Haj M'hamed Boucetta a été rappelé à Dieu, toutefois son nom restera à jamais gravé dans les mémoires des Marrakchis, particulièrement des istiqlaliens qui lui vouaient un respect religieux. Les politiques ont tendance à le qualifier de sage, au fait ce sont plutôt l'humilité, la bonhomie et une force de tranquillité déconcertante qui prédominaient à son caractère. Le défunt aimait les pauvres et chérissait les artisans avec lesquels il éprouvait du plaisir dans la discussion autour d'un thé préparé sur feu de bois. Comble du paradoxe, le grand politicien qu'il est, longtemps secrétaire général du Parti de l'Istiqlal avant de devenir membre de son Comité des Sages et plusieurs fois ministre, particulièrement des Affaires Extérieures, préférait les discussions spécifiquement culturelles comme s'il aspirait à prendre du recul par rapport à la chose politique. A preuve lors des moments de loisirs qu'il venait passer à Marrakech, il ne sortait qu'avec les intellectuels, rarement avec les politiques et jamais avec les grands commis de l'Etat, discrétion et modestie obligent. Adepte profond du soufisme, il organisait tous les ans des soirées du Semaa chez lui, y invitait ses amis et semblait vivre des moments de ferveur intense au milieu d'un aréopage de moussamiynes enthousiastes à l'idée de se concentrer sur les louanges du prophète et d'oublier les aléas du quotidien vécu. Le défunt est à ma connaissance l'une des rares personnes à jouir de l'unanimité quant à ses qualités intrinsèques de hauteur d'esprit et de conseiller écouté. Personnellement, je n'hésitais pas à aller m'abreuvoir de ses observations pour m'éclairer et me ressourcer. Il était pour moi et certainement pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, une véritable source de vie.