Les migrants de retour qui investissent au Maroc forment un autre groupe spécifique, car ils font face à des difficultés que les autres migrants de retour ne rencontrent pas forcément. L'enquête du CERED a constaté que 28 % des migrants principaux qui sont revenus au Maroc ont réalisé un investissement après leur retour. Moins de la moitié d'entre eux rapportent n'avoir rencontré aucune difficulté pour réaliser cet investissement, alors qu'un tiers évoquent des obstacles administratifs. D'autres citent un manque d'expérience (7 %), des problèmes de concurrence féroce (5 %) ou des capitaux insuffisants (4 %). Dans les trois quarts des cas, les investissements des migrants de retour n'ont pas été facilités, tandis que 14 % ont bénéficié d'une aide administrative et 10 % de prêts privés ou bancaires. La politique diasporique du Maroc est à la croisée des chemins pour plusieurs raisons. La politique de mobilisation de la diaspora marocaine est conçue autour du terme générique du développement mais sans appréhender précisément où et comment interviendra cette diaspora. Cette politique est conçue à une échelle nationale, ce qui nécessiterait, pour son succès, une connaissance et une coordination très poussées entre offre et demande, difficilement réalisables comme le montrent les expériences dans ce domaine. Jusque-là, on peut constater un manque d'offres précises vis-à-vis de la diaspora, ainsi qu'un manque d'incitations et de dispositifs spécifiques de mobilisation de la diaspora selon ses différents profils (CCME, 2012). Une politique efficace envers les émigrés marocains et leurs descendants vise à libérer leur potentiel pour soutenir l'économie marocaine. Ce potentiel apparaît considérable, notamment parce que la diaspora marocaine représente environ 10 % de la population au Maroc. La contribution importante des envois de fonds des émigrés marocains au PIB marocain suggère qu'ils pourraient aussi considérablement soutenir l'économie marocaine par d'autres canaux. Sur la base des données présentées dans ce chapitre, un grand nombre d'émigrés marocains pourraient retourner au Maroc, et beaucoup plus pourraient collaborer avec le Maroc de l'étranger. Les émigrés de retour ont tendance à avoir un niveau d'éducation plus élevé que la population au Maroc et augmentent l'offre de main-d'œuvre qualifiée. Ils sont aussi beaucoup plus susceptibles de devenir entrepreneurs, et une part importante des émigrés de retour semble réaliser des investissements au Maroc. En combinaison avec le transfert de savoir-faire et l'influence sur le développement de la société marocaine, cela peut créer une dynamique économique au sein de Maroc qui se développe ensuite indépendamment de sa diaspora.