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Nécessité d'action sur la consommation et de stimulation de l'investissement public
Entretien avec le professeur d'analyse économique, Aziz Lahlou : « Les efforts pour rationaliser la vie économique connaissent des succès inégaux »
Publié dans L'opinion le 07 - 01 - 2016

Dans les crises économiques d'aujourd'hui, l'activisme financier n'est pas seul en cause. Les dérèglements de l'économie, les réformes non conformes à la réalité et la défaillance du politique y ont leur part. D'entrée de jeu, Aziz Lahlou, ancien maître-assistant à l'Université Paris I - Panthéon - Sorbonne, actuellement professeur d'analyse économique à l'E.N.A. de Rabat, annonce la couleur. Son analyse de la crise est celle d'un universitaire engagé et celle d'un pédagogue.
L'Opinion : Il y a une remise en cause des valeurs économiques dans votre livre « Faits et problèmes économiques ». Qu'est-ce que cela signifie en matière d'analyse économique ?
Pr. Aziz Lahlou : Le libéralisme, comme vous le savez bien, est à la fois une théorie, une doctrine, un programme, une pratique. C'est aussi, et plus fondamentalement encore, une attitude, c'est-à-dire une prédisposition de l'esprit à envisager, dans une certaine perspective, les problèmes que pose à l'homme l'aménagement de la vie en société. La liberté économique a de nombreux visages. Celui pour qui elle n'offre que la possibilité de mourir de faim, ne la conçoit pas de la même façon que le privilégié de la fortune ou de l'intelligence, qui trouve en elle une prérogative lui permettant d'être le seul maître de ses comportements.
En un mot, la théorie libérale part du principe que la liberté est disponible pour tous, certains en disposent mieux ou plus que d'autres. Vous conviendrez donc avec moi que la thèse est élitiste. Elle et aussi individualiste, en ce qu'elle prône les efforts de l'homme. Seul, propriétaire absolu de ses droits naturels, à savoir la liberté d'établissement (entraînant, de facto, la concurrence) et la libre disposition de ses moyens de production. L'Etat n'intervient que pour favoriser l'existence de ces deux principes.
L'Opinion : Votre analyse de la question suffirait, dans une première approche, à pénétrer le sens du libéralisme, s'il n'était qu'une orientation de l'esprit, une philosophie sociale parmi d'autres ?
Pr. Aziz Lahlou : Tel n'est pas le cas, bien entendu ! Il faut prendre garde tout à la fois, à ne pas confondre toute aspiration à la liberté avec une adhésion sans réserve à l'ordre social dans lequel s'est, historiquement, réalisé le libéralisme. La liberté dont il se réclame a été, en effet, interprétée de telle sorte qu'en fait, elle devenait un privilège. Généreuse dans son principe, elle fut discriminatoire dans ses conséquences. La liberté des forts a trop souvent pour contrepartie la servitude des faibles. C'est pourquoi il n'est pas interdit d'envisager le libéralisme au Maroc. C'est, dans la mesure où les intérêts économiques par lequel il s'exprime (spéculation, position de monopole, liberté de licenciements, népotisme, corruption, clientélisme, médiocratie, etc.) parviendront à faire en sorte que la liberté inscrite aux programmes économiques soit une liberté vécue par tous (droit aux soins, droit à l'éducation, droit au travail, droit à la sécurité).
L'Opinion : La liberté est-telle l'anarchie ?
Pr. Aziz Lahlou : C'est l'anarchie, disent les économistes collectivistes. Les économistes libéraux répondent : c'est un régime «d'harmonie grandiose », parce qu'une force naturelle règle automatiquement tout le mécanisme, de sorte que les individus, sans avoir de contrainte à subir, guidés uniquement par le souci de leurs intérêts particuliers, arrivent, sous l'emprise de la concurrence libre, à satisfaire les besoins de tous, beaucoup mieux que ne saurait le faire une autorité centrale (la main invisible d'Adam Smith, tête de file de l'école classique anglaise 1723-1790. Il prône la liberté économique et approfondit la notion de valeur en distinguant la valeur d'usage et la valeur d'échange). Je me permets de rappeler pour qu'il y ait « harmonie grandiose », il faut respecter les trois grands principes du libéralisme : la valeur de la propriété privée comme fondement juridique de la vie économique, celle de la libre entreprise comme génératrice d'innovation technique (Joseph Schumpeter 1883-1950) – l'innovation technique débouchant, bien entendu, sur le progrès économique, et celle de la libre concurrence, comme mécanisme régulateur des relations économiques.
L'Opinion : D'après vous, que deviendrait l'Etat dans ces conditions ?
Pr. Aziz Lahlou : L'importance du rôle et des moyens de l'Etat n'est plus méconnue, ni méprisée dans ces conditions. Mais son rôle doit être cautionné dans des limites précises : à l'Etat la responsabilité de surveiller, voire d'assurer l'équilibre général de l'économie, d'édicter et faire respecter une législation conforme aux principes de l'économie libérale et, à la limite, de prendre en charge les activités que leur nature ou leur absence de rentabilité érigent en services publics. L'Etat ne doit pas être un instrument de révolution des structures, mais un élément de régulation et de promotion des initiatives privées. Les exemples des mesures économiques prises au nom de ces principes abondent. C'est au nom et dans le cadre du libéralisme que les Etats-Unis d'Amérique ont édicté une législation autitrust, Google a payé plusieurs milliards de dollars au Trésor US à cause de sa position de monopole, que le gouvernement conservateur espagnol a procédé à la dénationalisation de l'industrie du fer et de l'acier, des transports aériens, etc., que le gouvernement turc a limité au maximum le rôle de l'Etat dans la restructuration de l'économie (absence de nationalisation, soutien des investissements privés), que les gouvernements français de gauche comme de droite élaborent une politique de débudgétisation des investissements, d'animation du marché financier et de privatisation, etc.
L'Opinion : Et du libéralisme économique au Maroc, qu'en pensez-vous ?
Pr. Aziz Lahlou : Les efforts entrepris à divers niveaux pour rationaliser la vie économique au Maroc connaissent, en fait, des succès inégaux. Ils ne portent pas atteinte, en effet, aux mécanismes fondamentaux du système capitaliste, dont ils se proposent seulement d'aménager le fonctionnement.
L'évolution de notre économie nationale révèle la conjoncture de plusieurs facteurs conduisant à des équilibres de sous-emploi et de chômage, de déficience de la demande effective liée à l'inégale répartition des revenus entre citoyens qui affecte le volume des dépenses de consommation, de baisse progressive de l'efficacité marginale du capital, liée au phénomène précédent et au rendement décroissant du capital, qui, joint au maintien à une niveau élevé du taux d'intérêt, affaiblit l'incitation à investir. Regardez le cas de la SAMIR, on peut être en position de monopole et faire faillite, quand même !
Il faut, en outre, une action sur la consommation (augmentation générale des salaires pour les fonctionnaires, niveau de vie, etc.). Une stimulation de l'investissement public, appelé à jouer un rôle régulateur pour l'équilibre du plein emploi et moteur pour la croissance économique, contrôle par l'Etat des secteurs des assurances et des banques (leviers de commandes de l'économie), transparence de la Bourse des Valeurs, agir contre le délit d'initié, etc. A défaut d'une accélération de la croissance (minimum de 10%), on peut alors être conduit à développer les mécanismes de distribution et de solidarité nationale, pour éviter tout soulèvement de la rue ! Il faut repenser au Service Civil des jeunes diplômés par exemple, pour garantir aux victimes du chômage structurel un minimum de ressources.


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