La ferme mise en garde du Maroc, exprimée vendredi par la voix de SM le Roi, Chef suprême et Chef d'Etat-Major général des Forces Armées Royales, lors d'un entretien téléphonique avec le Secrétaire général des Nations Unies sur la gravité de la situation qui sévit dans la région de Guergarate au Sahara marocain à cause des "incursions répétées des éléments armés du polisario et de leurs actes de provocations", n'a pas attendu longtemps la réaction du secrétariat général de l'instance onusienne. Dans un communiqué relayé samedi par l'agence de presse officielle chinoise, Antonio Guterres a affirmé que "le trafic commercial régulier ne doit pas être entravé et qu'aucune mesure pouvant éventuellement perturber le statu quo dans la zone tampon ne doit être prise". Il s'est même dit "profondément préoccupé par les tensions accrues" dans la région de Guerguerat et a appelé les parties "à faire preuve de la plus grande retenue et à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter l'escalade des tensions, que ce soit des actions militaires ou civiles". Un communiqué du Cabinet royal indiquait vendredi soir que le Souverain a demandé au Secrétaire Général de l'ONU de "prendre les mesures urgentes et nécessaires afin de mettre un terme à cette situation inadmissible, qui menace sérieusement le cessez-le-feu et met en péril la stabilité régionale" soulignant que "ces actes se sont préméditamment produits un mois avant le retour du Maroc à l'Union Africaine, afin de créer la zizanie et tenter, en vain, de torpiller ce processus". Les Ministères des Affaires étrangères et de l'Intérieur, ainsi que l'Inspection Générale des Forces Armées Royales, a bien rappelé le Cabinet royal, avaient signalé, à plusieurs reprises, ces actes à la Minurso et aux Nations Unies. Réagissant positivement à la mise en garde marocaine, M. Guterres a appelé les parties à "respecter leurs obligations en vertu de l'accord de cessez-le-feu et à respecter à la fois les mots et l'esprit de celui-ci". Une réaction qui n'a pas laissé le Maroc indifférent. Dimanche matin, un communiqué du ministère des Affaires étrangères soulignait que Rabat prenait note "avec intérêt" de la déclaration de M. Antonio Guterres rendue publique le Samedi 25 février 2017 et enregistrait "les recommandations et les appréciations du Secrétaire Général, qui sont conformes à la légalité internationale". Dans la foulée, le département des Affaires étrangères a annoncé que sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi, et "afin que la demande du Secrétaire général soit respectée et appliquée dans l'immédiat, le Royaume du Maroc procédait, dès hier dimanche, à un retrait unilatéral de la zone". Le Maroc espère ainsi que l'intervention du Secrétaire Général permette de revenir à la situation antérieure de la zone concernée, de préserver intact son statut, de garantir la fluidité du trafic routier normal et, ainsi, de sauvegarder le cessez le feu et renforcer la stabilité régionale. Reste à savoir si après l'appel clair du SG de l'ONU, le Polisario va cesser ses provocations à l'adresse du Maroc ainsi que ses exactions en direction des camionneurs transitant par Guergarate. Un comportement dangereux qui a fini par installer une forte tension dans cette zone au point que le Maroc a estimé nécessaire d'exprimer haut son mécontentement. Et pour cause. Le fait de rendre public l'entretien téléphonique entre SM le Roi et M. Guterres et le ton ferme des propos du Souverain renseignaient sur l'exaspération du Maroc face à la fébrilité des adversaires du Maroc devant les acquis cumulés et les avancées engrangées par la diplomatie marocaine sur la scène africaine, particulièrement en rapport avec la question du Sahara. Ils renseignaient surtout sur une probable réaction sur le terrain de l'armée marocaine si les enfantillages du "polisario" ne venaient pas à s'estamper. Le Maroc dont les territoires sont ainsi violés par les incursions des éléments armés du polisario dans la région de Guerguerate située dans la zone tampon entre la ceinture de sécurité et la frontière du Maroc avec la Mauritanie, est en droit d'appliquer le principe du droit de poursuite reconnu par le droit international. Pour rappel, l'armée marocaine avait entamé, au mois d'août dernier, en vue de faciliter le transport de marchandises entre le Maroc et la Mauritanie tout en contribuant à la lutte contre la contrebande et les trafics, la construction d'une route goudronnée de 3,5 kilomètres environ, au-delà du mur de défense entre le poste frontalier marocain de Guerguerate et le poste mauritanien. Les travaux sur cette route traversant une bande étroite que le polisario n'avait jusqu'alors jamais osé investir n'ont pas été achevés, des éléments mécanisés et armés du polisario se sont interposé empêchant les pelleteuses d'aller plus avant. Le Polisario a, depuis lors, multiplié les incursions dans cette zone et les médias proches du mouvement séparatiste ont même fait état d'installation de "bases d'appui" aux abords de la frontière mauritanienne. Le polisario aurait également déployé des éléments armés dans d'autres parties de la zone tampon, notamment près de Bir Lahlou et de Mijk. Jusque-là, le Maroc n'a pas cédé à la provocation et a opté pour la retenue quand bien même une partie de ses territoires, consacrée comme zone tampon en vertu des accords de cessez-le-feu de 1991, donc devant être démilitarisée, est systématiquement violée. Rabat qui préparait, pendant toute cette période, son retour à l'UA, refusait de prêter le flan aux nuisances polisariennes mais s'est bien avisé de signaler ces incursions à la Minurso et aux Nations Unies plaçant ces dernières devant leurs responsabilités. Aujourd'hui, le Maroc qui a fermement fait part de son exaspération, a laissé clairement entendre qu'il ne demeurera pas les bras croisés devant un certain fait accompli que l'on tente de lui imposer.