Portée essentiellement par la conjonction de facteurs temporaires positifs, notamment une bonne campagne agricole et un faible coût de l'énergie, la croissance nationale devrait s'accélérer à 4,2% en 2015, après 2,4% en 2014. En 2016, l'activité devrait enregistrer un net ralentissement, avec une croissance qui devrait revenir à 1% au lieu de 2,1% prévue en décembre. Cette forte décélération par rapport à 2015 reflète principalement une baisse de 13,8% de la valeur ajoutée agricole, compte tenu d'une production céréalière de 38 millions de quintaux au lieu de 70 millions retenue en décembre. En outre, la croissance non agricole devrait rester atone à 2,9% contre une prévision initiale de 2,7%. Du côté de la demande, la croissance en 2016 devrait pâtir de la décélération de la consommation finale des ménages, sous l'effet, en particulier, de l'affaiblissement des revenus agricoles. De même, le rythme de croissance de l'investissement devrait ralentir, comme en témoigne la décélération du crédit au secteur non financier, traduisant l'attentisme des opérateurs privés en lien avec les incertitudes entourant les perspectives de l'économie nationale ainsi que le manque de dynamisme de la consommation privée. De son côté, la consommation finale des administrations publiques devrait reprendre légèrement, après sa baisse prévue en 2015, résultat d'un recul moins important des dépenses de compensation comparativement à 2015. Pour leur part, les exportations nettes devraient contribuer négativement à la croissance, reflétant une reprise des importations de biens et services, après la baisse prévue en 2015, et une décélération du rythme d'accroissement des exportations, sous l'effet en particulier de la poursuite de l'appréciation du taux de change effectif réel et de la lente reprise de la demande étrangère. En 2017, la croissance devrait s'établir à 3,9%, recouvrant une hausse de 10,8% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'un retour à une campagne agricole moyenne, et un léger redressement de la croissance non agricole à 3,1%. Du côté de la demande, cette accélération reflète une reprise de la demande intérieure, avec un raffermissement de la consommation finale des ménages, soutenue par une amélioration des revenus ruraux et des transferts des MRE, et d'un assouplissement des conditions monétaires, qui devrait également stimuler l'investissement. De surcroît, la consommation des administrations publiques devrait poursuivre sa tendance haussière, reflétant principalement un accroissement des dépenses du personnel et la dissipation de l'effet de la baisse en 2016 des cours du pétrole sur la compensation. En revanche, en dépit du regain en dynamisme des exportations, bénéficiant de l'amélioration de l'activité dans la zone euro, la contribution des exportations nettes à la croissance nationale devrait rester négative et ce, en liaison avec l'accélération du rythme d'accroissement des importations de biens et services. Globalement, l'activité nationale devrait évoluer en dessous de son potentiel en 2016 se traduisant ainsi par l'absence de pressions inflationnistes émanant de la demande. L'output gap devrait rester négatif mais s'atténuer progressivement pour se fermer au terme de l'horizon de prévision, résultat de la conjonction de plusieurs facteurs favorables dont notamment, le retour à une campagne agricole moyenne, l'amélioration de l'activité dans la zone euro et l'assouplissement des conditions monétaires. L'inflation devrait ressortir à 0,9% en moyenne sur l'horizon de huit trimestres, soit entre le premier trimestre 2016 et le quatrième trimestre 2017. En effet, après un taux de 1,6% en 2015, l'inflation devrait revenir à 0,5% en 2016, en révision à la baisse par rapport au taux de 1,2% communiqué dans le RPM de décembre 2015. Cette révision s'explique par la poursuite de l'atonie de la demande intérieure, les niveaux plus bas que prévus des prix des matières premières ainsi que par l'annulation de la hausse prévue en janvier 2016 des tarifs d'eau et d'assainissement. De même, l'annonce de la décompensation du sucre à partir de janvier 2016 ne s'est pas concrétisée. En 2017, l'inflation devrait se redresser tout en restant à un niveau modéré, soit 1,4%. Cette évolution s'explique principalement par l'amélioration de la demande intérieure et la hausse prévue des prix du pétrole.