Les participants à la conférence de la Semaine africaine de l'UNESCO, organisée du 23 au 27 mai à Paris, ont souligné la capacité de la femme africaine à relever les défis de l'adaptation au changement climatique, à condition de renforcer ses compétences en vue d'en faire un acteur essentiel du développement durable. Les intervenants lors de ce rendez-vous, placé sous le thème "La femme africaine face aux défis climatiques", ont relevé que les femmes constituent la catégorie la plus vulnérable au réchauffement climatique, comme en témoigne la proportion élevée des femmes parmi les victimes des catastrophes naturelles, mais sont aussi l'atout le plus important pour les sociétés pour enraciner la culture du développement durable et de la transition énergétique chez les générations montantes. La ministre déléguée chargée de l'Environnement et envoyée spéciale pour la mobilisation à la Conférence mondiale sur le climat (COP22) de Marrakech, Mme Hakima El Haité, a indiqué que si l'Afrique est un continent qui concentre toutes les vulnérabilités, dont le faible accès à l'eau potable, le manque d'électrification et la désertification, elle est aussi la région du monde dotée du plus grand gisement d'énergies renouvelables, sans oublier son potentiel humain, en particulier l'engagement continu de ses femmes pour trouver des solutions aux problèmes quotidiens liés à l'environnement et au climat. Cependant, les femmes africaines se trouvent pénalisées par la pauvreté, l'analphabétisme et l'exclusion qui les touchent tout particulièrement, des inégalités qui se sont accentuées à cause du changement climatique, a souligné la ministre, ajoutant que ce constat a mis en évidence la nécessite d'associer les femmes aux négociations climatiques et à inscrire l'approche genre dans l'Accord de Paris. A cet égard, l'un des enjeux de la conférence de la COP22, qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech, sera d'opérationnaliser l'approche genre dans l'Accord de Paris, qui doit entrer en application à partir de 2020, à travers des projets concrets renforçant les capacités des femmes face aux défis climatiques. La conférence de Marrakech, qui doit, entre autres, tracer l'agenda pré-2020, entend donner la voix aux plus vulnérables, en premier lieu les femmes afin qu'elles accèdent à une partie des financements pour le climat en vue de réaliser leurs projets d'adaptation. De son côté, l'Ambassadeur, déléguée permanente du Royaume du Maroc auprès de l'UNESCO, Mme Zohour Alaoui a souligné que la problématique du changement climatique, dont les effets frappent les plus vulnérables dans le monde, s'impose comme "l'un des plus grands défis auxquels nous soyons confrontés tant en raison de ses fortes répercussions sur nos sociétés et sur la planète, que par le défi que représentent la coordination et la coopération nécessaires pour y faire face au niveau international». L'Afrique reste particulièrement concernée par ce défi qui présente des menaces réelles pour le développement et les progrès accomplis à ce jour dans le continent, a estimé Mme Alaoui, présidente de la Commission conférence de la Semaine africaine à l'UNESCO. "En Afrique, les femmes et les jeunes filles en particulier sont souvent en première ligne et en réalité souffrent davantage que les hommes des répercutions du changement climatique", a-t-elle déclaré, attirant l'attention sur le fait que si la femme africaine est victime aujourd'hui, elle représente néanmoins l'espoir du changement dans le continent et son rôle est crucial et déterminant. En s'interrogeant sur la complexité du changement climatique en Afrique et la capacité d'adaptation et de résilience des populations, notamment de la femme africaine, à ce phénomène, les solutions explorées doivent concilier atténuation du changement climatique et adaptation, progrès économique, préservation de l'environnement sans oublier la réduction des inégalités et la solidarité internationale, a mis en exergue Mme Alaoui. Pour sa part, le délégué permanent du Rwanda auprès de l'Unesco et Président du Groupe africain, M. Jacques Kabale, a mis en exergue l'importance de reconnaitre la position spécifique de la femme dans la lutte contre le changement climatique, en tant que première victime du dérèglement climatique mais également premier acteur engagé dans la recherche de solutions au quotidien. La vulnérabilité climatique des femmes est une injustice supplémentaire qui les fragilise encore plus sur les plans économique et social, a-t-il considéré, appelant à renforcer les capacités des femmes pour devenir des acteurs à part entière que ce soit dans l'élaboration des projets et stratégies ou dans leur mise en œuvre. A rappeler que Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, désignée par le groupe des ambassadeurs africains accrédités auprès de l'UNESCO comme marraine de la Semaine africaine de l'UNESCO, a donné le coup d'envoi de l'édition 2016 de cette manifestation.