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Le marché russe présente l'opportunité d'un partenariat agricole mutuellement avantageux: Capitaliser sur le succès des agrumes et relancer le commerce des céréales
SM le Roi Mohammed VI et le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, avaient présidé, mardi 15 mars au Kremlin, la cérémonie de signature de plusieurs conventions de coopération bilatérale dans divers domaines. A l'issue de cette cérémonie, le ministre marocain de l'Agriculture et de la Pêche maritime avait, dans une déclaration à la presse, mis l'accent sur l'importance du marché russe tant pour les agriculteurs que pour les industriels marocains et précisé aussi que parmi les conventions signées, certaines portent sur la sécurité sanitaire des produits alimentaires, la surveillance vétérinaire et phytosanitaire, et la facilitation de l'accès des produits marocains au marché russe et des produits russes au marché du Royaume. Au sujet de la convention relative à la pêche maritime, le responsable marocain avait alors indiqué que cette dernière revêt une grande importance dans la mesure où elle participera à la préservation des ressources halieutiques, à la lutte contre la pêche illégale et la promotion de la recherche scientifique. Pour rappel et jusqu'à aujourd'hui, les exportations marocaines vers la Russie sont essentiellement dominées par les agrumes, qui font de cet espace économique le premier client du Maroc, avec 60% du volume exporté. Viennent ensuite la farine et l'huile de poisson. A ce niveau, tout le monde s'accorde à dire que les relations bilatérales sont prometteuses et, de par et d'autre, les opérateurs cherchent à les faire fructifier. La partie marocaine envisage, dans le très court terme, de tripler ses exportations vers la Russie et tirer ainsi profit d'un marché de plus de 140 millions de consommateurs et les Russes tentent de contourner les difficultés rencontrées avec l'Union Européenne et de trouver aussi de nouveaux débouchés à leur ambitieux plan de développement céréalier qui se fixe pour les quinze prochaines années l'objectif de parvenir à une production de 130 millions de tonnes et à se tourner vers de nouveaux clients, dont le Maroc, la Chine, l'Indonésie, les Philippines et la Corée du Sud. Le Maroc figure également parmi les pays vers lesquels se tournerait la Russie pour s'approvisionner en produits agricoles. Ceci pour rappeler, une fois de plus, que la Russie, quoique le 8ème producteur agricole du monde et le 5ème producteur et 8ème exportateur de céréales, compte aussi parmi les plus pros importateurs de denrées alimentaires au monde. Une aubaine pour les opérateurs marocains qui, à maintes reprises, ont été interpellés pour diversifier leur commerce à l'export et mieux gérer ainsi leurs relations avec leurs principaux partenaires traditionnels qui des fois, pour ne pas dire souvent, s'écartent de toute logique gagnant–gagnant et privilégient leurs propres intérêts au détriment de toute considération à des relations de co-développement et de bon voisinage. En termes de relations bilatérales, et depuis la fin des années 90, la Russie est devenue, notamment pour ce qui est des agrumes et des tomates, le deuxième client des produits agricoles marocains, précédée par l'Union Européenne. A en juger par les données chiffrées disponibles, les produits agricoles représentent 85% de la valeur des exportations marocaines des produits alimentaires destinés à la Russie, avec des parts de 71 % des agrumes, de 12 % des tomates et de 15 % des produits de pêche, principalement la farine de poisson, alors que les importations des produits agricoles en provenance de Russie concernent essentiellement le suc de betterave (55 %) et de l'huile de tournesol (20 %). De 2009 à 2015, les exportations marocaines de fruits et légumes, essentiellement les agrumes, les tomates et les pommes de terre, ont été marquées par une nette croissance. Avec un volume de 317.865 tonnes d'agrumes exportées en 2013-2014, la Russie est devenue le plus important marché pour ces produits. Parallèlement, le volume des tomates exportées a quadruplé entre 2009 et 2015. Aussi, convient-il de souligner que le marché agroalimentaire russe est certes porteur. Le marché russe des aliments et boissons était évalué à 326 milliards USD en 2014, mais il est aussi relativement difficile d'accès dans la mesure où de nombreuses mesures visant à protéger ses producteurs locaux sont à prendre en considération avant de le pénétrer. Notamment celles afférentes à la réglementation sanitaire et phytosanitaire. Un accès qui sera, sans nul doute, facilité par les deux mémorandums d'entente signés, dans le cadre de cette visite royale en Russie, entre l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits alimentaires (ONSSA) dépendant du ministère marocain de l'Agriculture et de la Pêche maritime et l'Agence fédérale de la surveillance vétérinaire et phytosanitaire relevant de la Fédération de Russie et afférents au domaine phytosanitaire des végétaux et produits végétaux et à la coopération dans le domaine de la surveillance vétérinaire. A préciser que ce genre de coopération entre le Maroc et la Fédération de la Russie dans le domaine agricole ne date pas d'aujourd'hui. Déjà, lors de la 4ème session de la Commission Mixte, tenue les 15 et 16 juin 2010 à Moscou, les deux parties avaient convenu de la mise à jour de l'Accord maroco-russe sur la coopération dans les domaines de la Quarantaine Végétale et de la Protection des Végétaux, qui a été signé en septembre 2006; le lancement des négociations sur un Mémorandum d'Entente dans le domaine du contrôle sanitaire et vétérinaire entre l'Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) et le Service Fédéral de Contrôle Vétérinaire et Phytosanitaire, sur la base des propositions à échanger entre les deux parties; l'accord pour l'établissement d'un Mémorandum d'Entente sur la sécurité des produits végétaux exportés par le Royaume du Maroc vers la Fédération de Russie, notamment en ce qui concerne les résidus de pesticides, nitrates et nitrites et enfin l'accord pour l'établissement d'un Mémorandum d'Entente sur la coopération dans le domaine du commerce des céréales. Aujourd'hui, la coopération dans le domaine agricole entre le Maroc et la Fédération de la Russie, très dépendante du commerce international pour assurer ses besoins en produits alimentaires, est intéressante. D'autant plus que la Déclaration rendue publique, mardi à Moscou, à l'occasion de la visite officielle de SM le Roi Mohammed VI en Fédération de Russie, indique que les deux pays mettent en place ''un Partenariat Stratégique Approfondi, visant à contribuer à la paix et à la stabilité régionales et internationales, à œuvrer pour la défense et la préservation des intérêts stratégiques des deux pays dans le cadre de la solidarité et de la concertation, à préserver l'intégrité territoriale des deux pays et consolider leur unité et à développer des actions de coopération et de partenariat sur l'ensemble de leurs territoires''. De même source, l'on précise que "les deux pays confirment leur volonté d'intensifier leurs relations bilatérales, notamment à travers la réalisation de projets communs dans des domaines tels que l'énergie, le tourisme, la haute technologie, l'agriculture, la pêche et les infrastructures de transport" et que les deux parties entendent augmenter considérablement le niveau de leur coopération pratique en matière d'économie, de commerce et d'investissements. De ce fait, Rabat et Moscou entendent également encourager leurs échanges commerciaux de manière à parvenir à un équilibre et accroître le volume des investissements mutuels et s'engagent à prendre les mesures concrètes nécessaires pour élargir la coopération dans le domaine de l'agriculture et de la pêche maritime. "Une attention particulière sera portée à l'encouragement des exportations des fruits et légumes marocains vers la Russie, ainsi que des exportations de céréales russes vers le Maroc", indique cette même déclaration tout en précisant que les procédures douanières seront, à cet effet, simplifiées à travers la mise en place d'"un corridor vert". Dans la même déclaration, l'on précise que dans le domaine de la pêche maritime, les deux pays ont convenu d'encourager la création d'entreprises conjointes russo-marocaines, ainsi que la formation des spécialistes de la pêche. En somme, de belles perspectives de coopération bilatérale qui auront à prendre en considération, volet agricole, le potentiel de chacune des deux parties au profit d'un partenariat mutuellement avantageux.