Du 10 et 15 octobre 2016, la ville de Tanger abrite la quinzième édition du festival du court métrage méditerranéen. En marge de la compétition officielle, une rétrospective du court métrage marocain est organisée en vue de familiariser le public aux anciens films en même temps rendre hommage à leurs auteurs. Quoique qu'on fasse, on ne soulignera jamais assez l'importance de cette catégorie de films sachant que le cinéma est né avec le court métrage. En France comme aux Etats-Unis, les deux pays qui revendiquent légitimement la parenté du cinéma, Lumière comme Edison, ont imaginé et réalisé des films de très courte durée, de quelques minutes. Ce n'est qu'au fil du temps que ces durées vont devenir de plus en plus longues pour aboutir à la forme qu'on leur connait maintenant, celle d'une heure et demi en moyenne, c'est à dire la durée réelle d'un match de football. Quand le Maroc a fini par connaitre un sort cinématographique marquant, ce fut par le biais du court métrage d'abord. Ainsi bien avant "Mektoub", premier long métrage tourné sur notre sol en 1919, notamment à Tanger, Casablanca et Marrakech, bon nombre de courts métrages ont été tournés à travers tout le territoire, aussi bien à Taza, Marrakech, Fès, Rabat et Casablanca, ces films étant de caractère documentaire vont marquer l'activité cinématographique pendant très longtemps. Avec la création du Centre Cinématographique Marocain (C.C.M.) et des studios Souissi en 1944, le secteur du cinéma va enregistrer un réel développement bien que la première tentative en matière réalisation de films revient à Mohamed Ousfour qui, en 1941, réalisa les premières bandes amatrices mais déterminantes pour l'époque postérieure. Il tourna à Casablanca, en particulier dans la foret de Sidi Abderrahman et les ruelles de Derb Ghallaf, des petits films reproduits sur les légendes de Tarzan, Robin des Bois et Charlot. Il baptisa ses héros locaux "Ibn ghaba" ou "Jhia". A cause de leur format amateur, ces films sont projetés dans un garage de mécanique et réalisent tout de même du succès. Marqués à jamais, certains parmi les spectateurs deviendront plus tard des cinéastes. Mohamed Ziani, Abderrahman Khayat, Mohamed Reggab et Ahmed Bouanani étaient déjà là. Presque en même temps, d'autres cinéastes marocains vont s'intéresser à cette curiosité spectaculaire. Ainsi Ahmed Mesnaoui et Omar Ghannam, de familles aisées contrairement à Ousfour, s'initiaient dès l'or à la manipulation de la caméra et la projection des images. Très vite, ils passèrent à un cinéma professionnel en aiguisant leurs outils en France.