La pauvreté recule au Maroc, mais le chômage surtout des jeunes augmente. C'est ce qu'affirme, en tout cas, la Banque mondiale dans son nouveau rapport : «Pauvreté et prospérité partagée». «Les taux de croissance enregistrés ces quinze dernières années ont permis de faire reculer le taux de pauvreté de 8,9 % en 2007 (pour une population de 34,4 millions d'habitants) à 4,2 % en 2014», explique la banque mondiale. Néanmoins, poursuit la même source, le taux de pauvreté modérée atteint 15,5 % même si le taux d'extrême pauvreté est relativement bas (à 3,1 %). En outre, près de 19 % de la population rurale marocaine, qui dépend de l'agriculture, vit encore dans la pauvreté ou risque d'y plonger. La Banque mondiale note, aussi, que le Maroc n'arrivera pas à réduire les taux de pauvreté dans un contexte de ralentissement de la croissance économique s'il n'aura pas remédié à ses inégalités économiques et aux disparités dont souffrent certaines régions. C'est ce qui dégage en effet d'une étude de la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) intitulée : « Les inégalités régionales sous le prisme de l'accès aux droits humains: de la multiplicité à l'indivisibilité », selon laquelle quatre régions monopolisent la richesse économique mesurée à l'aune du Produit Intérieur Brut (PIB). À elles seules, les régions du Grand Casablanca (17,1%) Souss Massa- Draa (11,6%), Rabat-Salé-Zemmour- Zaër (9,2%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz (9%) totalisent 46,9% du PIB national. Cette prédominance traduit un héritage historique. «Héritage historique appelé à être résorbé selon des dynamiques en cours ou à partir des trajectoires que la nouvelle gouvernance régionale pourrait favoriser. D'ailleurs, les résultats par région du dernier Recensement Général de la population et de l'Habitat ont montré un grand déséquilibre territorial en termes de répartition des habitants. Au moment où certaines régions, notamment côtières, exercent un effet d'attraction sur la population, d'autres se voient de plus en plus vidées de leurs forces vives. En effet, sur les 16 régions que compte le Maroc actuellement, 8 d'entre elles regroupent près de 70% de la population globale. Autre point soulevé dans le rapport de la Banque mondiale, qui examine aussi les cas de l'Algérie, de la Tunisie et de Libye, c'est que le chômage est globalement élevé au Maroc, autour d'un taux de 9 %, et particulièrement important chez les jeunes en milieu urbain, où il atteignait 38,8 % en juin 2016. «Le pays s'est doté d'une nouvelle stratégie nationale qui vise à ramener le taux de chômage à 3,9 % en dix ans. La réussite de cette stratégie, qui table sur la création de 200.000 emplois par an, pourrait résider dans l'adoption de réformes qui rendent le marché du travail plus favorable au secteur privé», souligne-t-on. « Même si les performances économiques de l'Algérie, de la Libye, du Maroc et de la Tunisie sont diverses, les quatre pays du Maghreb ont en commun les mêmes grands défis socioéconomiques, avec, au premier rang d'entre eux, les taux élevés du chômage chez les jeunes et la nécessité d'y remédier en développant le secteur privé pour créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité », estime la Banque mondiale. Et pourtant, poursuit la même source, il est indispensable de remédier aux inégalités pour pouvoir mettre fin à l'extrême pauvreté dans le monde d'ici 2030. En effet, selon une nouvelle étude de la Banque mondiale consacré à cette question, les inégalités économiques dans le monde sont en recul depuis 1990, mais le tableau est plus contrasté en ce qui concerne les inégalités au sein d'un même pays, qui s'aggravent globalement. Toutefois, depuis 2008, pour un pays où les inégalités se sont aggravées, deux ont progressé dans les mêmes proportions sur cette période. Dans un pays qui abrite une population jeune relativement bien formée, le chômage reste malheureusement élevé, en particulier chez les femmes (22 %), les jeunes diplômés (31,2 %) et chez les jeunes sortis du système scolaire et les autres catégories de jeunes (31,8 %). «L'extrême pauvreté recule au Maroc, en Algérie et en Tunisie, mais les inégalités économiques qui creusent le fossé entre riches et pauvres restent un défi de taille. L'égalité d'accès aux opportunités économiques est une priorité pour les pays de la région, en particulier pour remédier au chômage des jeunes», estime la Banque mondiale.