Le chômage est un phénomène persistant qui va en s'aggravant. Il sévit, en particulier, parmi les jeunes, en milieu urbain, où il atteint des proportions alarmantes. Les créations d'emplois sont de plus en plus limitées. Cette situation de blocage est à rapprocher du modèle économique marocain qui a atteint depuis longtemps ses limites. La création de nouveaux emplois en nombre suffisant impose de revoir et de mettre en œuvre un nouveau modèle de croissance à même de permettre la réalisation d'un tel objectif. Bank Al-Maghrib consacre chapite à l'emploi sous ses différents aspects et note que le marché du travail a été marqué en 2015 par une faible création d'emplois et une baisse sensible du taux d'activité. Le chômage a enregistré, en conséquence, un léger recul de 0,2 point à 9,7% avec toutefois une poursuite de son aggravation parmi les jeunes, notamment citadins, note Bank Al-Maghrib dans son rapport annuel au titre de 2015. En dépit d'une production céréalière record, le volume d'emplois dans le secteur agricole a accusé une perte de 32.000 postes, tandis que l'atonie des activités non agricoles s'est particulièrement reflétée sur l'emploi tertiaire qui n'a augmenté que de 32.000 postes, soit le niveau le plus faible depuis 2004. Dans le BTP et l'industrie, y compris l'artisanat, après plusieurs années de baisse, l'emploi a enregistré des hausses respectives de 18.000 et 15.000 postes. Au total, l'économie nationale aura créé 33.000 emplois après 21.000 un an auparavant et une moyenne annuelle de 137.000 entre 2001 et 2013. Appréhendée par le rapport entre la valeur ajoutée et l'emploi non agricoles, la productivité apparente du travail a connu une légère progression de 0,9% après 2,4% en 2014. En parallèle, le coût salarial s'est accru en termes réels de 1,9% dans le secteur privé après 1,6%, et a accusé un repli de 1,3% dans le secteur public contre un accroissement de 1,5%. Taux d'activité en baisse En 2015, la population en âge d'activité s'est établie à 25 millions de personnes, dont 52,6% sont inactives. La population active continue de croître à un rythme largement inférieur à celui de la population inactive, soit 0,1% contre 2,7%. Elle reste peu qualifiée avec une proportion de 58,6% n'ayant aucun diplôme, une part qui atteint 79% en milieu rural contre 40,8% parmi les citadins. Elle demeure également caractérisée par un faible taux de féminisation de 27,1%. Dans ces conditions, le taux d'activité a poursuivi sa tendance baissière avec un repli sensible de 0,6 point à 47,4%. Il est revenu de 42,1% à 41,4% en milieu urbain et de 57,2% à 56,7% en zones rurales. Ce recul a concerné toutes les tranches d'âge et a été particulièrement prononcé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, dont le taux est revenu de 32,2% à 30,5%. Si la scolarisation expliquerait en partie ce faible niveau de participation des jeunes, il n'en demeure pas moins qu'une frange importante de cette population n'est ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (NEET, Not in Employment, Education or training). Ce statut recouvre des situations très diverses dont certaines cumulent les facteurs de vulnérabilité : jeunes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas travailler, jeunes au foyer familial, jeunes en situation de handicap et autres jeunes inactifs. En 2015, près d'un jeune de 15 à 24 ans sur trois (27,9%) était en situation NEET. Cette proportion varie de 15% parmi ceux âgés de 15 à 17 ans à 34,4% pour la tranche de 18 à 24 ans. Ce phénomène demeure une particularité féminine avec une part de 45,1% parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans contre 11,4% pour leurs homologues masculins. En comparaison internationale, le taux des jeunes en situation NEET ressort globalement élevé au Maroc. Ce constat est valable uniquement pour les femmes alors que pour les hommes, ce taux se situe à un niveau parmi les plus faibles des pays du benchmark considéré. La forte disparité entre hommes et femmes est une caractéristique commune aux pays de la région MENA et s'explique par la part élevée des femmes ayant un statut de « femme au foyer ». Cette part atteint 58,5% dans le cas du Maroc.