Emmanuel Macron est arrivé dimanche à 10H00 à l'Elysée, où l'attendait le chef de l'Etat sortant François Hollande, pour devenir le huitième président de la Ve République. Le plus jeune président français jamais élu, âgé de 39 ans, a remonté d'un pas lent le tapis rouge devant un détachement de la Garde républicaine, avant d'être accueilli par son prédécesseur sur le perron du palais présidentiel. Les deux hommes ont échangé une poignée de mains de quelques secondes, François Hollande, souriant, posant brièvement la main sur l'épaule de son successeur, avant que tous deux ne gagnent le bureau présidentiel - le Salon d'or du premier étage - pour un entretien d'une demi-heure. C'est dans ce huis clos que le sortant livre traditionnellement quelques secrets d'Etat à son successeur, à commencer par les fameux codes de l'arme nucléaire. A l'issue de l'entretien, tout s'enchaînera très vite. Emmanuel Macron raccompagnera son prédécesseur jusqu'à sa voiture. Puis il gagnera le Salon des ambassadeurs pour être élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur avant de rejoindre la Salle des fêtes où le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, proclamera les résultats officiels de l'élection présidentielle. Un juppéiste à Matignon ? Par ailleurs, plusieurs indice annoncent depuis quelques jours le député de Seine-Maritime, pour le poste de Premier ministre, pourrait être nommé à Matignon dès ce dimanche soir. Ce qui semble un signal fort pour Les Républicains tentés de collaborer avec Emmanuel Macron: Édouard Philippe, juppéiste de longue date, est donné favori pour être nommé Premier ministre par le nouveau président de la République. Le chef du gouvernement sera désigné aujourd'hui lundi au plus tard, mais Emmanuel Macron pourrait nommer le maire du Havre à Matignon dès ce dimanche, au risque de jeter une ombre sur son propre sacre. Les deux hommes sont largement compatibles idéologiquement: «Macron pense à 90% la même chose que moi», déclarait Édouard Philippe fin 2016. Sa nomination à la tête du premier gouvernent du quinquennat d'Emmanuel Macron serait une nouvelle étape dans le projet de recomposition du paysage politique voulu par ce dernier. Cependant, le poids politique modeste d'Édouard Philippe chez Les Républicains, jusqu'ici simple lieutenant d'Alain Juppé, limite l'impact que pourrait avoir sa nomination dans les rangs de la droite. Ces derniers jours, les indices accréditant l'hypothèse Édouard Philippe se sont multipliés. Vendredi, Richard Ferrand estimait sur BFM TV que la nomination du Premier ministre serait «sans doute l'élément déclencheur» d'un ralliement des Républicains modérés à la cause présidentielle. Jeudi, Édouard Philippe se demandait lui-même si Emmanuel Macron allait choisir «la tradition», qu'il regarderait «avec respect mais avec distance», ou la «transgression», à propos de laquelle il ne souhaite pas «répondre par avance». Dans la foulée, le député de Seine-Maritime s'est lancé dans un discours de politique générale et internationale, surprenant dans un discours de campagne législative. Le Premier ministre choisi par Emmanuel Macron aura pour première mission de mener le camp présidentiel aux législatives, afin d'obtenir une majorité pour gouverner.