Lors de l'hommage rendu aux vétérans de la vie associative par l'association Bouregreg le 23 mai 2O11, Moulay M'hammed Jaidi, ancien député de Salé et ancien cadre du ministère de la Justice et de l'Office Chérifien des Phosphates -entre autres- avait mis en exergue la vie d'un homme qui a marqué par sa virtuosité, dans le domaine musical durant des décennies, la vie culturelle et artistique de cette cité millénaire. Il s'agit de Maâllem M'hammed Lakrombi surnommé « musicien du Sultan » durant plus de trois décennies, ayant servi comme animateur musical au service des sultans Moulay Hafid, Moulay Youssef et Sidi Mohammed Ben Youssef jusqu'à l'exil de ce dernier le 20 août 1953 en Corse puis à Madagascar, en compagnie de la famille royale. Ce qui amena Si M'hammed à jurer de ne plus remettre les pieds au Touarga où il avait élu domicile durant le mois de Ramadan à côté de son ami Hadj Abderrahmane Benmoussa. Celui-ci guidait la prière et les « Tarawih » quant à notre virtuose de la « Ghaita » agrémentait les longues soirées ramadanesques par ses mélodies inspirées de notre patrimoine maroco-andalous devant Sa Majesté. Parmi ceux qui ont été présents à de telles cérémonies figurent son fils Hadj Ahmed et le mélomane et grand amateur de la musique andalouse Hadj Mohammed Laâlou ainsi que Si Hadj Mohammed Benmoussa qui accompagnaient à tour de rôle notre musicien à la mosquée Ahl Fes ou la station provisoire de Radio-Maroc située à l'époque à l'ancien immeuble de l'ex- ministère des P.T.T. jouxtant la Mosquée As-Souna et le lycée Moulay Youssef. A l'époque, ce fut l'orchestre de musique andalouse de Salé dirigé par le virtuose du violon feu Mohammed El Baroud qui animait des soirées hebdomadaires en direct sur les ondes de cette station unique au Maroc. Sur la photo de cet ensemble prise en 1947 à l'intérieur des studios, on peut voir les anciens instrumentalistes tous disparus, à part le plus jeune à l'époque, Hadj Ahmed fils du Maallem M'hammed auquel l'association Bou Regreg avait rendu hommage en 2012 à Salé. On peut distinguer Maallem Al Baroudi, Azzi Ahmed Bojor au Rebab, Mohammed Nejjar, Lahcini Charef, Soroto, Hajji Dhob, Si Tayebi Naciri et sa derbouka, Maallem Mohammed Ghlid au « tarr », Belghazi, Mohammed Marrakchi dit »Chehma » et au fond Maallem Lakrombi au »Nay » et le chanteur du Melhoun le Cheikh Benaissa Chellioui El Fassi. Manquait dans cette photo unique et considérée comme seul archive remémorant cette période, le pianiste slaoui Sidi Dahbi entre autres ! Aujourd'hui, c'est au tour de l'association Sala Al Moustaqbal dirigée de main de maître par le Chérif Moulay Ismail Alaoui fils d'un grand patriote de cette cité au passé glorieux ,de rendre hommage à cet homme qui agrémentait par ses mélodies féériques toutes les festivités familiales, religieuses et même patriotiques pendant les années du protectorat français à la veille de l'indépendance. Les témoignages requis parmi les survivants de cette période démontreront à la génération actuelle ce dont regorge notre ville de tels pages de notre histoire contemporaine qui vont être sauvegardées grâce au travail minutieux entrepris par cette association lors de cette cinquième édition du festival printanier « Salwan » entre le 19 et le 28 avril 2013. Cet hommage aura lieu le jeudi 25 courant à 19h. au siège de la salle des fêtes de la communauté urbaine de Salé à Bab Sidi Bouhaja. Un orchestre slaoui de musique marocaine andalouse nous fera vivre des moments de délectation en savourant des morceaux choisis des célèbres « Noubats » exécutées jadis par nos grands musiciens disparus, qui ont pu transmettre ce legs universel de génération en génération, grâce à leur dévouement, leur abnégation et leur patriotisme qui a dépassé les frontières.