Le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification, le réseau des gestionnaires d'aires marines protégées en Méditerranée (MedPAN) et le Centre d'Activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées (CAR/ASP) ont co-organisé le 2ème forum des aires marines protégées en Méditerranée dans la ville du Détroit : Tanger, du 28 novembre au 1er décembre 2016. Une opportunité unique de dialogue a été offerte aux acteurs clés du milieu marin pour relever les défis des aires marines protégées du bassin méditerranéen et 400 participants de l'ensemble du pourtour méditerranéen y ont été conviés à Tanger : gestionnaires des AMP, décideurs publics, acteurs socio-économiques, société civile et communauté scientifique. Cette édition 2016 du forum constitue une étape clé à l'approche de l'échéance des objectifs fixés par la CDB à l'horizon 2020. Cette rencontre a été une occasion d'évaluer le chemin parcouru depuis l'élaboration de la feuille de route des AMP lors du Forum 2012 à Antalya en Turquie (depuis adoptée par la COP de la Convention de Barcelone) et de prendre des engagements pour protéger et gérer durablement 10% au moins de la Méditerranée au bénéfice de ses territoires et de ses communautés. Au-delà des objectifs de la CDB, le forum 2016 a l'ambition de prendre en considération d'autres défis qui se posent aux AMP, en matière de changements climatiques notamment, et fera donc écho à la COP22 de Marrakech. En choisissant le Maroc et Tanger pour l'édition 2016 pour la tenue de ce forum méditerranéen, les organisateurs veulent ainsi valoriser les initiatives et accompagner les dynamiques engagées sur le littoral méditerranéen marocain. Les enjeux de conservation et de développement durable qui se jouent localement ont été donc promus dans le cadre de ce forum, à travers des témoignages d'acteurs publics et privés et de la société civile. En particulier, l'expérience du PNAH et les projets de création d'AMP de Cap de Trois Fourche et de Jbel Moussa (où une visite de terrain a été organisée le 28 novembre). Rappelons à cette occasion que la Convention sur la Diversité Biologique – à laquelle tous les pays méditerranéens sont parties contractantes –a approuvé les objectifs d'Aichi pour 2020, dont l'Objectif 11 qui stipule que «D'ici à 2020, au moins [...] 10% des zones marines et côtières, y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d'aires protégées gérées efficacement et équitablement et d'autres mesures de conservation effectives par zone, et intégrées dans l'ensemble du paysage terrestre et marin ». En 2012, afin d'appuyer cet engagement international et dans le but de faciliter des actions concrètes dans la région méditerranéenne, le CAR/ASP et le réseau MedPAN, leurs partenaires et les participants au Forum 2012 des AMP en Méditerranée (Antalya, novembre 2012) ont lancé une «Feuille de route - Vers un réseau méditerranéen d'aires marines protégées connectées, écologiquement représentatif et géré de manière efficace et durable d'ici 2020», qui a été résumée dans la Déclaration d'Antalya (2012). Un résultat important de cette initiative pionnière dans le soutien à l'Objectif 11 d'Aichi a été la Décision de la COP 19 de la Convention de Barcelone (Athènes, février 2009) d'approuver cette feuille de route pour renforcer le «Programme de Travail Régional pour les aires marines et côtières protégées de la Méditerranée, y compris la haute mer» (COP 16, Marrakech, novembre 2009). Quatre ans après l'élaboration de la Feuille de route à Antalya, et dans le cadre de la préparation du Forum des AMP de Méditerranée 2016 (Tanger, Maroc, 28 novembre-1er décembre 2016), le CAR/ASP et le réseau MedPAN sont en train d'évaluer les progrès à mi-parcours de la Feuille de route 2012-2020. ---------0-------- Feuille de route pour un réseau complet et cohérent d'aires marines protégées Atteindre l'Objectif 11 d'Aichi en Méditerranée La 19ème Réunion des Parties Contractantes à la Convention sur la Protection du Milieu Marin et du Littoral de la Méditerranée, ci-après dénommée "la Convention de Barcelone". - Rappelant les objectifs du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique, incluant les Objectifs d'Aichi pour la biodiversité, de la Convention sur la diversité biologique (CDB), les résultats de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) et l'Agenda 2030 adopté par le Sommet des Nations Unies de 2015 sur le développement durable et les objectifs de développement durable (ODD), en particulier l'Objectif 14; - Rappelant en outre la Décision IG.19/13 de la CdP16 (Marrakech, Maroc, novembre 2009) concernant le Programme de travail régional pour les aires protégées marines et côtières de la Méditerranée, y compris en haute mer, et la Décision IG.21/5 de la CdP18 (Istanbul, Turquie, décembre 2013) concernant la préparation d'une feuille de route relative à un réseau complet et cohérent d'AMP bien gérées afin d'atteindre l'Objectif 11 d'Aichi en Méditerranée pour examen par la CdP19; - Rappelant la Déclaration d'Istanbul adoptée lors de la CdP18 (Istanbul, Turquie, décembre 2013) selon laquelle les Etats étaient déterminés à développer un réseau complet, bien géré, efficace et équitable, écologiquement représentatif et bien relié des aires protégées marines et côtières dans la Méditerranée à l'horizon 2020 conformément au Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 et les Objectifs d'Aichi pour la biodiversité adoptés dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB) et en particulier, pour réaliser d'ici à 2020 l'Objectif 11 en Méditerranée; - Rappelant les Décisions IG.20/41 et IG.21/32 de la CdP17 (Paris, France, février 2012) et la CdP18 (Istanbul, Turquie, décembre 2013) adoptant respectivement les Objectifs écologiques, les objectifs opérationnels, le BEE et ses cibles connexes; - Compte tenu des résultats de l'Atelier régional de la région méditerranéenne pour faciliter la description des aires marines d'importance écologique ou biologique (AIEB) (Málaga, Espagne, avril 2014), et le 6ème Congrès mondial des parcs de l'UICN (Sidney, Australie, novembre 2014); - Ayant examiné la description des aires méditerranéennes respectant les critères des AIEB, inscrites par la Douzième réunion de la Conférence des Parties de la CDB (Pyeongchang, République de Corée, octobre 2014) dans le registre des AIEB et le mécanisme de partage d'information; - Salue la coopération et la coordination avec les organisations internationales et régionales concernées, en particulier dans le cadre des protocoles d'accord, lesquelles contribuent à la mise en œuvre du Programme de travail régional pour les aires côtières et marines protégées soutenues par la présente Feuille de route : 1. Adopte la Feuille de route pour un réseau complet et cohérent d'AMP bien gérées afin d'atteindre l'Objectif 11 d'Aichi en Méditerranée, tel que défini à l'Annexe I de la présente décision, en tant que document d'orientation pour actualiser et mettre en œuvre dans les meilleurs délais le Programme de travail régional sur les aires marines et côtières protégées de la Méditerranée, y compris la haute mer; 2. Encourage fortement les Parties contractantes, avec le soutien du Secrétariat, à pleinement prendre en compte la présente Feuille de route afin de mettre en œuvre le Programme de travail régional; 3. Met particulièrement l'accent sur l'importance de la coopération avec les organisations internationales et régionales compétentes, y compris les bailleurs de fonds, aux fins de la contribution à la mise en œuvre du Programme de travail régional sur les aires marines et côtières protégées de la Méditerranée, y compris la haute mer, soutenu par la présente Feuille de route d'une manière synergique et coordonnée, de façon à promouvoir le partage des réseaux, des expériences et des ressources, à aider les pays à améliorer la gestion des AMP et à prendre les mesures nécessaires pour augmenter de toute urgence les superficies couvertes par les AMP en Méditerranée; 4. Salue, en tant qu'exemple de mécanisme financier innovant au service de la biodiversité, la création d'un Fonds fiduciaire pour les AMP de Méditerranée soutenu par Monaco, la Tunisie et la France et se félicite des progrès réalisés à cet égard, en particulier de la contribution financière de Monaco; et compte fermement sur le soutien des parties prenantes à cette initiative; 5. Demande au Secrétariat de renforcer les liens avec les organisations internationales et régionales compétentes afin de promouvoir une gestion durable des aires marines à travers des mesures appropriées de conservation sur une base spatiale, y compris en haute mer, le cas échéant; 6. Prend acte des actions suggérées telles qu'incluses dans l'objectif 4, abordant le besoin d'assurer la durabilité du réseau des AMP méditerranéennes en renforçant leur durabilité financière et demande au Secrétariat d'inclure des mesures appropriées dans la nouvelle Stratégie globale de mobilisation des ressources en cours de préparation pour la COP 20 conformément à la décision IG 22/1 ; 7. Demande au Secrétariat d'entreprendre une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme de travail régional soutenu par la présente Feuille de route et d'en communiquer les résultats à la COP 20.