Il est fort appréciable que l'artiste, dans la recherche plastique, se préoccupe profondément de la forme pour exprimer pleinement le contenu. Le langage des formes, ainsi recherché dans la maîtrise des connaissances techniques, enrichit l'expérience artistique, surtout s'il entre en dialogue constant avec une conception originale et autonome, loin de toute idéologie, de toute mode et de toute imitation .Sinon, le travail sorti de cette maîtrise technique ne serait qu'un écho de l'artisanat ou de l'industrie. Hafidi et conscient de ce risque, et il aborde sa recherche avec ferveur, persévérant dans sans aventure plastique en chercheur contemporain, armé d'une base solide dans le domaine plastique et informatique .Ancien élève de la section « Arts plastiques », formé en architecture d'intérieur et en infographie, Hafidi reste imprégné par les arts islamiques, dont il emprunte certains motifs et certaines techniques et combinaisons dans ses recherches. S'inspirant au début de Kandinsky, il a cherché un nouveau dialogue entre les formes abstraites, surtout dynamiques, en tendant à confronter les motifs géométriques avec les motifs floraux, dans des surfaces, elles aussi, contrastées. De là, comme l'a relevé note ami khalil Rais, s'est formé une « scénographie chromatique », tendant vers un spectacle visuel dynamique. Seulement, dans cette scénographie, la confrontation animée par les triangles, les zigzags et les formes florales, ainsi que par la division brute des espaces, débouche sur une tension, de plus en plus marquante, qui s'exprime incessamment dans le travail de Hafidi .Cette division des espaces picturaux ,animée par une accumulation des signes géométriques et floraux ,débouche sur des rythmes anachroniques en apparence, mais surprenants par leur équilibre dynamique .C'est une fête des couleurs mouvementées ,ou le plein et le vide ,la ligne et le trait ,la droite et la courbe ,le lyrique et le géométrique ,se confrontent avec une tension dynamique ,dans un architectonisme vigoureux . Dans cette tension, la technique mixte prend d'autres dimensions, d'autres matériaux entrent dans l'œuvre, comme le bois et le cuivre, l'œuvre ne garde momentanément plus sa stabilité apparente, mais tend à se diviser en fragments complémentaires de plus en plus complexes, elle devient comme un puzzle de formes dynamiques, puis la rupture ... Une rupture radicale avec la polychromie, avec la scénographie chromatique, avec la fête des couleurs !Tout en s'inspirant maintenant, sans doute, du constructivisme, ses matériaux change, c'est le métal (surtout l'acier et l'aluminium) qui prédomine dans son parcours .Avec le métal ,les outils ,les techniques et les combinaisons changent aussi .Ce n'est pas un écho de l'industrie ou son illustration, nous sommes devant une ambiance de l'industrie ,devant une mécanique ;avec ses tiges ;ses plaques et son engrenage . Hafidi ,dans cette recherche récente ,emploie presque ses même motifs, ses même codes ,tout en les épurant, tout en ôtant tout ce qui est superflu à sa nouvelle conception ,pour exprimer cette tension issue de l'ère industrielle .Il nous révèle une évocation de cette ère mécanique qui a chassé toute la joie des couleurs ;pour ne le laisser subsister qu'un froid camaïeux .Mais ,même avec sa nouvelle conception ,Hafidi reste toujours attaché à sa tendance ,une « abstraction à visée d'intégration architecturale » . (Voir exposition à «l'Espace Rivages», Fondation Mohammed vI, Rabat)