Spécial festival Mawazine Trois instrumentistes marocains de haut-voltige ont profité de leur concert au Festival Mawazine pour s'offrir une séquence de pure créativité et d'improvisation ingénieuse, qui n'a pas été sans plaire au public de la salle Renaissance. Cette constellation de choix était composée du virtuose du luth Haj Younes, du violoniste réputé Amir Ali et du flutiste d'exception Rachid Zerwal, accompagnés à la percussion par Tarek et Hasan Makram, dans une parfaite complicité entre des instruments représentatifs de différents registres. Le trio de musiciens aguerris a entrainé l'auditoire dans un voyage artistique exploratoire inédit, enchaînant et alternant compositions marocaines et arabes, airs classiques et traditionnels, mélodies rythmées et douces. Entre trois virtuoses présentant chacun une carte de visite des plus éloquentes, une alchimie s'est vite installée sur scène, à la faveur d'une distribution mettant en avant chacun des trois instruments, mais aussi de solos au firmament de l'improvisation maîtrisée, dans un moment où fusionnent l'euphorie de l'instant et la maturité de longues années de pratique. Le luth de Haj Younes vibrait avec nervosité et anxiété, l'archet d'Amir Ali frottait les cordes avec délicatesse en expérimentant certains accords, alors que la flute de Zerwal soufflait un air profond de soufisme. Les trois virtuoses ont ouvert le récital sur une composition de Rachid Zerwal qui a revisité les «Jardins de l'Andalousie» avec une touche de jazz, dans un hymne à ce patrimoine artistique et culturel immortel, ayant démontré une capacité avérée de renouveau en intégrant les couleurs musicales les plus modernes. Haj Younes a pris les commandes en jouant un morceau tiré du répertoire précieux de son père spirituel au luth, le Turc Jamil Bek Tambouri, décédé en 1916. En effet, le luthiste marocain de renommée internationale s'est rendu spécialement dans le pays d'Ataturk pour obtenir l'enregistrement original de cette composition. Amir Ali va laisser libre cours à son violon spectaculaire en interprétant les plus grands classique de l'âge d'or de la musique arabe, ceux de la diva Oum Kalthoum et du rossignol Abdelhalim Hafez. Ensemble, les trois virtuoses offriront au public un cocktail de compositions inspirées de l'héritage du maestro Mohamed Abdelwahab, du pionnier de la chanson marocaine moderne Ahmed Bidaoui, pour terminer en beauté avec le magnifique morceau musical «La danse de l'Atlas» du défunt Abdelkader Rachdi.