi » et qui manipulait son violon avec une élégance inénarrable, au milieu des autres membres de l'orchestre dirigé par Moulay Ahmed Loukili. Quant aux autres enregistrements dirigés par feu Abdellatif Benmansour, ce fut vraiment un régal, car on pouvait écouter avec un vif plaisir sa voix mélodieuse et apprécier ses belles réponses musicales issues de la caisse de résonance et sorties des cordes de son violon, qu'il frottait majestueusement avec son archet. Lors d'une soirée que les vendeurs de tissu des Kissariates de Rabat-Salé, organisaient à tour de rôle dans les domiciles des deux rives, alors que j'étais inscrit à l'institut Moulay Rachid en médina, j'ai osé demander qu'on m'honore d'une soirée dans le domicile de mes parents à Salé, surtout que feu mon père était membre du premier orchestre de musique andalouse de Radio-Maroc dans les années Quarante et Cinquante du siècle dernier. Quelles furent ma surprise et ma joie d'apprendre sur place l'accord sans façon de tous les membres de l'association de venir chez moi. Une soirée mémorable que je ne pourrai jamais oublier, en cette fin du mois de Chaâbane, où personne ne voulait quitter notre maison de la rue Boutouil, pour aller déguster son « Sou7our » .... C'est dans cette maison que feu Houssein Belmekki, en amitié pour feu mon père, est venu apporter son soutien à l'orchestre de Feu Mohamed El Baroudi, à l'occasion du mariage de mon frère Ahmed Lakrombi...Un geste noble que mon père avait apprécié à juste titre ! Repose en paix, Sidi Houssein ...Tu nous a légué un riche répertoire digne des grands et talentueux compositeurs, ainsi qu'une honorable progéniture avec laquelle nous évoquons votre bonté, votre générosité et votre supériorité dans ce vaste domaine où vous avez excellé en son genre. Abderrahmane KROMBI