L'artiste peintre naïve Wiam Ahraiba( vit et travaille à Rabat) nous propose un registre plastique onirique et spontané qui fait référence aux œuvres singulières de Chaïbia Tallal, de Fatna Gbouri et de Benhila Regueragui. Sa peinture est originale dans ses approches du milieu marocain traditionnel, celui qui l'a vu naître et grandir à Safi , où l'image des temps perdus demeure ancré dans la mémoire collective,ce qui exprime d'ailleurs son souci de narration. Wiam Ahraiba privilégie souvent le bleu qui symbolise pour elle l'espoir, l'horizon, la spiritualité, l'optimisme et la profondeur. Ses sujets de prédilection portent sur l'essence authentique de notre vie quotidienne : un romantisme pictural autrement. Elle est habitée par le coté nostalgique et les traces des espaces habités. Elle peint des lieux familiers, des personnages ordinaires, des cérémonies et des scènes familières : une peinture assimilée à un rêve éveillé d'enfant empreint de plaisir et de jouissance. Selon sa perception visuelle, la peinture est une révélation spontanée de ses sentiments à travers les formes et les couleurs. C'est un accouchement métaphorique. Elle essaie à sa guise d'enregistrer ses rêves d'enfance, les souvenirs de sa vie collective et les scènes de la vie traditionnelle au Maroc. Ses tableaux aux couleurs vives et éclatantes rappellent celles qu'elle utilisait autrefois, dans la poterie, la broderie et le dessin préparatoire. Wiam Ahraiba est lauréate de l'école de la vie populaire qui lui a appris les leçons de la simplicité et de la pureté. Elle accorde une grande importance aux détails, aux couleurs gaies, et à la représentation figurative de sujets populaires. En revisitant les sujets très naïfs des arts populaires voire traditionnels , ce qui est à l›origine de son exercice pictural, elle veille à conserver quelques expressions ancestrales , en relatant leurs racines mémorables dans ses tableaux, car pour elle l'art doit être un état pure à l'image de notre première nature . Il s'agit d'une tradition de recherche de l'affect dans la représentation innocente du monde réel comme reflet du monde des sentiments et des passions. Le passage de la broderie sur Caftan à la peinture libère ses énergies créatrices. Pour elle, les couleurs sont un jeu au même titre que le tissage et le tatouage. Elle aime les couleurs gaies qui apaisent notamment le bleu de la mer et du ciel, le vert du printemps et de la verdure. L'œil et la main demeurent un sujet récurrent et emblématique de ses œuvres figuratives ou d'autres semi abstraites aux couleurs envoutantes qui souvent scrutent le récepteur. Wiam Ahraiba s'amuse avec les choses de l'imagination en peignant tout ce qui se passe par la tête. Au début, elle dessine une chose, mais aboutis à une autre. En particulier les fragments et les choses les plus symboliques et expressives. Elle est convaincue que l'artiste est libre de sa vision de la nature et de sa représentation ensuite artistique, elle y rejettera tout finalisme et certitude. Elle est l'auteure d'un travail artistique acharné comme étonnement de tout ce qui est la vision la plus proche de la réalité, qui se détache de ses carcans habituels. Ses moyens plastiques reposent sur des interprétations et des stylisations qui recherchent un maximum d'intensité expressive.