En ces jours bénis du mois sacré de Ramadan, il est malheureux d'admettre que les plus nantis ne se privent vraiment de rien alors que les démunis se privent beaucoup plus que d'ordinaire... en ce mois spirituel d'abstinence et de privations. N'en déplaise à toutes les statistiques sur la pauvreté et quel que soit le degré de l'indice du coût de la vie, il est un constat effarant que de plus en plus de marocains sont pris dans la tourmente de la précarité et que beaucoup n'hésitent pas à tendre la main. Entre les multiples facettes de la pauvreté et les nouveaux visages de la mendicité, il y certainement un gouffre de détresse dans lequel Si on laisse de côté les mendiants professionnels qui arrivent à se faire des revenus réguliers et conséquents, la mendicité s'est emparée de tous les coins de nos villes et quelque fois on croise des mendiants tous les cinq mètres dans nos rues. Dans les bureaux des administrations, aux portes des mosquées ou même à l'intérieur lorsque certains se mettent à hurler leur désespoir à la fin des prières , dans les bus et les autocars lorsque des femmes avec ou sans bébés vous glissent un petit mot pour susciter votre générosité , dans les marchés où plusieurs mains se tendent au moment où vous vous apprêtez à régler vos courses , sans parler des handicapés en tous genres et de tous ces lascars qui vous jurent qu'ils ont perdu l'argent pour retourner dans leur ville ou celles qui prétendent ne pas avoir trouvé leur tante chez et qu'elles ont besoin d'aide pour rentrer chez elles, l'on ne peut qu'avoir cette impression que dans ce magnifique pays qui est le mien les mendiants il en pousse dans tous les coins exactement comme des champignons.. Et en ce mois de Ramadan, ils sont encore beaucoup plus nombreux comme si pour ce rite qui revient un mois par an ils croient avoir beaucoup plus de chances avec la multiplication des zakat et ces jeuneurs en quête d'un bout de paradis. Pour ce festival national de la mendicité qui se fait sans relâche et sans répit , été comme hiver , sans sponsors et sans orgies aux frais de la princesse et sur le dos du contribuable surtout , on vous épargne le débat sur le retour de l'État providence quoique le train de vie de cet État soit effrontément au dessus de ses moyens au moment où le gouvernement veut supprimer la subvention aux denrées de base et asphyxier davantage les couches défavorisées et surtout les plus démunis.. Quant aux ministres ou autres parlementaires et patrons qui se sont assurés une retraite dorée, il faut croire que la vue des mendiants les dérange et leur pollue le paysage à tel point qu'un ancien ministre, sans ironie aucune, avait émis le souhait de voir les feux rouges supprimés, car cela le gênait de devoir remonter les vitres de sa Mercedes de fonction à chaque fois que des mendiants l'accostaient! Entre nous, qu'Allah garde les bienfaiteurs de ce pays ceux qui n'hésitent pas à faire l'aumône et qui savent avec foi et conviction qu'une partie de leur argent est due aux pauvres. Dieu reconnaît toujours les siens!