"Naissance d'une nation" est le titre d'un film classique du cinéma américain datant des années 10 lorsque David Wark Griffitth, un cinéaste blanc, expérimentait les premières théories du montage à travers des histoires liées aux communautés noires. C'est aussi le titre d'un film actuellement en salles où un jeune réalisateur du nom de Nate Parker, cinéaste, écrivain et musicien noir, revient sur le sujet en gardant le même titre en guise de clin d'œil à l'illustre cinéaste précurseur du gros plan taxé très tôt justement ou injustement de raciste. Il s'agit plutôt d'une réhabilitation du personnage noir au cinéma sous le mandat de Barack Obama, premier président de couleur dirigeant les Etats-Unis, quand, pendant huit ans, les minorités noires vont subir paradoxalement les pires atrocités racistes devant l'indifférence complice des pouvoirs publics. Hollywood, au fil des années Obama, essayait de rendre compte de cette désobligeante réalité. Le boycot observé par les acteurs de couleur à Hollywood à l'encontre des Oscars il y a peu de temps, mené par les stars Will Smith, Eddy Murphy, Samuel Jackson et autre Denzel Washington, n'est que le signe d'une rébellion discrète face au racisme hollywoodien. Bien que Hollywood présente l'image d'une Amérique unie et vraie en mettant dans les films le maximum de personnages de couleur dans toutes la hiérarchie administrative et sociale, au sein de l'armée comme à la police, à la justice comme dans le monde des affaires, dans les prisons comme dans les milieux de la délinquance, et ce par respect à la composition réelle de la société américaine, un "molting pot" tous azimuts, les événements sanglants viennent secouer régulièrement l'Amérique et contredire cette image. En fait, le maintien des stars noires à l'écran, comme le soutien apporté par Hollywood à quelques cinéastes de couleur n'est motivé que pour des considérations commerciales. Les films américains doivent toucher le plus grand nombre de spectateurs et parmi lesquels la frange de couleur dans un souci de familiarité et d'identification. Ensuite, les cinéastes de couleur connaissent le mieux les milieux sociaux des minorités noires et les plus authentiques et habiles à le rapporter sur l'écran. Hier Gordon Parks comme Spake Lee et même Nate Parker ne font que perdurer le jeu hollywoodien. Car en Amérique, on assiste éternellement et peut-être même éperdument à "La naissance d'une nation".