Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, accompagné de SAR le Prince Moulay Rachid, et de SA le Prince Moulay Ismail, a présidé lundi au Palais Royal à Rabat, la troisième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan. Cette causerie a été animée par le professeur Mohamed Yahya Al Ninawy, doyen de la Faculté Madina des études islamiques et des recherches à l'Université de Géorgie aux Etats-Unis d'Amérique, sous le thème "la non-violence, un principe islamique authentique", à la lumière du verset du Saint Coran: "Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi, je n'étendrai pas vers toi ma main pour te tuer: car je crains Allah, le Seigneur de l'Univers". Le professeur Mohamed Yahya Al Ninawy a, de prime abord, souligné que la violence est un phénomène qui menace les sociétés, sème le mal, la souffrance et la destruction, et va à l'encontre de la finalité des messages des prophètes et des desseins de la Charia, à savoir la protection de la religion, des personnes et des biens. La violence au nom de la religion est une guerre contre l'Islam en soi et une violation de l'esprit de ses textes, a-t-il dit, notant que c'est pour cela que l'Islam ne prêche ni cautionne la violence de quelque forme qu'elle soit et prône au contraire le principe de non violence et de non contrainte comme souligné dans le verset coranique "Nous ne t'avons envoyé que comme Miséricorde pour l'humanité". Il a, de même, évoqué les conséquences fâcheuses au cas où les principes de non violence et de non contrainte sont ébranlés, en termes d'effusion de sang, de mort d'innocents et de dépravation, affirmant que l'Islam a prohibé tout ce qui est susceptible de porter atteinte à la sécurité et la sérénité et de semer la terreur et l'instabilité. L'amour et la paix sont l'essence de l'Islam Le Prophète Sidna Mohammed, Paix et Salut sur Lui, a prôné les valeurs de non violence et de non contrainte, comme illustré dans les différents aspects de la Sounna, en donnant les meilleurs exemples de lutte contre la violence par la non violence. Après avoir souligné que l'Islam est accusé à tort d'être une religion qui incite à la violence et que les Musulmans sont mis sur le banc des accusés, alors qu'ils sont les premières victimes de violence et d'extrémisme, il a affirmé que l'Islam est totalement innocent de ce genre d'accusations et que l'amour et la paix sont l'essence de cette religion. Si certains intellectuels non religieux persistent à accuser la religion d'être responsable des guerres, de violence et d'extrémisme, l'Islam prône clairement et sans équivoque la non violence et véhicule un message de quiétude pour l'humanité et non de malheur comme le prétendent certains, a t-il dit, notant qu'en fait, la cupidité, la jalousie et l'autoritarisme sont les véritables causes de la violence et des guerres dans le monde. Il a, dans ce sens, expliqué que la violence se définit globalement comme un abus de pouvoir, et la tendance à imposer des idées de nature à avoir une incidence néfaste sur soi-même et sur autrui. La première forme de crime date de l'antiquité avec l'histoire des deux fils d'Adam. Sous l'emprise de la jalousie, de l'ignorance et de l'orgueil, Caïen (Qabil) a tué son frère Abel (Habil), a-t-il rappelé. La non violence et la non contrainte prônées par l'Islam, est un jihad contre les manifestations du mal, de la haine, de la violence et de toutes les formes négatives des rapports régissant les individus, les communautés et les peuples, a-t-il souligné. Le caractère sacré de la vie humaine Évoquant les différentes formes et manifestations de violence, le conférencier a notamment cité la violence entre les humains, prohibée par Dieu comme le souligne le verset coranique "Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez", ou encore la violence envers les animaux et l'environnement. Il a distingué trois formes de violence entre les humains: intellectuelle, verbale et à travers des actes, faisant observer que la violence intellectuelle, qui se manifeste à travers des idées destructrices, est à l'origine de toutes les formes de violence, d'où sa prohibition par l'Islam dans de nombreux versets. L'Islam a également mis en garde contre la violence verbale, a dit le conférencier, affirmant que l'ironie et la moquerie sont des formes de violence verbale blâmable qui engendrent la haine entre les personnes. S'agissant de la violence à travers des actes terroristes, il a fait remarquer que l'Islam a également mis en garde contre cette manifestation de violence, conformément au verset coranique "quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes". Le prononcé du verset renseigne sur le caractère sacré de la vie humaine. En témoigne également le verset "Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi, je n'étendrai pas vers toi ma main pour te tuer". Sa réponse face aux menaces de son frère "Je crains Allah, le Seigneur de l'Univers", illustre sa foi en le jour du jugement, où violence et effusion du sang sont passibles des plus lourds châtiments. C'est comme s'il signifiait à son frère que sa vie à lui ne vaut rien, comparée à la colère de Dieu et à Sa punition le jour du dernier jugement, a-t-il estimé. Réformer et non déformer De même, a-t-il poursuivi, il ressort de ce verset que la menace de violence et de mort n'est jamais proférée par une âme qui craint Dieu. Le verset "Moi, je n'étendrai pas vers toi ma main pour te tuer" révèle que le seul fait de menacer, sans l'intention de donner la mort, est prohibé et expose au châtiment. Par ailleurs, le Tout-Puissant clarifie, dans le Saint-Coran, que la non-violence n'est point synonyme de la négativité totale ou de la capitulation face au meurtre, à l'injustice et à la tyrannie. La résistance coranique se veut une résistance positive qui vise à "réformer et non à déformer au nom de la réforme", encore moins à opposer à la violence une autre plus maléfique et dévastatrice, la destruction n'étant nullement la voie de l'édification et la mort n'étant guère le chemin de la vie, a ajouté le conférencier. Dans le monde ici-bas, la résistance coranique entend la réforme religieuse, sociale, économique et politique sans effusion de sang, ni violence, ni corruption ou destruction, a-t-il souligné, ajoutant que dans le verset coranique, la violence est engendrée par l'envie, la jalousie, l'avidité ou l'ambition immodérée. Par ailleurs, il a fait remarquer que le jihad en Islam n'a pas été autorisé pour offenser et s'en prendre à autrui. Il n'a pas été édicté, non plus, pour riposter à la violence par une violence plus brutale et plus sanguinaire. Loin s'en faut, le recours au jihad tend à protéger et à préserver le système de non-violence, de non-contrainte et des libertés. Le conférencier a aussi relevé que le Coran a consolidé son appel à la non-violence, en rappelant que les fondements de la vie, après la foi en Dieu, sont la paix et la non violence pour lesquels beaucoup de personnes omettent de rendre grâce à Dieu, conformément au verset coranique "qu'ils adorent donc le Seigneur de cette Maison (la Ka'ba) qui les a nourris contre la faim et rassurés de la crainte !". Le conférencier a conclu que l'Islam est porteur d'un message pour une vie et un monde meilleurs pour l'ensemble de l'humanité, croyants et non-croyants, et prône la justice et le bonheur pour tout un chacun, s'interrogeant: Où sommes-nous de tout ça aujourd'hui ? L'humanité a-t-elle donné corps au message de l'Islam ? La violence satanique serait-elle toujours en train de ruiner ce que bâtissent les fils d'Adam ? Une civilisation de paix Pour le conférencier "l'Islam s'est rendu à l'évidence que Nous, les hommes, sommes différents de races, de langues, de croyances et de cultures, mais nous rappelle toujours que notre unité humaine n'est pas conditionnée par une parfaite conformité sur le plan intellectuel. En définitive, l'humanité, tout entière, provient de la même origine, le même Père et la même Mère. Nous avons un seul créateur, nous vivons sur la même planète et nous partageons les mêmes souffrances et espoirs", a-t-il souligné, notant que l'Islam, via la culture de non-violence qu'il prêche, veut nous guider vers une civilisation de paix et ne pas attiser les conflits des civilisations. Au terme de cette causerie, SM le Roi, Amir Al Mouminine, a été salué par le Pr. Abdelkader Cheikh Ali Ibrahim, ministre de la Justice, membre de la Commission de la Justice, du Waqf et des Affaires islamiques au Parlement somalien, le Pr. Othmane Ben Mohamed Battikh, Mufti de la République tunisienne, le Pr. Oussama Sayed Mohamed Azhari, conseiller du président de la République égyptienne pour les Affaires religieuses, le Pr. Salim Hitimana, Mufti de l'Etat au Rwanda et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, section Rwanda, le Pr. Abdelkarim Dioubati, secrétaire général des Affaires religieuses en Guinée, le Pr. Ahmed Mokhtar, conférencier à l'Institut de la cité au Cap Town en Afrique du Sud, le Pr. Mohamed Achibouana Mohamed, secrétaire des Affaires religieuses au Conseil supérieur islamique au Kenya et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, section Kenya et le Pr. Charnoukah El-Habib, enseignant à l'Université Cheikh Anta-Diop au Sénégal. SM le Roi a été également salué par Mohamed Ahmad Chafiâ, président du Conseil islamique du Niger et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, section Niger, le Pr. Chaoukat Aouda, directeur du Centre d'astrologie internationale en Jordanie, le Pr. Mustapha Valaen, chercheur français en métaphysique, le Pr. Mohi Eddine Jounidi Achmaoui, président du Conseil des Oulémas indonésiens pour la coopération internationale et les Affaires extérieures et le Pr. Hafed Abelhannan Hamed, enseignant à l'Académie de la Dda'wa à la Mosquée le Roi Fayçal à Islamabad.