La protection de la femme contre la violence et l'instauration d'un système de prise en charge de celles qui en sont victimes restent suspendues à la promulgation de la loi contre les violences faites aux femmes, a indiqué à Skhirat, la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, Bassima Hakkaoui. S'exprimant lors de la rencontre nationale de clôture de la 14-ème campagne nationale de lutte contre la violence faite aux femmes, qui avait débuté le 25 novembre dernier, Mme Hakkaoui a souligné que parmi les recommandations de cette campagne, figure particulièrement le lancement de programmes portant sur des domaines autres que la sensibilisation, tels la protection des jeunes contre la consommation de drogue qui provoque souvent des attitudes violentes. De même, ces recommandations appellent à porter un intérêt conséquent au psychique des personnes commettant ces violences, a ajouté la ministre, relevant que la violence est foncièrement une question imbriquée qui nécessite à la fois une large implication et de véritables partenariats. Elle a ainsi mis en avant l'importance de poursuivre la sensibilisation et de donner corps aux différentes initiatives pour enrayer la violence faite aux femmes, un phénomène qui va à rebours de l'orientation du Maroc vers la consécration de la démocratie dans sa signification la plus large. Les colloques régionaux, initiés dans le cadre de cette campagne, ont connu une interaction positive, tant en termes de qualité et d'importance de la participation qu'au niveau de la pertinence des propositions et recommandations qui en ont découlé. 839 participants et participantes y ont pris part, a fait savoir la ministre. Selon un document du ministère, la 14ème campagne nationale a passé au crible la violence faite aux femmes dans les différents lieux publics dans toutes ses formes ainsi que la conduite des personnes la commettant. S'agissant des recommandations susmentionnées, elles ont trait, sur le plan législatif, à l'accélération de l'adoption du projet de loi contre les violences faites aux femmes, le projet de loi relatif à la création de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination, en sus de la mise en application des dispositions juridiques stipulant la punition des individus commettant des violences contre les femmes. Quant aux mécanismes institutionnels, les recommandations rendues publiques se rapportent à la mise sur pied de dispositifs régionaux de lutte contre les violences à l'encontre des femmes, à l'activation des dispositions sur la protection de la femme victime d'actes violents, au renforcement des cellules d'accueil des femmes et des enfants au niveau des hôpitaux ainsi qu'à l'institutionnalisation de l'action des assistantes sociales. De son côté, le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population au Maroc, Abdelilah Yacoub s'est félicité de la campagne nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, saluant un "travail distingué et réussi tant sur le plan médiatique que sur celui de la couverture géographique et de la diversité des partenaires". Le Maroc, a-t-il poursuivi, a accompli des progrès en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, un phénomène qui suscite une large indignation dans le pays, louant les efforts du Royaume afin de prévenir ce type de violence. Pour sa part, la représentante du Bureau de l'ONU Femmes pour le Maghreb, Leila Rhiwi s'est réjouie du fait que cette campagne s'est focalisée sur la violence dans les lieux publics, ce segment de la violence étant une problématique pas suffisamment encore traitée. La violence contre les femmes et les filles entravent leur accès à la scolarisation et au travail et handicapent donc leur contribution à la vie sociale et culturelle. La rencontre nationale de clôture de la 14ème campagne nationale de sensibilisation pour la lutte contre la violence à l'égard des femmes a été organisée à Skhirat, par le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Lancée le 25 novembre dernier sous le thème "La violence dans les lieux publics", elle a été consacrée à la présentation des principales recommandations et conclusions des travaux des douze rencontres régionales, de la campagne organisée à Tanger, Errachidia, Chefchaouen, Kénitra, Fès, Sidi Ifni, Béni Mellal, Sidi Bennour, Oujda, El Kelâa des Sraghna et Dakhla, et ce en partenariat avec l'Agence de développement social et l'Entraide nationale.